Ecoles
Enseignements, pédagogie, outils…, les écoles de communication se sont fortement engagées dans leur transformation pour être au plus près des pratiques et des enjeux des acteurs du digital.

Du gros œuvre. Depuis trois ans, les écoles de communication sont en chantier. Il ne s’agit pas juste de ripoliner les façades, mais carrément de poser de nouvelles fondations: enseignements, méthodes pédagogiques, profs… Tout est repensé pour mener à bien la digitalisation.

L’ECV (Ecole de communication visuelle) a par exemple créé en 2015 une nouvelle filière, l’ECV Digital, avec un master comprenant quatre spécialités (webdesign, UX design, développement et webmarketing). «Nous avons pris à bras-le-corps le digital et nous l'avons renforcé avec nos fondamentaux», résume Alexia Moity, sa directrice. Basé sur un triptyque mêlant des enseignements sur la création, les outils techniques et le marketing, ce nouveau domaine peut accueillir les étudiants de la filière classique (ECV Design) à différentes étapes du cursus.

L’Iscom, de son côté, a enrichi son offre avec deux masters, tous deux en alternance, largement ou entièrement consacrés à l’économie digitale. Alors que le premier, intitulé Management des nouvelles économies, est centré sur les problématiques nouvelles des entreprises (économie circulaire, solidaire, collaborative), le second, baptisé Creative design branding, doit permettre à ses futurs lauréats d’utiliser la marque comme outil de pilotage. «Le but est de former des personnes capables de manager les marques de la nouvelle économie, de transformer les tendances en business models, mais aussi de gérer la transformation digitale des entreprises», explique Virginie Munch, directrice générale de l’Iscom.

L’Efap, elle, sur l’immersion. Son MBA Digital marketing et business, qui s'appuie sur quatre thématiques (transformation du monde, marketing et communication, création des objets digitaux et fidélisation), peut se dérouler à l’autre bout du monde, Shanghai en l’occurrence. «Avec ses 800 millions d’internautes, le marché chinois préfigure les usages digitaux futurs, que ce soit sur le mobile, la réalité virtuelle ou l’internet des objets», explique Vincent Montet, directeur de la stratégie digitale du groupe EDH. Grâce à des partenariats avec des acteurs du digital, comme la MMA (Mobile Marketing Association), le Hub Institute ou l’Acsel (Association pour le commerce et les services en ligne), dont des représentants figurent au board du MBA. Mais aussi un accès au monde professionnel, gage de contacts utiles pour le futur. «Les étudiants ont accès à toutes les études et aux événements du Hub Institute», précise Vincent Montet. 

Apprentissage par l'action

En parallèle, les méthodes pédagogiques font aussi leur mue. L’Iscom a adopté la pédagogie inversée. «Nous prônons l’autonomie dans l’acquisition de la théorie, puis des réalisations concrètes avec un intervenant. Notre transformation digitale a été portée par le design thinking, dans une approche très pragmatique, centrée autour de l’action concrète», souligne Virginie Munch.  L’Efap aussi mise sur l’apprentissage par l’action avec des sessions de pitchs et des masterclass pilotées par les élèves eux-mêmes. «La moitié de l’évaluation repose sur ces modalités pédagogiques», précise Vincent Montet. L’ECV se distingue par une approche centrée sur l’utilisateur et son comportement. De quoi fournir aux étudiants les connaissances afin de concevoir le design de nouveaux services. «Le master UX comprend des cours sur la psychologie cognitive, les comportements tant de l’utilisateur que du consommateur, et sur l’innovation», précise Xavier Massé, directeur de l’ECV Paris

Libération de la créativité

Le souci d’innovation touche également les outils. Depuis deux ans, l’Iscom a créé des espaces où les étudiants travaillent ensemble et se lancent dans la création. «Nous avons doublé la surface mise à leur disposition et nous y avons installé un mobilier très mobile, propice au travail collaboratif», indique Virginie Munch. Des contacts ont aussi été noués avec Wipple, un spécialiste des méthodes collaboratives, avec lequel ont été menés des tests de nouvelles technologies. En parallèle, un partenariat a été établi avec le fab lab de Montreuil, où les concepts peuvent être «prototypés». Même souci de libération de la créativité à l’Efap, qui s’est associée avec Laptop, un collectif de designers UX, dans le cadre de son MBA Digital marketing & business. «Connaître la méthode design thinking est indispensable, estime Vincent Montet, d'EDH. Elle permet de partir de l’expérience réelle de l’utilisateur, et non pas du déclaratif, et de créer sans barrières.»

À l’ECV Digital, une large initiative est laissée aux étudiants quant au choix des outils. Si Slack et Google Drive font déjà partie du quotidien, d’autres sont régulièrement testés et adoptés, au gré de l’adhésion qu’ils suscitent. À l’instar de ses homologues, l’ECV Digital accorde un grand intérêt au fab lab, mais leur prête un intérêt pédagogique particulier, explique Xavier Massé: «Nous avons conclu des partenariats avec plusieurs fab lab afin que nos étudiants puissent découvrir différentes façons de travailler et réaliser à quel point le digital évolue rapidement et bouscule l'existant.»

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