Dossier Formation
Nouveaux programmes, partenariats avec des acteurs du numérique, «digital battles»… les écoles sont en pleine refondation.

Réinventer la pédagogie ! A l’Iscom, Sup de Pub ou l’Efap, la révolution des programmes est en cours… Parmi les nouveaux diplômes créés, l’Iscom lance en 2017 un master en alternance sur la marque employeur dans le cadre de la transformation digitale. Son séminaire dédié à l’internet des objets se fait de concert avec le FabLab de Montreuil afin de prototyper les meilleurs projets. «Notre pédagogie privilégie le faire en réduisant le temps entre conception et réalisation et en favorisant les approches collaboratives et souples», précise Virginie Munch, directeur de l’Iscom.

À l’Efap, cette digitalisation des enseignements passe par des partenariats avec la société HootSuite, créatrice d’un outil de multi-posting mis à la disposition des étudiants, mais aussi des échanges avec le HubInstitute, et une approche globale renouvelée, explique Vincent Montet, directeur du digital de l’Efap: «Le digital est désormais une compétence transversale qui irrigue tous les enseignements à travers plusieurs axes: les outils technologiques, le personal branding et la création de contenu, et le digital en tant que média, qu’il soit paid, owned ou earned.»

 

« Créer des frictions créatives »



De son côté, l’Iseg plonge ses étudiants dans le bain digital réel dès la première année avec ses « Digital Days ». « Ils vont à la rencontre des acteurs de l'écosystème numérique, visiter des start-ups, des incubateurs et se former aux outils et pratiques du digital », détaille Valérie Dmitrovic, directeur de cette école. À l’inverse, l’école W a choisi d’accueillir des entreprises dans ses locaux. « Nous avons rassemblé sur un seul espace étudiants, intervenants et entreprises en résidence. Cet écosystème favorise l'innovation et maintient une connexion permanente avec l'environnement futur des étudiants. »

Audiencia Sciences Com a installé son nouveau campus dans des locaux qui abritent également Télé Nantes, des entreprises, un incubateur et un espace de coworking. «Ce mélange de profils différenciés va créer des frictions créatives», estime Laurence Crespel, directrice de Audiencia Sciences Com.

De son côté, Sup de pub (groupe Inseec) profite de la fusion de son groupe avec le groupe Eiffel, pour créer des passerelles avec l’École centrale d’électronique (ECE) ainsi que l'école numérique l’ECE Tech. «Cela nous permet d'intégrer des connaissances sur le code, l'administration des réseaux et les bases de données», résume Philippe Cattelat, directeur de Sup de Pub.

 

Hackathon, «digital battle» et incubateur

 

En parallèle de la digitalisation des enseignements et de l’environnement des étudiants, les écoles impliquent toujours plus les entreprises dans les parcours de formation à travers notamment des hackathons. L’Efap organise ainsi une «digital battle» sous l’égide de la fondation Good Planet créée par le photographe Yann Arthus-Bertrand. En décembre, une trentaine de groupes d’étudiants, représentant autant d’agences virtuelles, ont planché sur un brief réel. Les finalistes ont pitché devant Yann Arthus-Bertrand. Audiencia Sciences Com organise en moyenne deux hackathons chaque année, qui mobilisent les étudiants pendant six à huit semaines sur des briefs conçus par des entreprises extérieures. Sup de pub va entrer dans la danse dès 2018 avec un hackathon qui devrait aligner une quarantaine de projets dont les plus prometteurs auront vocation à intégrer un incubateur pour déboucher sur une activité réelle.

Le Celsa se démarque par une approche misant sur la dimension stratégique et le temps long. «Nous formons nos étudiants aux outils mais l'enjeu est de bien comprendre les implications», précise sa directrice Karine Berthelot-Guiet. Plutôt que de lancer ses étudiants dans des hackathons intenses mais brefs, le Celsa les invite à poursuivre un projet, en équipe, pendant deux années, la première étant consacrée à l'émergence de l'idée et sa maturation, la seconde à l'incubation. Un pari sur le long terme…

Les écoles en veille

Comment préparer les étudiants à des métiers qui n’existent pas encore ? Pour relever ce défi, les établissements suivent, au plus près, la transformation des entreprises.

Afin de prendre le pouls de la mutation des métiers, les écoles misent sur les réseaux d’anciens élèves. Ainsi le réseau des anciens de Sup de Pub, fort de 7 000 élèves, va fêter en 2017 sa trentième année d’existence. Il contribue à la mission de veille de deux façons distinctes, explique Philippe Cattelat, directeur de Sup de Pub : « Nous avons établi des liens solides avec le réseau pour détecter les évolutions et un tiers de nos intervenants sont des anciens. » De quoi faire sensibiliser et former les élèves aux enjeux et aux techniques les plus récents.

En plus de son réseau de 16 000 anciens, l’Efap dispose d’un atout particulier : son campus de Shanghaï. « Il nous apporte des informations et un accès privilégié à un monde dominé par les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), différent de celui dominé par les GAFA, un monde dont une part importante des internautes sont mobile only et non mobile first. Ces informations nous sont apportées par le blog réalisé par les étudiants de Shanghaï mais aussi nos partenaires de la French Tech installés sur place. »

L’école W, de son côté, profite de la présence sur son campus d’entreprises résidentes pour rester au contact des évolutions métiers les plus récentes. Elle procède aussi à des révisions très régulières de sa maquette pédagogique, processus qu’elle lance en moyenne une à deux fois par an. Habituellement effectué avec Kaos, une structure danoise qui est à la fois école de design et entreprise, cette mise à jour des enseignements va connaître une évolution notable en 2017, précise Julie Joly, directrice de W : « Pour la première fois, les étudiants vont participer à ce "travail d’atterrissage". »

L’Iseg a mis sur pied un comité de perfectionnement de 40 membres. « Il est constitué de dirigeants, de créatifs et publicitaires, d’experts du marketing, de la communication et du digital. C'est avec ces professionnels que nous faisons évoluer les programmes », précise Valérie Dmitrovic, sa directrice.

 

 

Une école de design en agence  

Design Act, c’est parti ! Saguez & Partners et l’école de design Strate viennent d’inaugurer Design Act, la première école en agence, installée dans son immeuble à Saint Ouen. Elle propose des modules de formation continue ainsi qu’une formation certifiante de cinq mois accessible à 12 élèves triés sur le volet. La première promotion finira son parcours en juillet prochain. « Les formations liées au design sont encore trop en silo, spécialisées par métier, or dans une agence, les designers travaillent avec des architectes, des consultants, des ergonomes, des graphistes, explique Cécile Poujade, directrice associée retail de Saguez & Partners. L'enjeu est de bâtir une culture commune afin de partager, communiquer et donc mieux travailler. » D’ailleurs les élèves sont issus pour moitié d’une formation en design et pour moitié d’horizons complètement différents (école de commerce, sociologie). Doté chacun d’un parrain, qui pourra être un associé de l’agence, les étudiants auront toute liberté pour aller et venir au sein de l’agence. Ce sera l’autre levier de création de cette culture commune, ajoute Cécile Poujade : « Ils vont nous bousculer, nous sortir de nos habitudes centrées sur les délais et les résultats. » 

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