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La start-up vend depuis un mois des billets de train sur Internet. Mais comment se démarquer du géant SNCF ?

«Nous vendons des billets de train. Super rapidement.» La promesse marketing a le mérite d'être claire. A l'image du site, dont l'ergonomie sobre, presque austère, peut surprendre. Le 8 octobre, la start-up Capitaine Train s'est lancée sur le marché de la vente de billets de train en ligne. Plutôt culotté de venir ainsi chasser sur les plates-bandes du géant Voyages-SNCF.com. «L'idée est de ne proposer que des trajets en train, de la billetterie “sèche”, sur un site simple et de vendre ainsi au client son billet le plus rapidement possible», résume Jean-Daniel Guyot, vingt-sept ans, cofondateur de Capitaine Train.

De fait, une fois la page d'inscription remplie, un formulaire de recherche permet de rechercher, réserver et payer en quelques clics son ou ses billets. Point appréciable, le site gère toutes les cartes de réduction et de fidélité. Quand ils sont disponibles, les e-billets peuvent être imprimés, stockés sur sa carte Voyageur ou retirés en borne ou au guichet. Comme pour une agence classique, à l'exception de SNCF, leurs partenaires gèrent le service après-vente (annulation ou remboursement de billets).

C'est en 2009 que les trois cofondateurs, ingénieurs de formation, à peine sortis d'une start-up précédente, Vizigo, ont lancé leur nouvelle société, alors que le secteur était tout juste ouvert à la concurrence (lire l'encadré). Une fois décrochée l'habilitation à vendre des billets et, surtout, le contrat technique – péniblement – signé avec la SNCF en septembre 2010, ils ont pu ouvrir leur site en version bêta en août 2011, pour tâter le terrain. En avril dernier, ils lèvent 1,4 million d'euros auprès de fonds d'investissement. De quoi voir venir.

Viser l'échelle européenne

Mais comment se distinguer du mastodonte Voyages-SNCF.com? «Nous ne proposons pas de services annexes, comme une chambre d'hôtel, la location de voiture, etc., juste des billets de train», précise Jean-Daniel Guyot. Mais avec des services malins comme un service d'intégration automatique au calendrier, lancé le 30 octobre, qui permet au client de recevoir sur son smartphone une alerte peu de temps avant son trajet (la SNCF le propose aussi), comme pour une réunion. La start-up, installée dans le IXe arrondissement parisien, compte d'ailleurs des développeurs et des designers parmi ses onze salariés.

Surtout, Capitaine Train vise à référencer les principaux opérateurs afin de proposer des destinations à l'échelle européenne. Outre la SNCF, le site distribue ID-TGV et a reçu il y a peu l'agrément de la Deutsche Bahn. «On vient d'apprendre qu'ils allaient ouvrir une ligne Amsterdam-Londres», salue Jean-Daniel Guyot.

En termes de modèle économique, la start-up se rémunère sur la commission reversée par la SNCF à chaque vente de billet de train. Comme une agence de voyage, mais en moins rémunérateur. D'autant que les fondateurs n'envisagent pas d'afficher de la publicité sur leur site. «Sur le modèle de Dropbox ou Venteprivee.com, on se base sur la simplicité, le zéro publicité et le bouche-à-oreille», poursuit Jean-Daniel Guyot.


Encadré

Ouverture à la concurrence

C'est à la demande de Bruxelles que le rail a été ouvert progressivement à la concurrence. Une mesure effective en France pour le fret national depuis 2006 et pour les trains internationaux de voyageurs depuis décembre 2010. Mais il a fallu attendre décembre 2011 pour voir le premier concurrent de la SNCF, les trains Thello, coentreprise de l'italien Trenitalia et du français Veolia Transdev, lancés sur la ligne Paris-Venise.

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