Un représentant d’Accenture se serait fait passer pour un agent du ministère des Armées auprès de l'émission Cash Investigation pour dénigrer son concurrent, le cabinet de conseil Onepoint. Une enquête préliminaire pour usurpation de titre a été ouverte mi-décembre.
Une enquête préliminaire a été ouverte après une plainte pour usurpation de titre du cabinet de conseil Onepoint, accusant son concurrent Accenture de dénigrement, a indiqué le 6 janvier le parquet de Paris, confirmant une information de La Lettre. Les investigations pour examiner cette plainte, déposée le 26 septembre, ont été confiées à la brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP), a précisé le parquet. La plainte vise les infractions d'usurpation de titre et recel, a précisé une source proche du dossier. L'enquête a été ouverte mi-décembre, selon le quotidien économique. Ni Accenture ni Onepoint n'ont souhaité s'exprimer sur l'ouverture de cette enquête.
De son côté, le ministère des Armées a indiqué lundi 6 janvier au soir à l'AFP qu'une plainte contre X avait été déposée pour usage sans droit d'un titre attaché à une profession publique. Dans un article publié en septembre, Mediapart affirmait qu'Accenture aurait « voulu piéger l'émission Cash Investigation » qui enquêtait sur le secteur des cabinets de conseil. Selon le média, le responsable du lobbying d'Accenture en France s'est fait passer pour un « agent du ministère des Armées » pour dénoncer le fait que son concurrent Onepoint « bénéficierait d'un accès privilégié au marché de la défense grâce à ses relations ».
Après l'envoi d'un courrier anonyme à l'émission d'Elise Lucet en janvier 2024, toujours selon Mediapart, le lobbyiste se serait « épanché sur ses exploits avec force détails à une personne au moins », qui « a enregistré la conversation ».
Une enquête interne menée par Accenture ?
Accenture, un des poids lourds du conseil au niveau mondial, avait annoncé à l'AFP au lendemain de cette publication « prendre ces informations au sérieux » et avoir « lancé une enquête interne à ce sujet ». Onepoint avait de son côté dénoncé « des faits d'une extrême gravité » qui « portent atteinte à l'intégrité, à l'image et aux intérêts » de la société. Le cabinet de conseil avait souligné vouloir qu'Accenture lui communique « intégralement, de manière transparente et sans délai, l'ensemble des éléments relatifs à l'enquête interne que l'entreprise dit avoir diligentée ».
Cette tentative de dénigrement s'est révélée être « un coup d'épée dans l'eau », avait souligné la rédactrice en chef du magazine Cash Investigation, Sophie Le Gall, au moment du dépôt de la plainte. Le courrier a été reçu début 2024 alors que l'enquête de l'émission était déjà très engagée et se focalisait sur le cabinet de conseil McKinsey, sujet du numéro de Cash Investigation diffusé mi-septembre sur France 2. « Imaginer qu'un directeur des affaires publiques tente de manipuler des journalistes, c'est choquant », avait estimé Sophie Le Gall.