Adieu France Bleu Azur. Bonjour ICI. Dans l’antenne niçoise de la station locale, les éléments sonores et les équipes sont prêts… Ne manque plus que les locaux à ripoliner. Reportage.
C’est à 350 mètres de la promenade des Anglais, à Nice, que se dresse l’élégant bâtiment art déco de France Bleu Azur. En ce vendredi 4 janvier, pour cause de trêve des confiseurs, les locaux sont aux trois quarts vides tandis que Quentin Lacrome, à l’antenne depuis 6 heures poursuit ses trois heures de direct sur un ton volontairement jovial. Les infos de proximité comme la nouvelle initiative écolo de Mandelieu (Alpes-Maritimes) s’égrainent, rythmées par deux chansons des années 1980 par quart d’heure. Un flash d’info nationale de 90 secondes est diffusé toutes les demi-heures.
Mais à l’antenne, c’est le changement de marque de France Bleu en ICI qui est omniprésent. « C’est un petit réflexe de dire "ICI" que l’on s’impose, reconnaît Quentin Lacrome. Contrairement à ce que pensent parfois les auditeurs, on écrit beaucoup d’éléments qui sont des béquilles pour nous et j’inscris de redire régulièrement notre changement de nom ». Les annonces des « ambassadeurs », des personnalités de la région sollicitées gracieusement pour enregistrer un message, émaillent aussi le direct. Gérard Holtz, Mado la Niçoise, Michel Boujenah et Stéphane Diagana détaillent le passage à ICI le 6 janvier. S’adjoignent les messages d’ambassadeurs nationaux, dont Étienne Daho ou Amir, et des jingles sur le sujet. La pression auditive est maximum et ça marche. Des fidèles de la station que nous avons interrogés sont tous au courant à 72 heures du changement de marque.
À l’accueil depuis huit ans, Soraya Bahsoun entretient une relation privilégiée avec les auditeurs, qu’elle sélectionne pour les faire intervenir dans les tranches ou dans les jeux. « J’ai trois ou quatre appels quotidiens de fidèles, souvent des seniors qui ont du mal avec ce changement, reconnaît Soraya Bahsoun. Mais sur les réseaux sociaux, Instagram ou Facebook, où le public est plus jeune, ils sont plus positifs. Là, je viens de faire le post d’annonce du changement sur nos réseaux, je me suis inspirée du texte fourni par Paris et je l’ai adapté à ma sauce. »
Céline Pigalle, la directrice du réseau, en est consciente : « Personne n’aime le changement et je ne suis pas du tout négligente sur ce sujet. Car c’est un défi pour nous de changer de marque. » France Bleu ne parvient pas à s’arracher d’une audience tombée à 4,5 % ou 4,6 % (EAR, septembre-octobre 2024). Antoine Blin, directeur des programmes depuis La Toussaint, venu de France Inter, s‘est chargé de créer tout le nouvel habillage sonore en poursuivant la collaboration avec Pascal Obispo, qui a signé le nouveau jingle diffusé toutes les demi-heures. Charge aux 44 antennes locales de le personnaliser en y apposant la voix des animateurs et journalistes. « Ce jingle est riche de sonorités des années quatre-vingt même si sa musicalité est clairement de notre époque, confie Antoine Blin. Ceux qui l’ont écouté évoquent Coldplay, Mika, Daft Punk ou et ça me va bien. Il s’agissait de créer une petite phrase mélodique qui se fredonne sans s’en rendre compte. Quelque chose de très affectif et quotidien. Car ce changement de marque nous donne l’occasion d’un coup de frais pour tout l’habillage sonore avec l’objectif de conquérir de nouvelles audiences », conclut-il.
Pour Jules Trambouze, responsable des programmes d’ICI Azur « C’est un beau changement » assure le manager des équipes locales. La première matinale commune avec France 3 a été Azur en 2019. Il y en a 37 aujourd’hui. L’appli ICI commune a été lancée en 2022. Le nom ICI est une évidence. Mon activité du jour est maintenant de revérifier qu’il n’y ait pas un ancien habillage qui soit diffusé lundi ». Alia Zegaoula, qui anime ce matin le 9 heures -12 heures, s’amuse : « On va se vautrer lundi, c’est sûr, dit-elle alors que la feuille affichée sous l’horloge indique "Ma radio locale, c’est ICI Azur". Ce n’est pas rien, quand même, car il y a tout qui change à commencer par ma signature de mail et mon répondeur qu’il faut que je réenregistre. Il va falloir que je m’entraîne ce week-end pour ne pas savonner et que je mémorise les petits conseils envoyés par les équipes locales et nationales ».
Si tout l’habillage sonore a été anticipé et savamment orchestré, dans les locaux, seules les bonnettes sont aux couleurs d’ICI. La nouvelle signalétique avec banderoles, flammes, stands parapluie et autres roll ups est encore dans des cartons au sous-sol. Elle en sortira pour la prochaine délocalisation à la Villa Massena vendredi 10 janvier. Quant aux locaux et aux studios, visibles sur les matinales communes, ils ne s’afficheront aux couleurs d’ICI qu’au cours du premier semestre 2025. Sur les 44 antennes, seules deux ont adopté leur nouvelle signalétique. L’image a encore un train de retard sur le son.