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Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, revient sur l'actualité de la semaine.

La campagne des municipales en pleine crise sanitaire.

La campagne a été percutée comme jamais par un événement extérieur. Il y a eu un précédent : les régionales 2015 ont eu lieu trois semaines après le choc des attentats. Là, la campagne commence tardivement, parasitée notamment par le mouvement contre la réforme des retraites. Le coronavirus la stoppe net. La conséquence est une abstention inédite. Pour 55 % des Français, la crainte du coronavirus a eu un effet déterminant dans le non-vote, y compris chez ceux qui croient au vote comme les personnes âgées, les catégories sociales supérieures.

C’était la campagne et le scrutin de la peur mais les résultats ne l’ont pas reflété. Ils sont en ligne avec les enquêtes préélectorales et les sortants sont confortés. Les municipales, c’est la stabilité. Plus de 30 000 élections se sont jouées dès le premier tour.

 

La communication gouvernementale et présidentielle autour du virus.

C’est un momentum particulier avec une accélération des prises de parole des deux têtes de l’exécutif. La plus marquante est celle d’Emmanuel Macron, lundi 16 mars, avec un ton de gravité et l’anaphore « Nous sommes en guerre ». Elle a fait la synthèse des interventions précédentes. Le 12 mars, le président est dans une logique de mobilisation avec des phrases comme « Je compte sur vous ». Le 14 mars, la déclaration d’Edouard Philippe est marquée par une dramatisation forte. Il met en exergue les Français qui ne respectaient pas les gestes barrières. Et fait preuve d’une certaine brutalité en laissant seulement quatre heures aux commerces pour fermer. C’est une logique du good cop/bad cop qui a inquiété. Le 16, Emmanuel Macron fait la synthèse. Avec toujours un appel à la mobilisation. Il joue son rôle de président d’une France unie mais rappelle les gestes barrières et des scènes d’affluence qui ont pu surprendre sur les marchés des grandes villes. Si l’on doit apporter un bémol : est-il allé au bout de la logique des mots ? Il n’a pas parlé de confinement, de couvre-feu. Au risque, pourrait-on dire, de laisser des gens dans une logique d'incompréhension.

 

Le traitement médiatique des informations sur la gravité du coronavirus.

Les médias n’ont pas été remis en cause. Les Français se trouvaient bien informés. Deux éléments ont fait flamber l’inquiétude. D’une part, on est passé d’un discours « c’est une petite grippe » à « c’est grave ». D’autre part, de « c’est une maladie qui touche les personnes âgées ou faibles » à « des jeunes de moins de 50 ans en réanimation ». Il n’y a pas eu de remise en cause des médias. Selon une enquête Ifop/Fiducial diffusée début mars, 87 % des Français parlent du coronavirus dans leurs conversations quotidiennes.

 

Les rumeurs et les fake news sur l'épidémie.

L’inquiétude créé un besoin inextinguible de réassurance. Il n’y a pas plus de fake news que par le passé mais l’inquiétude amplifie l’attention qui leur est portée. Selon une enquête Havas Paris/August Debouzy/Ifop de 2019, 86 % des Français souhaitent étendre la législation sur les fake news à autre chose que la politique, notamment la santé, à 95 %.

 

Le télétravail plébiscité par les entreprises.

L’obligation d’adopter le télétravail intervient dans un contexte où il se développe très fortement. 70 % des cadres souhaitent y avoir recours régulièrement selon une étude Ifop/Cadremploi de 2019. Il est désormais mieux accepté par les dirigeants comme levier organisationnel. Toutefois, il faut prendre en considération pour les salariés les effets pervers liés au télétravail permanent comme un sentiment d’isolation, le stress. Le télétravail est une arme solide face à la situation mais il ne faut pas en négliger les effets sociaux.

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