En cette fin d'année, la rédaction de Stratégies s'est prêtée au jeu de la carte blanche. Retrouvez ici ce qui inspire Garance Bailly, Emmanuelle Blondel, Caroline Bonacossa et Emmanuel Gavard.

GARANCE BAILLY, JOURNALISTE

Warhaus

« Il semblerait que je sois une groupie de Warhaus (le projet solo du belge Maarten Devoldere, l’un des chanteurs du groupe Balthazar) car d’après ma "rétrospective 2023" sur Spotify (concept génial que je prends plaisir à consulter chaque année), je suis dans le top "0,5% des fans avec 1378 minutes d’écoutes". Ma fierté ! J’aime l’univers musical de cet artiste, la profondeur de sa voix, la créativité de ses clips (Open Window, Mad World…). Mon écoute ne se cantonne pas aux services de streaming puisque j’ai pu voir le chanteur-compositeur sur scène l’été dernier au très chouette festival Minuit avant la nuit dans les hortillonnages d’Amiens. »

Polar Park

« À Mouthe, la ville la plus froide de France, des habitants sont assassinés et mis en scène dans des tableaux célèbres. Encore une sinistre histoire de serial killer ? Pas vraiment. Réalisée par Gérald Hustache-Mathieu (Poupoupidou), Polar Park, série policière d’Arte sortie en octobre, nous embarque dans une enquête à la Twin Peaks de David Lynch avec des personnages attachants, à commencer par un romancier en quête de ses origines incarné par Jean-Paul Rouve. Une série d’où émane une vraie chaleur humaine, tout en contrastes comme les couleurs jaune et bleu qui sont présentes à presque chaque plan. »

Jane Birkin

« Signalement. Yeux bleus. Cheveux châtains. Jane B. Anglaise. Hasard d’actualité : ma lecture du moment était Munkey Diaries quand est survenu le décès de Jane Birkin, le 16 juillet dernier. Dans son autobiographie, l’icône des années 60, éternelle brindille, artiste accomplie et mère de trois femmes talentueuses, se livre à cœur ouvert et présente une facette d’elle méconnue. On y lit une Jane Birkin finalement assez simple, malgré son milieu, qui manque parfois d’assurance. Une femme admirable à bien des égards, que je trouve très touchante. »

 

EMMANUELLE BLONDEL, MAQUETTISTE

Les enquêtes criminelles

« Tous les faits divers me font vibrer ! Chez moi, je dois avoir tous les bouquins de Karl Zéro "Les Envers des Affaires”, ses enquêtes sont souvent plus fouillées que celles qui passent à la télé. En ce moment, je regarde un documentaire sur Monique Olivier, l’ex-femme du tueur en série Michel Fourniret, sur Netflix. À côté de cela, j’achète le magazine Le Nouveau Détective depuis 26 ans. D’ailleurs sur Audible –plateforme de livres audio–, je n’écoute que des enquêtes criminelles. Les auteurs Maxime Chattam, Franck Thillez et Bernard Minier font partie de mon top 3, j’adore leurs romans écrits sous forme de série. L’investigation me plaît, pas juste les faits divers, j’aime les enquêtes, comprendre leurs déroulés, leurs mécanismes mais aussi comment fonctionne le cerveau humain. Au fond, je pense que j’aurais aimé être détective privée. »

L’écologie

« Je fais beaucoup de balades en forêt et avec le temps, j’ai commencé à observer les dégâts de la crise écologique sur la nature. Notamment l’été, avec les feux de forêt. Certaines actualités me font penser à des films catastrophes ; le Brésil qui atteint des températures allant jusqu’à 58 degrés, un blizzard à New York en plein automne. Alors dans mon quotidien, j’essaie le plus possible d’apporter ma pierre à l’édifice en essayant d’acheter bio, vegan et cruelty free car la cause animale me touche aussi énormément. Je m’intéresse à mon prochain et par conséquent à notre impact sur la planète. Plus ma fille grandit et plus je me rends tristement compte de ce qu’on va laisser à nos enfants… »

Le vélo

« Quand tu vis en ville, faire du vélo, c’est une sorte d’échappatoire. Tu peux explorer de nouveaux endroits, faire de belles rencontres sur le chemin, humaines comme animales. Il y a aussi ce truc avec la vitesse où tu ressens comme une sensation de liberté. J’en faisais beaucoup quand j’étais petite en Bretagne mais depuis mon déménagement vers la capitale, j’ai arrêté. Puis un jour on m’a offert un vélo, mon mari aussi en a eu un, alors dès qu’il fait beau les week-ends, on essaie de partir en balade dans les alentours. Ça peut aller du domaine de Saint-Cloud à Marnes-la-Coquette jusqu’à Rambouillet. C’est devenu une passion commune ! »

 

CAROLINE BONACOSSA, JOURNALISTE

Le Musée d'Orsay 

« Jamais le temple de l’art du 19e siècle n’avait offert un doublé aussi magistral. De quoi ravir l’ex-étudiante en histoire et en histoire de l’art que je suis. En mettant au printemps face à face les tableaux d’Édouard Manet et d’Edgar Degas via leurs thématiques communes, du tub aux courses de chevaux en passant par l’alcoolisme ou la prostitution, j’ai (enfin) saisi la singularité de chacun. Et depuis cet automne, dans l’ancienne gare transformée par la géniale architecte Gae Aulenti, les 74 derniers tableaux peints par Van Gogh durant les deux derniers mois sont accrochés. Des toiles où le mal-être du peintre s’exprime via une puissance chromatique vertigineuse. Un affichage historique qui comble mon âme de Van Gogh maniaque. »

Virginie Efira

« J’aime tout chez cette femme que j’ai souvent rencontrée lorsqu’elle était encore animatrice de La Nouvelle Star. Sa spontanéité, son acuité et la finesse de son intelligence. Lorsqu’elle s’est lancée dans le cinéma, j’ai eu peur de son choix. Pourquoi vouloir percer là où personne ne vous attend quand vous êtes bankable ailleurs? Quelle leçon elle m’a donnée. Et cette année encore, de sa grossesse exposée fièrement à 46 ans en une de Télérama et à la barbe de la presse people à ses choix professionnels : les films L’amour et les forêts de Valérie Donzelli, Rien à perdre de Delphine Deloget ou la série Tout va bien de Camille de Castelnau, scénariste du Bureau des légendes. Chapeau ! »

Mes reines de la pop

« November Ultra, Pomme, Clara Luciani et Juliette Armanet ont trusté mes écouteurs pendant toute l’année. Leur énergie m’a enchantée et portée, voire même lavée des actualités tragiques de l’année. Elles incarnent la nouvelle génération de la pop française, féministe et talentueuse. Ces interprètes autrices et compositrices sont aussi des showgirls que j’ai découvertes lorsqu’elles étaient encore de jeunes pousses au Studio 104. Cette salle de concert est gratuite. Il faut juste être (très) rapide pour décrocher ses places sur le site de la Maison de la Radio dès que les réservations sont ouvertes. Et faire confiance aux programmateurs qui ont le talent de dénicher de futures stars. »

 

EMMANUEL GAVARD, JOURNALISTE

Les éditions Allia

« Quel plaisir que de pénétrer l’univers de sélection de cette maison d’édition, créée en 1982 par Gérard Berréby. Entre la réédition d’anciens textes oubliés comme les Notes sur la mélodie des choses de Rainer Maria Rilke, des essais d’anthropologie, du langage (Billeter, Chauvier, Russel), de sciences, de poésie, des histoires inventées (Alfred Kubin), des nouvelles d’Asie, d’Afrique ou d’ailleurs, des siècles passés, c’est à chaque fois d’une originalité féconde et d’une surprise totale. Pour s’évader, réfléchir et s’interroger. Garder l’humilité tout en admirant la grandeur de l’imagination et de la pensée du Monde. »

Les temps médiévaux

« Plus j’ai plongé dans l’histoire du Moyen Âge, plus j’ai appris à quel point tout ce qu’on nous en a appris était faux, et à quel point sa vie intellectuelle et politique était riche. La base consiste à lire Le Moyen Âge, une imposture de Jacques Heers, qui explique pourquoi notre vision de ces milles années a été totalement récrite au 18e siècle, et en quoi tous nos a priori sont erronés. On nous a focalisés (à dessein !) sur quelques zones d’ombre souvent exagérées ou fausses. On peut creuser avec l’inénarrable Michel Pastoureau, connu pour l’histoire des couleurs, mais qui a donné également de sa personne pour décrire la réalité de la complexité sociologique et symbolique. Ou le podcast Passions médiévistes, qui détruit les idées reçues. Entre le 4e et le 15e siècle, les organisations sont complexes, multiples, les modes de pensées hétérogènes, les pratiques dissemblables, d’une région à l’autre. Et il est impossible d’établir une règle fixe. Découvrir la sagesse d’Hildegarde von Bingen (11e), les utopies féministes de Christine de Pizan (14e), ou des fables de Marie de France (12e), invite à détruire l’histoire des grands hommes. »

Humans_of_capitalism

« Ce compte Instagram rassemble toutes les débauches, situations ridicules, absurdités notoires du monde actuel, tombées dans l’escarcelle d’un objectif de caméra. Des vidéos courtes qui démontrent le jusqu’au-boutisme de certaines et certains dans les travers débiles que l’on attribue à une société post-capitaliste : égoïsme, orgie consommatoire, grotesques facéties et paresses tragiques. Certains y voient sujets de railleries ou de glauqueries risibles d’autres les signes d’un effondrement prochain de notre société “néantophile”, pour qui le fatum ne fait qu’attendre. L’hubris moderne dans sa fascinante monstruosité. »

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