Les données 2012 concernant la consommation des Français pour les fêtes ne sont pas des plus réjouissantes. Avec un taux de chômage en hausse pour le 19e mois consécutif, le budget de fin d'année est en berne. Selon une étude TNS Sofres réalisée pour Ebay en octobre 2012, les dépenses moyennes prévisionnelles devraient avoisiner cette année 402 euros, soit 58 euros de moins qu'en 2011. Selon un sondage CSA réalisé pour l'émission Capital, le budget des ouvriers se monterait à 263 euros en moyenne, et celui des cadres, à 483 euros. Moment familial par excellence oblige, les familles réduiront plus volontiers le budget décoration et loisir que le budget cadeaux.
Pour Leyla Guilany-Lyard, porte-parole d'Ebay France, «les enfants sont au cœur des fêtes et le seul budget qui n'est pas touché par la crise est celui qui est alloué à leurs cadeaux.» Si une dépense moyenne de 188 euros leur sera consacrée, les beaux-parents en revanche ne sont pas les membres auxquels on prête le plus attention. Avec une enveloppe moyenne de 58 euros, ils arrivent tout de même devant les frères et sœurs, pour lesquels la dépense sera d'environ 56 euros.
Quant aux collègues de travail, avec un budget de 4 euros pour les hommes et de 16 euros pour les femmes, offrir une clémentine et un café pourrait bien être le seul égard que les Français auront pour leurs voisins de bureaux...
Le poste qui se réduit de manière significative est celui de la décoration et du repas, qui chute de 44 euros pour atteindre les 146 euros. Une baisse qui peut sembler paradoxale avec la volonté affirmée des Français qui déclarent à 78% dans une étude Ipsos ( «Les Français, le «made in France» et le «produit localement» pour les fêtes de fin d'année») attacher de l'importance à un repas de fêtes composé de produits d'origine française, et à 62% de produits originaires de leur région.
Cette même sensibilité au produit français s'applique aussi aux cadeaux et s'explique par la forte présence du sujet porté par François Bayrou durant la campagne présidentielle ou dernièrement par Arnaud Montebourg, qui a fait de l'industrie française son cheval de bataille. 76% des Français déclarent ainsi important d'offrir des jouets fabriqués en France, parmi lesquels il y a tout de même un fort clivage générationnel. Alors qu'ils sont 54% parmi les 15-34 ans à attacher de l'importance à offrir un jouet français, ils sont 91% parmi les 60 ans et plus.
Si cet attachement à la fabrication française a émergé cette année, il est une autre tendance que l'on peut observer en 2012: l'achat en ligne et notamment sur tablettes et smartphones. Bertrand Krug, directeur du département des mesures d'efficacité online de Médiamétrie, déclare que «le nombre de cyberacheteurs a augmenté de 1,7 millions en une année, et la fréquence d'achat s'accélère. On voit bien qu'il y a une réelle confiance en l'achat en ligne et qu'il y a une maturité du e-commerce.»
Plus de choix, moins d'attente et parfois de meilleurs prix, les Français sont 60% à affirmer effectuer au moins un achat en ligne pour les fêtes. Si Internet n'est qu'un canal d'achat qui n'exclut pas de se rendre dans un point de vente, les dispositifs comme les mobiles et les tablettes gagnent du terrain: 25 % des tablonautes effectueront ainsi un achat à partir de leur appareil alors qu'ils ne sont que 5% des mobinautes à le faire depuis leur mobile. L'interface moins pratique n'aidant pas.
Parole d'expert
«Acheter français est un acte de patriotisme économique»
Jean-François Doridot, directeur général Ipsos Public Affairs
Le fait que le budget des consommateurs baisse mais qu'ils déclarent privilégier le «made in France» est assez contradictoire, même si je ne doute pas que ces déclarations seront suivies d'effets. Si le contexte politique a favorisé une certaine sensibilité à la production nationale, cela fait déjà longtemps qu'on parle de consommer local. Acheter français est aussi une sorte de défiance de l'opinion vis-à-vis des entreprises. Il est ici question de patriotisme économique, les Français reprennent le pouvoir en cette période où les licenciements économiques se succèdent.