Communication
Les vœux de Publicis constituent chaque année un rendez-vous incontournable pour les amoureux de la création. Pour la dernière de Maurice Lévy, le groupe a inversé le cours du temps.

Il est des événements qui rythment une année publicitaire. Les vœux du groupe français Publicis appartiennent à cette catégorie. Depuis 2010 et l’initiation au mandarin offerte par Maurice Lévy, patron de Publicis pendant 30 ans, chaque nouvel exercice calendaire est l’occasion de redoubler d’ingéniosité. Un passage obligé, souvent convenu et rébarbatif, devenu pour le groupe l’occasion de se livrer à une démonstration créative. 

Avec une visibilité non négligeable à la clé... En 2013, le lecteur de vidéo détourné, laissant apparaître un Maurice Lévy agacé lorsque l’on mettait sur pause, ou encore jetant ses fiches si l’on se rendait directement à la  fin du clip, avait totalisé 200000 vues soit une augmentation de 900% par rapport à 2012. Pour 2018, on retrouve Maurice Lévy, désormais président du conseil de surveillance, accompagné de son successeur Arthur Sadoun. Selon Édouard Le Scouarnec, réalisateur du spot pour l’agence Marcel (filiale de Publicis aux commandes des vœux depuis 2016): «Nous voulions utiliser l’entente entre les deux afin de communiquer sur le changement de leadership et qu’il n’y ait pas d’équivoque.»

Arthur Sadoun et Maurice Lévy, métamorphosés

Difficile de reconnaître Arthur Sadoun au premier regard. Il apparaît grimé en vieillard, et entame le traditionnel discours. Arrive alors un pimpant jeune homme, qui conseille gentiment au président de se reposer. C’est Maurice Lévy, lui aussi métamorphosé pour l’occasion. «L’idée est venue d’Arthur et Maurice a tout de suite dit oui. Nous voulions faire du second degré sur la difficulté d’être patron», précise Édouard Le Scouarnec. 

Pour chacun des protagonistes, la préparation a nécessité trois heures de travail, avec en préambule la fabrication d’un moulage en plâtre de leurs visages. «Nous voulions effectuer les changements en postproduction, mais devant la complexité de la tâche, on nous a suggéré de se servir de maquillage. Notre problématique sur ce tournage a été le temps plus que la réalisation. Il fallait passer au maquillage puis tourner le film en trois langues différentes [français, anglais, espagnol]», avoue Édouard Le Scouarnec.

Piques amicales 

Au centre du scénario, une lutte pour le contrôle du mug présidentiel sur lequel est inscrit «I’m the boss». Sur le tournage, le réalisateur observe deux hommes « très complices » allant même jusqu’à «s’envoyer des “piques” amicales». Tous deux ont travaillé en amont leurs discours. D’après Édouard Le Scouarnec: «Les plans ne sont quasiment que des one-shots. Maurice avait déjà bien pratiqué cet exercice et Arthur s’en est remarquablement sorti».

Bureau, open space, les références du discours corporate sont bien présentes: «Nous voulions caricaturer la prise de parole corpo, afin que les gens ne se doutent pas qu’il s’agissait de vœux. Nous avons donc réinjecté ces codes en prévoyant deux valeurs de cadre de manière à pouvoir utiliser les parties de manière indépendantes si besoin. »

Que nous réserve Arthur Sadoun pour 2019? «Bien évidemment, rien n’est encore arrêté mais l’idée peut surgir demain tout comme en décembre, c’est le principe de ce type de projet récurrent», précise Edouard Le Scouarnec.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.

Lire aussi :