Pour attirer les jeunes dans nos secteurs de la communication, les entreprises vont notamment devoir leur montrer qu'il est possible de concilier éthique et utilité.
Puisqu’il est de bon ton d’adresser ses vœux en ce début d’année 2022, permettez-moi d’avoir une pensée particulière pour les managers, quel que soit le secteur dans lequel ils évoluent. À tous, je leur souhaite de trouver les ressources nécessaires pour surmonter l’incroyable défi auquel ils sont confrontés depuis deux ans : réinventer la vie en entreprise.
On ne dira jamais assez à quel point la pandémie a impacté le monde du travail. Pour tous ceux qui exercent des fonctions de management, il est évident qu’il y a un avant et un après covid. L’influence du télétravail et les exigences de la nouvelle génération de collaborateurs ont fait exploser les modèles sur lesquels nous nous appuyons depuis des décennies, au point que ce n’est pas seulement la question de l’organisation au sein de l’entreprise qui est remise en cause, mais sa mission, et à travers elle son identité.
Dans ce contexte, les jeunes sont plus exigeants envers leur employeur : autonomie, congés, rémunération, perspectives, valeurs. Il faut dire que cette génération a un rapport différent à l’autorité : pour eux, les dirigeants doivent être exemplaires et authentiques. A défaut, ils peuvent claquer la porte et quitter leur emploi par un simple texto. Pour les entreprises, cela suppose de faire coïncider promesses et réalité, et de traduire leurs valeurs par des actes. Ce sont donc les entreprises qui réussissent à donner du sens, à se transformer avec empathie et dans le respect des collaborateurs, qui aujourd’hui attireront les talents de demain.
Le monde des agences bouleversé
C’est encore plus vrai dans le secteur de la communication et plus particulièrement le monde des agences qui a connu des transformations voire des bouleversements structurels au cours de la dernière décennie. Lorsqu’il y a trois ans j’ai rejoint le groupe La Poste pour lancer l’agence Isoskèle, l’enjeu auquel nous étions confrontés était clairement défini : réconcilier la marque et la performance en mariant data et créativité. Un saut stratégique qui était loin d’être partagé par l’écosystème publicitaire où les deux univers sont encore extrêmement cloisonnés. Notre vision était la bonne si j’en crois l’essor qu’a pris notre offre et la confiance que nous accordent nos clients.
Elle n’a pu cependant être possible qu’en remettant en question les schémas traditionnels pour inventer de nouvelles formes de collaboration et élargir ainsi les champs du possible d’une génération qui se cherche à travers de nouveaux modes de travail.
Cette nouvelle approche doit guider l’ensemble de notre profession pour améliorer son attractivité auprès des jeunes, si défiants envers le monde de l’entreprise. Si nos métiers les font moins rêver, c’est avant tout parce qu’ils en ont une vision déformée. Notre secteur a connu de telles transformations qu’ils ne le croient plus capable de porter les valeurs qui les animent ni même de répondre à leurs aspirations profondes, celles qui concilient éthique et utilité, l’idée étant d’amener les marques vers plus de responsabilité et d’influer de façon positive, ouverte et honnête sur le comportement des consommateurs.
Transmettre ce nouveau savoir-faire
Il nous incombe donc en tant que managers de mieux faire connaître et transmettre ce nouveau savoir-faire et notre passion auprès des écoles qui forment les communicants de demain. Et leur démontrer que, contrairement aux idées reçues, nos entreprises sont parfaitement à même de s’adapter aux exigences de flexibilité, d’engagement et de sens qui leur sont aujourd’hui demandées. C’est la condition sine qua non pour former une nouvelle génération de communicants responsables, créatifs, et inventifs puisqu’aujourd’hui la communication leur en donne les moyens.
Etre manager aujourd’hui, c’est creuser un sillon qui verra émerger de nouvelles consciences, de nouvelles pratiques, de nouvelles idées, portée par une génération exigeante pour qui le travail n’est pas une fin en soi mais un moyen d’affirmer ses valeurs sans compromettre son intégrité. Place aux jeunes donc, à condition toutefois de bien leur avoir préparé le terrain.