En cette fin d'année, la rédaction de Stratégies s'est prêtée au jeu de la carte blanche. Retrouvez ici ce qui inspire Marie-Caroline Royet, Elisa Samourcachian et Delphine Soulas-Gesson.

MARIE-CAROLINE ROYET, JOURNALISTE

The White Lotus

« Je sais, je sais… Elle n’est pas de toute première fraîcheur mais cette série a été le rayon de soleil de mon année. The White Lotus, c’est bien plus qu’un divertissement, c’est une analyse sociologique, un suivi psychologique en huis-clos de plusieurs profils, riches et pour la majorité blancs, venus se prélasser au soleil dans un même hôtel. Elle traite de sujets qui exaspèrent les anti-woke tels que le white privilege et les ultra-riches. Le jeu d’acteur installe subtilement une tension à la limite du malaise. Et comment ne pas parler de la bande-son très hitchcockienne, composée par Cristobal Tapia de Veer ? Depuis la fin de la saison 2, une question me taraude. Spoiler alert : Tanya McQuoid, interprétée par la génialissime Jennifer Coolidge, est-elle vraiment morte ? Ou va-t-elle revenir pour se venger ? Réponse en 2025. »

Les friperies

« OK, je vis en banlieue parisienne et j’adore farfouiller chez Emmaüs, Guerrisol et autres. Est-ce que cela fait de moi une bobo ? Probablement. Il fut un temps où j’avais purement et simplement une addiction pour les fringues, j’étais une acheteuse compulsive des marques de fast-fashion au point de me sous-alimenter. Jusqu'à la découverte de la seconde main et des friperies. En plus d’être bon pour l'écosystème, c’est mieux pour mon porte-monnaie parce que soyons honnêtes : entre mon addiction et l’inflation cela devient compliqué à gérer. J’aime dénicher LA pièce, trouver des looks des années 80-90 qui me rappellent ma mère ou ma tante. C’est mon côté nostalgique. Mais par-dessus tout, ce sont des moments où je me retrouve seule. Indispensable pour ma santé mentale. »

Les nepo babies

« Bien sûr, les progénitures des influents de ce monde ne sont pas une inspiration en soi. En revanche, l’angle abordé par le New York Magazine avec cette couverture "She has her mother’s eyes and her agent : Extremely Overanalyzing Hollywood’s Nepo-Baby Boom" l’est. Issu de la contraction entre népotisme et baby, ce terme péjoratif de nepo babies désigne toutes les personnalités ayant un accès privilégié au monde de la culture grâce à la notoriété de leur famille. Ce phénomène est applicable dans tous les domaines, que ce soit dans le milieu de la politique, du journalisme ou de la pub, nombreuses sont les fils de ou filles de à suivre les pas de "papa, maman", ou du moins à bénéficier de leurs connexions, écrasant au passage ceux qui suent sang et eau. Sans rancune ! »

 

ELISA SAMOURCACHIAN, JOURNALISTE

Gaze Magazine

« Le sixième numéro de Gaze Magazine, cette revue féministe bi-annuelle, a consacré son numéro de juin à la figure de la bimbo, ce symbole de la féminité « trop assumée » et rempli de clichés. Les autrices donnent la parole et mettent en lumière ces femmes qui reprennent le pouvoir sur l’image de la bimbo en lui donnant une nouvelle définition : celle d’une femme qui s’émancipe des injonctions qu’on lui colle à la peau. Mon sujet préféré ? Nose Jobs, d’Ani Khatchikian et Anahita Delcorde, qui raconte comment le nez des femmes occupe une place centrale dans les cultures arméniennes et iraniennes. J’attends avec impatience de déballer le septième numéro consacré aux secrets sorti le 8 décembre dernier. »

Ladaniva

« J’ai découvert ce groupe franco-arménien avec ma petite sœur lors de l’émission Le Grand Échiquier consacré à l’Arménie sur France 2. Composé de la chanteuse Jacqueline Baghdasaryan, du multi-instrumentiste Louis Thomas, ainsi que d’autres musiciens, Ladaniva a sorti son tout premier album éponyme le 29 septembre dernier. Les chansons sont en français, arménien, russe, à l’image de la chanteuse qui nous hypnotise par sa voix féerique. Le groupe est en tournée et a affiché complet à La Cigale à Paris, concert auquel j’ai pu assister et qui était sûrement la plus belle représentation que j’aie pu voir cette année. C’était comme si on se retrouvait dans une grande fête familiale arménienne et qu’on dansait et chantait tous ensemble. J’ai un coup de cœur pour "Taïga" et "La Montagne", qui font partie, selon moi, des plus belles chansons de 2023. »

Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard

« J’aurais pu mettre Les Sims vu le nombre d’heures que je passe dessus le week-end… Mais j’ai décidé de parler d’Hogwarts Legacy, en tant que "Potterhead", membre de la maison Serdaigle et grande amatrice de jeux vidéo RPG d’action-aventure en monde ouvert. Alors tout n’est pas parfait, à commencer par l’animation des personnages qui ressemblent à celle des Sims 3, mais l’histoire est passionnante. Pouvoir être en immersion dans le monde emblématique d’Harry Potter, visiter Poudlard, Pré-au-Lard et avoir la liberté de suivre les quêtes qu’on souhaite, explorer le monde… J’ai encore beaucoup à découvrir étant donné que j’ai acheté le jeu mi-novembre sur Switch, mais je n’ai qu’une hâte : apprendre les sorts impardonnables pour me débarrasser rapidement de TOUTES les araignées qui croisent ma route. »

 

DELPHINE SOULAS-GESSON, RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE EN CHARGE DU WEB

Le Musée d’Orsay

« Qu’il fait bon flâner dans les travées du Musée d’Orsay, au milieu de ces chefs-d’œuvre de l’impressionnisme. Sans parler du bâtiment lui-même. Pour 2023, le musée a été particulièrement généreux : après nous avoir régalés avec l’exposition Manet-Degas, il nous éblouit depuis octobre avec cette exposition exceptionnelle de 45 des 74 tableaux que Vincent Van Gogh a compulsivement peint à Auvers-sur-Oise avant de se suicider. Des œuvres jusque-là peu connues, dans lesquelles Van Gogh rend la lumière du paysage comme personne. "Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois", à découvrir jusqu’au 4 février 2024, est de ces grandes expositions dont on se souvient longtemps. »

D’argent et de sang

« La dernière création originale de Canal+ est une pure merveille. L’histoire de l’arnaque à la TVA sur les quotas carbone, qu’on surnomme l’arnaque du siècle, est en soi incroyable. Elle avait déjà été brillamment racontée dans plusieurs articles de Vanity Fair ainsi que dans le livre de Fabrice Arfi, D’argent et de sang, duquel est tirée la série de Canal+. Celle-ci élève encore le niveau, avec un Ramzy Bedia qui interprète avec brio l’arnaqueur de Belleville, qui se télescope avec le monde des affaires et la haute société incarnés notamment par Niels Schneider. S’ajoute à cela un Vincent Lindon dans le rôle de l’enquêteur obsédé par cette affaire. Vivement le mois de janvier avec la diffusion de la deuxième partie! »

Les gifs

« Au risque de passer pour une boomeuse, je voue une vraie passion pour les gifs. Ces éléments constitutifs de la culture web des années 2010 permettent d’exprimer euphorie, peur, exaspération… en faisant appel à des références aussi variées qu’une scène culte de film, un instant de sport ou des dessins dignes des meilleures cartes animées. Et l’actu de l’année 2023 n’a fait qu’apporter de nouveaux gifs aux vastes catalogues de Giphy ou Tenor : Brad Pitt dansant en sous-vêtements devant les montagnes hollywoodiennes (extrait du film Babylon), Novak Djokovic déchirant sauvagement son maillot (finale du tournoi de Cincinnati)... Alors oui, ce n’est pas l’essentiel de ce qui a marqué l’actualité de 2023 mais cette soupape de décompression est bien salutaire dans ce climat plutôt anxiogène. »

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