Les sociétés des journalistes (SDJ) de plusieurs médias, dont BFMTV et TF1, ont «condamné» des déclarations «inappropriées» et «sexistes» d'Eric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice regrettant que ses propos aient été « sortis de leur contexte », selon son entourage.
Le garde des sceaux s'est rendu lundi à Aurillac (Cantal) pour condamner les lourdes dégradations commises au tribunal en marge d'une manifestation ayant réuni samedi de nombreuses femmes seins nus en soutien à Marina, poursuivie pour « exhibition sexuelle » après s'être promenée ainsi dans la ville. Cette dernière avait expliqué à la presse locale avoir eu « hyper chaud » et avoir voulu faire « comme la moitié des hommes » torses nus. Dans un communiqué publié mardi sur X (ex-Twitter), la SDJ de BFMTV reproche les déclarations suivantes à Eric Dupond-Moretti : « Je constate que parmi les journalistes femmes qui m'ont interrogé, personne n'était devant moi les seins nus, hein. Il ne faisait pas assez chaud ? »
Ces propos, adressés à l'issue d'un point presse « à plusieurs journalistes dont deux consoeurs de la rédaction », sont « inappropriés », s'est indignée la SDJ. Dans la foulée, la SDJ de TF1 a condamné ces « propos sexistes » tenus devant son « équipe de tournage », les jugeant « inacceptables », même « sous la forme d'une plaisanterie », qui « plus est, dans la bouche d'un ministre ». De son côté, Eric Dupond-Moretti déplore « une polémique qui n'a pas lieu d'être », a indiqué son entourage à l'AFP, invoquant sa détermination « totale » pour « lutter contre tout type de violences sexuelles et sexistes ». « Le ministre regrette qu'alors qu'un tribunal a failli brûler du sol au plafond », des « propos soient sortis de leur contexte pour lui prêter des intentions qui ne sont pas les siennes ».
En outre, son entourage a tenu à préciser le déroulement de la scène. D'après lui, le ministre a d'abord constaté que les journalistes n'étaient pas « seins nus », « signifiant par-là que le respect de la loi était la norme ». Puis une personne dans la salle a lancé: « il ne faisait peut-être pas assez chaud ? » Ce à quoi le ministre a répondu: « Il ne faisait pas assez chaud ? Ca vous va bien de dire ça vous, vous êtes un homme ». Le communiqué de la SDJ de BFMTV a suscité nombre de réactions sur X, dans la presse et au-delà. La société des journalistes et du personnel de Libération a fustigé des propos « choquants », témoignant son « soutien aux consoeurs visées », tout comme la SDJ de Mediapart et la société des rédacteurs du Monde. « Propos inappropriés, ministre inapproprié », a tancé le patron du PS, Olivier Faure. « Qu'il gère sa libido ailleurs qu'au gouvernement », a-t-il ajouté. « Quelle finesse. Quelle éloquence. Quelle galanterie. Quel homme. Quel ministre », a ironisé la militante féministe Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes.