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L’étude Entreprises et République, réalisée par l’Ifop pour Havas Paris, montre l’attachement indéfectible des Français à l’idéal républicain. Et si l’entreprise s’en emparait ? Une alternative au « wokisme » venu d’outre-Atlantique.

Un vrai rempart pour la République ! 80% des Français font confiance aux petites et moyennes entreprises pour défendre les valeurs de la République, selon l’étude Entreprises et République, réalisée par l’Ifop pour Havas (1021 personnes interrogées en décembre). Les grandes entreprises, elles bénéficient de 46% de confiance, mais 60% des Français souhaitent les voir davantage impliquées. « On note une décrispation généralisée du regard sur l’entreprise et sur son rôle dans la société », constatent les auteurs de l’étude. « Les résultats ne nous ont pas surpris car dans le cadre de l’Observatoire des marques dans la Cité, que nous avons créé en 2014, 75% des Français nous disent aujourd’hui que les entreprises jouent un rôle plus important que les États dans la création d’un avenir meilleur », complète Benoit Lozé, directeur de la stratégie chez Havas Paris.



Patriotisme économique

Pour aller plus loin Havas et Ipsos ont demandé aux Français de définir ce qu’est une entreprise républicaine. Trois champs émergent de ce questionnement. Tout d’abord, le premier grand champ est celui du « patriotisme économique ». « Longtemps minoritaire dans l’opinion, c’est une préoccupation qui est revenue en force depuis la crise sanitaire », souligne l’analyse d’Havas. Les personnes interrogées estiment ainsi qu’une entreprise sensible au patriotisme économique paye ses impôts en France (64% de «Tout à fait») et est engagée dans le made in France, dans la production locale ou dans la relocalisation de ses activités (50%).

 

Égalité

Deuxième champ, et pas des moindres : celui de l’égalité. « Les Français restent attachés à une grille de lecture « sociale » de la société et attendent des entreprises qu’elles s’investissent sur ce terrain-là », selon l’étude. Cette société attachée à l’égalité, fait avant tout respecter le principe d’égalité hommes/femmes (57% de «Tout à fait»). Une entreprise équitable, c’est aussi une entreprise au sein de laquelle la progression de carrière, les promotions se font uniquement au mérite (83% de « oui » et 36% de « tout à fait »), une entreprise qui introduit un long congé de paternité (70% de « oui », 22% de « tout à fait ») et une entreprise qui respecte des écarts de salaire de 1 à 20 entre le plus bas et le plus haut salaire (66% de « oui », 22% de « tout à fait »). C’est avant tout une entreprise qui ne licencie pas (68% de « oui », 21% de « tout à fait ».

 

Laïcité

Troisième et dernier champ, celui de l’universel. «Pilier philosophique des Lumières, rappelle l’étude, c’est  une valeur qui demeure au cœur du modèle français face à une conception plus communautaire et identitaire de la société ». Dans ce cadre, les Français attendent d’une «entreprise républicaine» qu’elle respecte de façon stricte la laïcité en interdisant les signes religieux ostentatoires ou en adoptant une charte de la laïcité (42% de «Tout à fait»), qu'elle refuse le marketing communautaire (30%) et qu'elle mette en place des CV anonymes (27%).

 

 

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« On constate une évolution dans les attentes des Français, analyse Benoit Lozé, hier on disait que l’on attendait des sociétés qu’elles soient engagées et c’était assez vague, abstrait ; Puis il y a eu le temps de l’action avec des politiques RSE au service de l’intérêt général ; On pense que les entreprises doivent maintenant entrer dans une troisième ère, celle des valeurs en portant une vision du monde, des manières de penser. » En tournant la page des valeurs creuses que les groupes nous ont servi pendant des années : bienveillants, humains, responsables... Pour redonner de la valeur aux valeurs, place aux actes ! « Les entreprises doivent aller plus loin que ces mots valises démonétisés, en ayant une vision du monde et des partis pris forts sur des sujets comme la question des quotas, le fait religieux, le marketing communautaire…», note Benoit Lozé.

 

« Un contre-modèle Français »

Et dans cet engagement, la culture républicaine française pourrait être un facteur de mobilisation pour les groupes. « La République est un mot qui nous ressemble et nous rassemble, souligne Benoit Lozé, et ce champ peut offrir un contre-modèle français, face à l’idéologie américaine dominante du wokisme ».

C’est un nouveau champ culturel pour les entreprises qui se dessine. « À un moment où les groupes doivent s’engager sur des sujets précis, importants, essentiels de vie de la cité, nous voulons leur proposer une autre voie, celle du modèle républicain, afin qu’il devienne une option pour répondre à des questions de sociétés brûlantes, telles que l’égalité hommes/femmes, la laïcité… », détaille Arielle Schwab, directrice générale adjointe d’Havas Paris.

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D’autant que deux tiers des Français estiment que l’on ne parle pas assez de la République. « Cette grille de lecture républicaine peut se décliner très concrètement en points de vues et en actions, par exemple en adoptant le CV anonyme », illustre Arielle Schwab.  

 

Pour autant l’entreprise est-elle attendue dans l’arène politique ? « Si l’engagement politique pour la vie de la cité est plébiscité, ce n’est pas au sens partisan, conclut Arielle Schwab. D’ailleurs quand on demande aux Français la façon dont ils se représentent la République, 86 % considèrent qu’elle n’est ni de droite ni de gauche ».

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