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L'écrivain Jeff Lindsay est le créateur de Dexter, le héros «serial killer» de la série diffusée par Showtime, et TF1 en France . À Paris pour promouvoir son prochain opus, Double Dexter (Editions Michel Lafon), il évoque le difficile passage du livre à l'écran.

On dit que vous avez trouvé l'inspiration pour votre personnage Dexter en animant un congrès pour businessmen. Est-ce exact?

Jeff Lindsay. Absolument. J'avais été invité en tant qu'écrivain et chroniqueur à parler devant un groupe d'hommes d'affaires afin d'expliquer, en substance, pourquoi l'art était important. J'ai observé tous ces assureurs et agents immobiliers qui composaient mon public: ils s'adressaient tous d'affreux sourires factices, parlaient fort, la bouche pleine… C'était effrayant. Tout à coup, je me suis dit que ce n'était pas forcément une mauvaise idée de devenir «serial killer»…

 

Comment la chaîne Showtime s'est-elle intéressée à votre héros?

J.L. Le producteur a lu une critique de l'un de mes livres dans le New Yorker et a soumis le projet à la chaîne. Aux États-Unis, Showtime est considéré comme la petite sœur de HBO, avec des séries comme Weeds, et un président, Robert Greenblatt, extrêmement audacieux. J'ai alors commencé à collaborer avec les scénaristes.

 

Apparemment, la série prend de nombreuses libertés avec vos ouvrages…

J.L. La première saison est tout à fait fidèle au premier livre de la série [qui en compte six, vendus à un million d'exemplaires aux États-Unis], Ce cher Dexter. Puis, effectivement, le scénario s'éloigne de mes livres. Principalement parce que c'est de la télé! Par exemple, au début de la deuxième saison, on retrouve par hasard des corps démembrés par Dexter, au fond de l'océan: c'est rigoureusement impossible et pas du tout crédible… Je ne l'aurais jamais écrit comme cela. Mais, à la télévision, tout va vite et les téléspectateurs ne s'arrêtent pas à ce genre d'incohérences.

 

La série a provoqué de nombreuses polémiques aux États-Unis: une femme suédoise a tué son père en invoquant l'influence de la série. Comment réagissez-vous à cela?

J.L. Ma fille est fanatique d'Harry Potter, elle a lu tous les livres, vu tous les films et n'a pas pour autant développé des pouvoirs magiques. Le débat autour de la série est stupide: on a des penchants meurtriers ou on n'en a pas. Une série, un livre ou un film n'ont rien à voir là-dedans.

 

Showtime a lancé un jeu vidéo en ligne afin de promouvoir la sixième saison de la série, qui sera diffusée le 2 octobre aux États-Unis. Dexter est suivie en moyenne par 1,8 million de téléspectateurs. Qu'en est-il des produits dérivés?

J.L. Il y en a trop peu, à mon grand regret… Je crois qu'on vend des figurines, des t-shirts... Je verrais bien une «lunchbox» Dexter pour aller à l'école ou bien des pyjamas Dexter pour les enfants (rires).

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