Après le décès du fondateur du Front national, le 7 janvier, les médias ont rappelé le passé sombre de Jean-Marie Le Pen, tandis que certains soulignent «une intuition précoce sur l'immigration».
« Négationniste », « raciste », marqué par la « haine » : la presse française rappelle mercredi 8 janvier le parcours de Jean-Marie Le Pen sans cacher ses pires travers, mais en reconnaissant que les idées du « Menhir », décédé mardi 7 janvier à 96 ans, ont fait leur chemin dans la société. « En pareilles circonstances, la tradition est de tout pardonner et de rendre hommage au disparu en fouillant dans sa biographie à la recherche de quelques moments de vie plus glorieux que les autres. Impossible aujourd'hui » tranche Midi-Libre, qui dans un court éditorial reflète le ton d'une grande partie de ses confrères.
« Négationniste des crimes nazis », auteur de « tortures en Algérie », « raciste », « antisémite », cultivant la « haine anti-pédé »... les quotidiens français ne manquent pas de rappeler le passé sombre de Jean-Marie Le Pen et ses « outrances », comme l'écrit La Voix du Nord. « Maréchal, le voilà », titre Libération dans une Une accompagnée d'une photo de Jean-Marie Le Pen en majesté escorté de ses deux dobermans, un cliché en noir et blanc pris en 1997 par le photographe Helmut Newton.
⚫️ Maréchal, le voilà. Jean-Marie Le Pen est mort à 96 ans.
C'est la une de Libé ce mercredi. pic.twitter.com/3HKaNhSyh1— Libération (@libe) January 7, 2025
« La haine était son métier », renchérit L'Humanité, dont la Une en noir et blanc montre le « poignard de tortionnaire » de Jean-Marie Le Pen durant la guerre d'Algérie. « Il a consacré sa vie à la réhabilitation d'une extrême droite disqualifiée par son passé collaborationniste. Ses idées pestilentielles lui survivent. »
« Monument de la vie politique »
Plus sobrement, La Croix, sous le titre « Mort d'un tribun d'extrême droite », souligne la disparition d'un « monument de la vie politique française » qui a marqué la scène politique par la « violence de ses idées et de ses mots ».
« Le Menhir et son ombre » titre le Figaro, qui concède à Jean-Marie Le Pen « l'attraction fatale pour le cynisme médiatique qui, avec lui, faisait des audiences mirobolantes », tout en le gratifiant d'une « intraitable vertu républicaine ».
Jean-Marie le Pen « laisse un héritage aussi massif, controversé, qu'unique » au terme d'un « parcours, imposant, chevaleresque, excessif, orwellien, balzacien » au cours duquel « il s'est inlassablement employé à dynamiter » la Ve république, juge pour sa part l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs Actuelles, sous le titre « L'Odyssée d'un menhir ».
Un « héritage politique » ?
« Fils du boulangisme, du poujadisme et d'une longue histoire française du nationalisme, Jean-Marie Le Pen aura-t-il droit à un substantif en "isme" ? Autrement dit, à part ses provocations xénophobes, sa longue liste de condamnations pénales et son idéologie à géométrie variable, laisse-t-il un héritage politique? » se demande le Républicain Lorrain.
Pour plusieurs titres, la réponse ne fait guère de doute. Selon le Figaro, l'ex-leader d'extrême droite a eu « une intuition précoce sur l'immigration ». Il a su saisir « les inquiétudes existentielles croissantes de la société française sur les questions migratoires, démographiques, sécuritaires et identitaires », estime Valeurs Actuelles.
Aujourd'hui, l'extrême droite est « plus puissante que jamais », s'alarme Libération, la Voix du Nord rappellant que si Jean-Marie Le Pen « en 2002 réunissait 5,5 millions de suffrages au second tour, vingt ans plus tard, (sa fille Marine Le Pen) en réunit plus de 13 ». « Jean-Marie Le Pen est mort. Il laisse malheureusement en héritage une extrême droite bien vivante », conclut Libération.