Selon une étude sur les conséquences de la pandémie, menée par Oxygen auprès de 1 500 journalistes français en février dernier et dont nous publions les conclusions en exclusivité, 49 % des interrogés ont ressenti un isolement social, 45% une « charge de travail intense » et 44 % un impact mental négatif du fait de la crise sanitaire de Covid-19 et des confinements successifs. « Même si, pour certains, le télétravail augmente la productivité, pour d’autres la dématérialisation des relations et l’absence d’interaction au sein des rédactions ont rendu plus compliqué l’accès à l’information et ont entraîné une ‘tunnelisation’ des esprits sur les sujets covid qui a empêché de traiter d’autres sujets intéressants et importants », note l’agence de communication. Un accroissement des amplitudes horaires, des effectifs mobilisés 7 jours sur 7pour certaines rédactions et des difficultés à déconnecter des outils de travail en ligne sont cités comme des facteurs de fragilisation. Certains journalistes ont également mis en avant leurs difficultés à effectuer leurs missions quotidiennes et 47 % des sondés ont fait face à une activité réduite avec une « impossibilité de réaliser des reportages et d’avoir accès à la matière nécessaire à la rédaction d’articles ». 28,6% ont connu des difficultés financières en voyant leur salaire diminuer depuis le début de la pandémie. Les pigistes ont été tout particulièrement impactés par la crise.
Prolifération de fake news
65 % déplorent une exposition croissante aux fake news avec un tiers des journalistes qui déclarent y avoir été confrontés plusieurs fois par jour. Les sources principales de désinformation sont les médias d’information considérés comme propagandistes ou fortement partisans (77 %), les citoyens ordinaires, mal informés et ne vérifiant aucune source (cités par deux tiers des journalistes), ainsi que les “trolls” (à hauteur de 55 %). De façon générale, la prolifération des fake news est amplifiée par les réseaux sociaux et cela se confirme puisque Facebook est cité par 82 % des journalistes, suivi par Twitter pour 46 %.
Enfin, les journalistes ont majoritairement (54 %) senti une baisse de la confiance dans les médias. Parmi les causes évoquées, les revirements de messages, les interventions contradictoires des « experts » de santé dans les débats et le sentiment que les informations n’étaient pas assez vérifiées. Certains journalistes parlent de « défiance des gens sur [leur] métier et la remise en question continue de [leurs] informations ou de [leurs] sources ». Ils sont « souvent taxés de ne pas faire [leur] métier » par la population.