L'Armée de l'air et de l'espace sort une campagne orchestrée par Romance pour inciter les jeunes à considérer le ciel comme une voie d'accès possible à de multiples métiers.
Rares sont ceux qui, tel un Saint-Exupéry du 21e siècle, imagineraient un mouton à cinq pattes si on leur demandait de dessiner un aviateur. À coup sûr, ce sont les traits d'un pilote qui viendraient à l'esprit. Pourtant, l'Armée de l'air et de l'espace (AAE) n'a guère besoin d'en recruter plus de 60 à 90 par an alors qu'à partir de cette année, et jusqu'en 2027, ce sont pas moins de 4000 postes dans une cinquantaine de métiers différents qu'elle a ouvert. Mécaniciens, informaticiens, logisticiens... Treize domaines sont concernés. Cela va du BTP à la cybersécurité en passant par les RH, la communication ou la formation. Ainsi, la communauté aviatrice est loin de se réduire aux seuls pilotes.
« En raison d'un effet cohortes qui entraîne des départs groupés de gens recrutés en même temps, et du fait des besoins de l'industrie aéronautique, j'ai perdu cette année entre 400 et 500 aviateurs, explique le général de corps aérien Manuel Alvarez, DRH de l'AAE. Avec la nouvelle loi de programmation militaire, notre objectif est d'augmenter nos effectifs, et il nous faut une transformation des compétences. D'anciens métiers disparaissent et l'on doit se glisser dans le big data ou de nouvelles filières. Or si je veux des gens correctement formés, je ne les paye pas assez par rapport au civil. »
L'objectif de la campagne imaginée par Romance est donc de toucher l'ensemble des plus de 18 ans. « Avec 4000, je prends tout le monde », simplifie le DRH au Salon du lycéen et de l'étudiant, où un lieu d'échange, relayé sur TikTok et Snapchat, a été organisé. Réalisés par Lise & Romane, les films jouent sur la possibilité de participer à une aventure collective. On y voit des jeunes qui, avant de s'affairer autour d'un avion ou d'un hélicoptère, ne sont pas derrière le manche mais plongés dans la vie de tous les jours en évoquant auprès de proches leur emploi de mécanicienne, maître-chien ou informaticien. Le directeur de création, Frédérick Lung, a veillé à avoir un « un regard juste sur la génération Z ».
Pour le général-DRH, l'Armée de l'air, qui assure « la cohésion, l'esprit d'équipe, le goût de l'effort, le respect et l'intégrité », peut promettre une vie « trépidante ». Encore faut-il que les jeunes se disent qu'elle est faite pour eux, même s'ils ne sont pas bac +5. D'où le slogan : « Et si c'était pour vous ? ». Un volet de la campagne prévoit aussi des affiches anonymes avec un QR code renvoyant vers les sites de l'AAE et comportant des messages sur la diversité, l'égalité salariale femmes-hommes ou la formation. « Quand on s'attaque à la marque employeur, souligne Christophe Lichtenstein, président de Romance, on est souvent en situation de crise, de défiance de l'opinion. Or on a découvert que 82% des jeunes gens avaient une bonne image de l'armée. C'était plutôt une surprise. En revanche, ils la considèrent assez peu lorsqu'il s'agit de leur avenir professionnel. Notre stratégie de communication a donc consisté à briser le mur de l'indifférence. » D'où la volonté d'aller vers les aspirations des jeunes à trouver un sens et une utilité à leur métier, dans un contexte de guerre en Europe.