Correspondant à Paris du quotidien Le Temps et auteur de La France contre elle-même (ed. Grasset), Richard Werly revient sur les grands sujets qui ont marqué l'actualité cette semaine.
La campagne électorale française et le statut du candidat Macron qui refuse les débats et ne veut tenir qu'un seul meeting avant le premier tour de l'élection présidentielle, samedi 2 avril à Paris.
Emmanuel Macron voulait être le président disrupteur et instaurer de la nouveauté dans la politique française. Or je pense que sa décision de ne pas accepter de débat sous une forme ou sous une autre est une faute. Deuxième point, je ne comprends pas pourquoi il s'est déclaré le dernier jour. Il aurait très bien pu le faire tout en menant les négociations dans le cadre de la guerre en Ukraine. Il ne contribue pas à apaiser la colère, il l'attise. Puis, ce qui m'a frappé dans sa décision de n'organiser qu'un seul meeting, c'est de le faire à Paris. Il y avait d’autres symboles possibles parmi les grandes métropoles en province. Emmanuel Macron est déjà perçu comme le président de l’élite. En tant qu'observateur étranger, je trouve qu'il manque d'authenticité.
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La guerre en Ukraine et la lutte pour l’information qui en découle : la propagande russe d’un côté, la contre propagande ukrainienne de l’autre et les infos ou infox entre les deux.
Ce qui me frappe, c’est que la Russie mène toujours à date une campagne d’information uniquement tournée vers sa population. J'ai l'impression que Vladimir Poutine a complètement négligé la dimension internationale dans l’intérêt public. Or un chef d'État doit tenir des obligations vis-à-vis de la communauté internationale. Toujours du point de vue de l'information, les Russes se sont mis à dos la presse internationale. Et en muselant la presse internationale immédiatement, vous rejetez dans le camp adverse la presse occidentale. Concernant la communication de Volodymyr Zelensky, l'unité fait la foce. Vous n’entendez pas de voix dissidentes au sein de la société de l’Ukraine, sauf celle des séparatistes pro-russes.
Danone, Leroy Merlin, Auchan… ces grands groupes français qui ont décidé de rester en Russie.
En ce qui concerne le secteur de l'alimentaire, je ne suis pas choqué par le fait que les groupes français présents en Russie décident de maintenir l'ouverture de leurs magasins dans le pays pour nourrir la population. Je trouve que la pression sur les grands groupes français devrait moins être portée sur leur présence en Russie, mais plus sur leur comportement. Servir la population oui, mais faire des profits sur la Russie en temps de guerre, soit, quelque part, sur le dos de l'Ukraine, non.
TF1 qui écourte sa couverture des résultats du premier tour (10 avril au soir) de l’élection présidentielle en programmant le film Les Visiteurs.
Je ne juge pas ce choix éditorial, mais ce dernier dit tout sur TF1 qui est une chaîne commerciale et qui ne recule devant rien pour faire du profit. En réalité, mon exigence de téléspectateur et citoyen ne porte pas sur TF1, mais bien sur le service public.
Sophie de Closets, qui quitte la présidence des éditions Fayard, après une enquête du Monde qui a révélé comment Nicolas Sarkozy, proche d’Arnaud Lagardère, actionnaire avec Vincent Bolloré du groupe Hachette Livre, affirmait « s’occuper » du sort de l’éditrice après la publication de livres lui ayant déplu.
J'indique que les éditions Grasset (groupe Hachette) publient mon dernier ouvrage, La France contre elle-même. Le Monde a fait un très bon travail, mais je n'ai rien appris sur Nicolas Sarkozy. Il est toujours interventionniste et brutal. La seule manière de lui faire obstacle, c'est de lui résister. Quand une pression arrive et que cette dernière est vraiment inamicale et peut alterner votre capacité à travailler, il faut résister.