Après être passé d’animateur à patron de BFMTV pendant cinq ans, Marc-Olivier Fogiel a annoncé son départ de la chaîne. Retour sur son parcours.

Marc-Olivier Fogiel, dont le départ annoncé de BFMTV a provoqué un coup de tonnerre, a d’abord été une vedette du paysage médiatique français avant de devenir le patron de la chaîne d’info en continu pendant cinq ans. Il a décidé de partir « pour de nouvelles aventures » mais sera « aux commandes à la rentrée pour assurer une transition douce », a-t-il affirmé le 22 juillet à l’AFP.

Le directeur général sortant a bataillé pour maintenir le leadership de BFMTV sur les audiences. Mais la chaîne a été détrônée par sa rivale CNews, dans le giron du milliardaire Vincent Bolloré, en mai et juin. Pour tenir son rang, le dirigeant confessait être « connecté tout le temps, quasi 24/24, 7 jours sur 7 », ce qui était « le plus fatigant », avait-il dit à BFM Business début 2024.

Interventionniste ? « Je suis garant de l’antenne » donc « investi à 200 % », disait peu auparavant le quinqua au riche carnet d’adresses. Ombre au tableau : Marc-Olivier Fogiel a dû en juillet se justifier sur des échanges avec l’entourage de Nicolas Sarkozy dans l’affaire des financements libyens de sa campagne présidentielle en 2007.

Il assure s’être posé en « bouclier (des) pressions quotidiennes de l’ensemble du personnel politique pour laisser la rédaction travailler ». « Marco », comme l’appellent ses amis et habitués des plateaux de télévision, était arrivé à la surprise générale à la tête de BFMTV en juin 2019, succédant à Hervé Beroud. Dès l’année suivante, il avait pris du galon en chapeautant toutes les activités du pôle BFM, y compris BFM Business.

Après l’épidémie de Covid, il avait fait face à une grève en riposte à un plan social au sein de NextRadioTV, maison mère de la chaîne passée depuis dans le giron de l’armateur CMA CGM. Marc-Olivier Fogiel préfère traiter des « individualités » plutôt que « beaucoup de monde » : « j’ai mis beaucoup de temps à m’installer dans ce rôle-là », concédait-il.

Une revanche

Né le 5 juillet 1969 à Neuilly-sur-Seine, il s’est imposé dans le PAF à la trentaine, en tant qu’animateur particulièrement coriace. L’ancien producteur et journaliste a créé un style d’émission, en direct, où il interrompt volontiers ses invités, avec un ton cassant, tentant de les mettre en contradiction. « C’est un défaut, je le corrige », admettait-il. Mais « quand je suis percutant, c’est toujours avec des forts, jamais avec les plus fragiles », disait-il alors, tout en reconnaissant pouvoir être « horripilant ».

De 2000 à 2006 sur France 3, « On ne peut pas plaire à tout le monde », émission populaire et bouillonnante, fut celle de la grande époque de Fogiel, même si elle a été souvent critiquée. Ainsi, l’émission avec l’acteur Guillaume Depardieu, où il évoquait ses relations difficiles avec son père Gérard, ou encore celle où Brigitte Bardot, invitée-vedette, fut interrogée sur les sans-papiers et les personnes transgenres, suscitèrent de violentes polémiques.

Il avait commencé sa carrière à la radio en 1985, à 16 ans, comme pigiste et chroniqueur hippique à RTL, station où il était revenu en 2005 pour une émission quotidienne. Europe 1 lui confie en 2008 une case prestigieuse : présenter, trois heures durant, la « Matinale ». Il n’est plus cantonné aux sujets de société, au « people », mais s’immerge dans le « vrai » journalisme, interrogeant femmes et hommes politiques, savants et écrivains notamment.

Une forme de revanche pour celui qui fut peu porté sur les études, et titulaire d’un modeste bac + 2 en sciences économiques. Très jeune, il a été attiré par la télévision, et c’est l’idole de sa jeunesse, Patrick Sabatier qui lui a mis le pied à l’étrier en l’engageant comme assistant de production pour « Avis de recherche » sur TF1.

Marc-Olivier Fogiel a été un pionnier en parlant de son homosexualité et de sa famille avec son mari, le photographe François Roelants, dans un livre Qu’est-ce qu’elle a ma famille ? (éditions Grasset). Il a aussi posé avec leurs filles Mila et Lily à la Une de Paris Match en 2018 et a « toujours assumé » avoir eu recours à la gestation pour autrui aux États-Unis, alors que la pratique est interdite en France.

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