EDF, SNCF, La Poste… Trois entreprises publiques occupent la tête du classement réalisé par l’Ifop pour Terre de Sienne, sur les entreprises les plus utiles. Ces trois groupes sont cités par plus de neuf personnes sur dix : l’attachement des français pour les ex-services publics reste donc extrêmement fort. Un résultat paradoxal car l’un des enseignements de cette étude est la corrélation entre l’image de l’entreprise et son utilité. «Si l’image de ces trois premiers groupes (La Poste, SNCF, EDF) souffre du désenchantement envers le secteur public, ils restent très reconnus pour leur utilité, dans le sens où ils ne perdent pas de vue l’intérêt général, n’oublient pas de faire du bien, analyse Jean-François Le Rochais, président-fondateur du groupe Terre de Sienne. Ces trois entreprises sont donc l’exception à la règle qui veut que les groupes les plus utiles sont aussi ceux qui ont la meilleure image.» Pour les autres, le lien entre bonne perception et utilité pour le plus grand nombre est flagrant. Il s’agit de marques comme Michelin, Leroy Merlin ou Peugeot qui ont une cote d’amour élevée dans le cœur des Français, veillent à leur impact économique, social, environnemental. «Ces marques réussissent à la fois à apporter des bénéfices immédiats aux Français tout en jouant un vrai rôle social», poursuit Jean-François Le Rochais. Du coup, leur patrimoine de marque est très solide.
Répondre aux besoins quotidiens
Dans le Top 20 de cette étude, on retrouve neuf groupes industriels de l’automobile (Peugeot, Renault, Michelin), de l’énergie (Total, Engie), de l’aérien (Airbus, Air France) et d’autres secteurs (Saint-Gobain, Sanofi). Caracolent en tête également les marques de distribution (Leclerc, Carrefour, Leroy Merlin). Les sociétés présentes dans le haut du classement ont aussi en commun de répondre aux besoins quotidiens des Français: se loger, se nourrir, se déplacer… Leur utilité est donc immédiate. En revanche, il faut descendre dans le classement réalisé par Terre de Sienne pour trouver les premières banques: assez logiquement, les groupes mutualistes ou coopératifs (Crédit agricole, Crédit mutuel) dament le pion à BNP Paribas et à la Société générale sur le terrain de l’utilité.
Du côté des médias, France télévisions se détache nettement, puisque 76% des Français considèrent que le groupe audiovisuel public est utile. TF1 est jugé utile par 67% des Français. Et le groupe Le Monde par 70% des personnes interrogées. La présence dans le groupe de tête du Bon Coin (petites annonces) ou de Blablacar (covoiturage) en dit long sur le potentiel de ces scale-up. «La notion d’utilité, c’est normalement quelque chose de très long à installer, remarque Jean-François Le Rochais. Ces sociétés incarnent un nouveau modèle: elles sont transparentes et authentiques et ont placé le service client, via le mobile, au cœur de leur business model.» Visiblement, cette proximité plaît aux Français.
«L'entreprise plus utile que l'État»
L’autre grand enseignement de cette enquête, c’est le niveau d’attente des Français vis-à-vis de l’entreprise: 60% des sondés estiment qu’elle est plus utile que l’État. Dans une société où la confiance vis-à-vis des institutions s’effrite, où l’État est surendetté, l’entreprise est plus que jamais une valeur sûre. «Les personnes interrogées considèrent que les entreprises sont au cœur de l’économie, ont les moyens de faire bouger les choses et donc un rôle important à jouer par rapport à l’intérêt général», note le président de Terre de Sienne.
D’ailleurs, quand on demande aux Français: «Quel est le métier le plus utile dans la société actuelle?», ils répondent d’abord le chef d’entreprise d’une PME (88%), puis le PDG d’une grande entreprise (62%). «Dans une agence comme la nôtre, une PME d’une cinquantaine de collaborateurs, mon objectif en tant que patron-fondateur est avant tout que les salariés se sentent bien et pour cela il faut respecter quelques règles simples: la proximité, rester à la même hauteur que mes collaborateurs et incarner cette agilité, créativité des PME», illustre le patron de Terre de Sienne. Par ailleurs, le métier qui devrait être considéré comme celui qui est le plus consacré à l’intérêt général, c’est celui d’homme politique, or il ne recueille que 16% des suffrages. Autre constat intéressant de l’étude: les start-up, souvent encensées par les médias, ne sont pas considérées comme plus utiles que les grandes entreprises. Plus d’un Français sur deux juge qu’elles sont aussi utiles.
L'utilité du directeur marketing peu perçue
L’étude scrute également l’organigramme de l’entreprise et là encore, il y a une vraie surprise: la deuxième fonction considérée comme la plus utile est celle de directeur des ressources humaines, juste après le directeur général. Comme si la longue traversée du désert du DRH touchait à sa fin. Comme si les Français comprenaient enfin l’utilité de ce job, au-delà des licenciements. Peut-être que dans une phase où l’économie repart, l’heure est davantage aux recrutements et à la chasse aux talents stratégiques, le DRH apparaît plus utile. Et sans doute que son rôle pour mobiliser, donner du sens au travail, dans une période d’incertitudes, est aussi plébiscité.
En revanche, le directeur marketing ou le directeur de la communication sont en queue de peloton des fonctions de direction jugées les plus utiles: le directeur de la communication est perçu comme tel par 19% des Français et le directeur marketing par 15% d’entre eux. Deux métiers qui ont encore du travail à faire pour assurer leur personal branding…
Entreprise utile, kezako ?
Avec cette étude, Terre de Sienne voulait jauger le concept d’utilité. «Aujourd’hui, les Français considèrent que l’entreprise a quasiment un rôle d‘utilité publique, sociétal, environnemental…, relève Jean-François Le Rochais. Elle n’a pas seulement pour vocation de satisfaire ses clients». Vis-à-vis de la société, elle doit créer des emplois (84%), faire progresser la recherche et l’innovation (37%) et contribuer au lien social (37%). Par rapport à ses clients, une entreprise utile doit avant tout leur proposer des produits ou services innovants (60%), leur faire gagner de l’argent (45%) et leur procurer du plaisir et du bien-être (37%). La société doit enfin les protéger des risques (33%) et leur faire gagner du temps (25%).
