Tribune
Pour réconcilier les Français et la politique, les élus vont devoir changer leur manière de communiquer. Cela passe aussi par une évolution dans la formation des collaborateurs d'élus.

Lassitude, morosité, méfiance : ces trois mots traduisent l'état d'esprit des Français envers les dirigeants politiques, selon le Baromètre de la confiance politique, réalisé en mai 2021 par Opinionway pour le Cevipof. Décrit comme infantilisant, «langue de bois», «démago» et débordant d'«éléments de langage», le discours politique peine à asseoir sa crédibilité. Le renouvellement de la formation des collaborateurs d'élus constitue l'un des leviers majeurs pour donner un nouveau souffle à la communication publique et politique. À l'aube d'une année particulièrement «politique», certaines qualités sont nécessaires pour répondre à cet enjeu et redonner ses lettres de noblesse à l'action publique.

La communication politique est parfois ressentie comme simple palliatif d'une action inefficace et décalée par rapport au quotidien des Français. Il est évidemment hors de question de concevoir l'action politique sans communication pour en rendre compte ou l'expliquer, détailler son objectif et fédérer le public qu'elle entend servir. Néanmoins, la hausse constante de l'abstention élection après élection traduit une rupture de confiance entre les Français et leurs dirigeants politiques. Cette véritable défiance est alimentée par le recours trop fréquent aux éléments de langage et formules simplistes, sans chercher à comprendre ni à prendre en compte la complexité du débat public. Par ailleurs, cette simplification à l'extrême ne peut qu'alimenter les fake news ou autres théories complotistes.

S'ancrer davantage dans le réel

Confrontés à ces nouveaux écueils, les élus n'ont d'autre choix que de renouveler leur communication en s'ancrant davantage dans le réel, là où le discours politique est trop souvent tenté de se réfugier dans la technicité ou de simplifier à l'extrême. En privilégiant une communication vraie, la politique pourrait redevenir le lieu du service concret du bien commun et rendre toute sa crédibilité au discours de nos dirigeants. Après tout, «administrer» provient du latin «ad ministrare», qui signifie «servir». Et les élus sont demandeurs.

Les cabinets regorgent à la fois d'excellents techniciens formés aux affaires publiques et capables de synthétiser de façon simple des enjeux complexes, et d'excellents communicants. A travers nos échanges réguliers avec des élus, nous avons rapidement identifié l'émergence d'un nouveau besoin : des collaborateurs capables de jongler avec une grande fluidité entre la rédaction, le fond des dossiers, la prise de recul, et le pragmatisme nécessaire pour construire et concevoir une palette d'outils très concrets de communication. Aujourd'hui, un collaborateur d'élu doit être capable de passer de la stratégie à l'action et de créer un visuel en deux minutes si les conditions l'exigent.

Peu de formations jusqu'à présent conjuguent ces deux aspects, à la fois théorique et pratique. Il est temps de changer cela à l'orée d'une année marquée par les prochaines présidentielles et législatives. Agir avec rapidité en appréhendant la complexité des enjeux de la vie publique et politique demande de solides compétences techniques. La formation de professionnels efficaces, désireux d'accompagner des élus et décideurs mus par le désir de servir, peut contribuer à réconcilier les Français et la politique.

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