En cette année placée sous le signe du sport, le jury a choisi de récompenser conjointement les cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques de Paris 2024, produites par Paname 24.
Le 26 juillet dernier, le monde, les yeux rivés sur la capitale, ressortait émerveillé d’une cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques hors normes, manquant de superlatifs pour qualifier ce spectacle. Rebelote le 28 août pour les Jeux paralympiques. Aux manettes de ces événements exceptionnels, Thierry Reboul, directeur exécutif des cérémonies de Paris 2024, qui s’est engagé dans cette folle aventure dès 2018. « Ces deux cérémonies, en dehors de la qualité intrinsèque et de la personnalité de chacune, sont les deux filles d’une volonté qui est de créer les premières cérémonies en ville, et par définition hors du stade, ce qui ne s’était jamais produit dans l’histoire olympique, explique-t-il. Et la volonté de Paris 2024 était de mettre au service de cette ambition le meilleur des agences. »
Un consortium d'agences
L’histoire de ces cérémonies, c’est donc aussi celle de Paname 24, consortium de cinq agences majeures de l’événementiel – Auditoire, Havas Events, Ubi Bene, Obo et Double 2 – créé en 2022, mais dont l’idée a commencé à germer dès l’attribution des Jeux. « Le projet était tellement ambitieux sur ces cérémonies qu’il fallait un modèle nouveau pour être en mesure de répondre à ces deux ovnis que Paris 2024 avait imaginés », raconte Michael Courcoux, fondateur associé d’Ubi Bene et associé de Paname 24. « Nous n’avons pas fait un simple groupement, précise Thomas Deloubrière, cofondateur de Double 2, également associé de Paname 24. Nous avons créé une entité juridique. Ce n’est pas une alliance de circonstances. La force du projet nous a permis d’effacer complètement notre appartenance historique. »
Les équipes de l’agence grandissent progressivement au fil du projet, avec une dizaine de personnes au départ et 250 à la fin. Accompagnées d’une armée de freelances sur le terrain pour faire face à des challenges inédits : 6 km de parcours, douze scènes, 2 000 performers, 300 000 spectateurs pour la cérémonie olympique ; cinq tableaux, 500 artistes dont un grand nombre en situation de handicap, 50 000 spectateurs pour la cérémonie paralympiques. « On avait fort à faire, mais ces sujets ont été identifiés très tôt et on a pu travailler dessus dès le début du process. Les sujets de production ont été isolés assez vite et on s’est organisés pour y faire face », indique Philippe Castanet, directeur général d’Auditoire et directeur des opérations sur la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques.
Même si sont venues s’ajouter quelques surprises. « Rien ne nous aura été épargné, se souvient Thierry Reboul. C'est peut-être ça qui a permis de forger un état d’esprit entre les gens de Paris 2024 et ceux de Paname 24, de ne former qu’une seule équipe. Le contexte politique, les crues permanentes de la Seine durant six mois, le scepticisme des Français en général et des médias en particulier, tout ça s’est dissous sous la pluie. »
Une expérience à reproduire ?
Car c’est peu de dire que le succès a été au rendez-vous, avec des records d’audience en France et dans le monde, et des commentaires dithyrambiques sur toute la planète. « Dans les événements qu’on livre tous les uns et les autres, il arrive qu’il y ait des imprévus, des choses qui ne fonctionnent pas, ça reste du live, on s’adapte, détaille le directeur général d’Auditoire. Et quand on compare la masse de challenges de production et de logistique et la façon dont ça s’est déroulé qui est finalement très proche de ce qui était initialement écrit, c’en est presque surprenant. » Un bilan plus que positif qui appelle à reproduire l’expérience du groupement d’agences ? « Nous avons réussi parce que nous avons été transportés par l’ambition et par la cause. Est-ce que ça peut faire jurisprudence ? Oui, à condition qu’il y ait une cause qui transcende les hommes et les femmes », déclare Thomas Deloubrière. « Nous avons appris les uns des autres, complète Philippe Castanet. Nous savons que nous pouvons le faire, nous savons que ça fonctionne et si une occasion se présente un jour, il y a un chemin qui est déjà parcouru. »
« Ce succès des agences ne doit pas rester isolé »
Thierry Reboul, directeur exécutif des cérémonies de Paris 2024
« Je suis extrêmement fier d’avoir vu les agences françaises prendre le flambeau et devenir co-auteures de ce succès planétaire. Moi, ce que je souhaite, c’est qu’elles en fassent quelque chose et elles le savent, que ça ne reste pas sans héritage, pour reprendre un mot à la mode dans le monde olympique. Le flambeau est de leur côté. Ce succès ne doit pas rester isolé. »