Chine
La Chine, dont l'économie est paralysée par le combat contre le Covid-19, a dévoilé lundi 16 mars une série d'indicateurs catastrophiques: la production industrielle s'est contractée pour la première fois en près de 30 ans tandis que les ventes de détail se sont effondrées.

Les résultats économiques de la Chine sont en net recul. Sur les deux premiers mois de l'année, la production industrielle a connu un repli de 13,5% sur un an, contre +6,9% en décembre. Il s'agit de la première contraction depuis janvier 1990 (-21,1%), selon  l'économiste d'ING Iris Pang. Pékin regroupe traditionnellement ses statistiques économiques des deux  premiers mois de l'année en raison de la survenue du Nouvel an chinois à une date variable aux mois de janvier ou février.    Les ventes de détail, reflet de la consommation, ont pour leur part chuté de 20,5% par rapport à janvier-février 2019, a annoncé le Bureau national des  statistiques (BNS).  «L'épidémie de nouveau coronavirus a entaché l'activité économique sur les  deux premiers mois de l'année», au moment où des dizaines de millions de  Chinois pétrifiés par le virus se terraient chez eux, a reconnu le BNS. «Mais d'une manière générale, les conséquences sur le court terme sont  (...) gérables», a nuancé l'organisme dans un communiqué.

Ces résultats sont néanmoins encore plus catastrophiques que les prévisions d'analystes interrogés par l'agence financière Bloomberg. Ces derniers tablaient respectivement sur une contraction de seulement 3% de la production industrielle et de 4% des ventes de détail. L'économie chinoise a été pratiquement paralysée en février par les mesures  anti-épidémie prises par Pékin. La province centrale du Hubei, d'où l'épidémie s'est déclarée en fin d'année dernière, a vu ses quelque 56 millions d'habitants placés en quarantaine, perturbant très fortement le transport des marchandises et bouleversant les chaînes d'approvisionnement.

Le pire à venir?

Les longues vacances du Nouvel an lunaire, qui tombait le 25 janvier, ont aussi été prolongées jusqu'au 10 février dans la majeure partie du pays pour tenter d'enrayer l'épidémie. La reprise de l'activité est restée très parcellaire et de nombreuses  entreprises peinent toujours à redémarrer leur production, même si de grandes villes, à l'image de Pékin et Shanghai, retrouvent ces derniers jours un peu de vigueur. La forte baisse des cas d'infection en Chine ces dernières semaines contraste avec la flambée épidémique constatée ailleurs dans le monde, particulièrement en Europe. «Si la situation (sanitaire) en Chine est amenée à lentement s'améliorer dans les prochains mois, les conséquences mondiales liées au nouveau  coronavirus continueront à freiner la reprise», prévient l'analyste Julian  Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics, qui redoute des indicateurs  économiques «pires» le mois prochain.

Effondrement des exportations

Les exportations chinoises, moteur de l'économie du géant asiatique, se  sont notamment effondrées sur un an (-17,2%) sur les deux premiers mois  cumulés de l'année. Et le taux de chômage, mesuré en Chine uniquement dans les zones urbaines,  a bondi d'un point en février pour s'établir à 6,2% contre 5,2% en janvier, selon le BNS. Ce taux était de 3,8% sur l'ensemble de l'année 2019.

Pour soutenir l'activité, Pékin a décidé vendredi 13 mars 2020 d'injecter environ 70 milliards d'euros dans son économie: la banque centrale chinoise abaisse lundi 16 mars le ratio de réserve obligatoire des banques dans une proportion d'un demi-point à un point de pourcentage. L'organisme espère ainsi inciter les banques commerciales à prêter davantage aux entreprises pour soutenir l'économie réelle, en particulier les  petites et moyennes entreprises - les plus dynamiques en termes d'emploi - mais aussi les plus fragilisées.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.