Laurence Garnier, nommée secrétaire d’État chargée de la Consommation le 21 septembre 2024, veut s’appliquer à mieux faire connaître la loi sur l’influence commerciale promulguée en juin 2023.
Quelles sont les volontés du gouvernement concernant le secteur de l’influence ?
Laurence Garnier. C’est un secteur en pleine expansion qui répond à une évolution des attentes et des pratiques des consommateurs. L’objectif est de les protéger, sans oublier les influenceurs, en s’assurant que le secteur de l’influence respecte un certain cadre. Je veux garantir la confiance du consommateur dans les produits qu’il va consommer ou auxquels il va avoir accès au quotidien sur son smartphone. Cela va être un pilier de notre action : j’estime que la confiance est la base d’une économie fonctionnelle, efficace et dynamique. Avant de se projeter dans de nouveaux textes de loi, il faut déjà prendre le temps de faire le point avec la DGCCRF, qui effectue de plus en plus de contrôles [98 en 2022 ; 212 en 2023 ; l'objectif est d’atteindre les 250 contrôles en 2024]. Je voudrais d’abord que ce qui a déjà été fait soit connu, appliqué, bien identifié par l’écosystème de l’influence commerciale, et contrôlé autant que nécessaire.
La protection des jeunes utilisateurs représente-t-elle un enjeu fort pour votre secrétariat d’État ?
D’une manière générale, je voudrais faire porter l’action du secrétariat d’État chargé de la Consommation sur la protection des consommateurs les plus fragiles. Dans certains cas, il peut s’agir des plus modestes ou des plus âgés. Pour l’influence commerciale, cela concerne effectivement les plus jeunes. D’abord, parce qu'ils sont nés avec un téléphone portable entre les mains, mais aussi parce que ce sont des consommateurs en formation. Contrairement aux consommateurs de 35 ans et plus, les jeunes n’ont pas à l’esprit la phrase « Quand c’est gratuit, c’est toi le produit ». Nous allons donc avoir une attention particulière envers les jeunes, avec l’enjeu de les sensibiliser.
La tendance des « live matchs » sur TikTok a explosé en 2023. Cette pratique est pointée comme un moyen de soutirer de l’argent à de jeunes utilisateurs ; qu’en pensez-vous ?
Le problème est bien sûr identifié au sein du gouvernement. Mais il est difficile de répondre à cette question, car lorsque nous sortons de l’influence commerciale, nous sommes sur des sujets complexes à encadrer. Je ne crois pas que la loi soit toujours à même de tout prévenir et accompagner. Dans le cas d’un jeune public par exemple, il me semble que la prévention et l’éducation sont incontournables.
Quel bilan faites-vous de la loi Influence de juin 2023 ?
La loi est récente, elle n’a que 18 mois : je pense qu’il est encore un peu tôt pour parler de bilan. En revanche, pour moi, sa première vertu est d’avoir frayé un chemin. En Europe, la France a été la première à s’emparer du sujet, et a inspiré d’autres pays ! Nous sommes face à des pratiques qui dépassent largement les frontières hexagonales, il va donc falloir que nous agissions tous ensemble pour être le plus efficace possible. Et au-delà de la simple question liée aux influenceurs, nous avons également un véritable enjeu concernant l’exposition des jeunes publics aux réseaux sociaux : comment est-ce qu’on les accompagne et les encadre, de quelle manière est-ce que l’on restreint leur accès aux plateformes… Il y a encore de nombreux défis à relever !