Après Ecce Logo, Denis Gancel et Gilles Deléris ont sorti Ecce Dico, un abécédaire qui rend hommage à la vie en agence. Les deux entrepreneurs ont souhaité partager leur expérience pour redonner à la jeune génération l’envie d’embrasser la carrière de publicitaire.
Nos enfants sont taquins : «Vous n’en avez pas marre d’écrire des bouquins que personne ne lit ?» On pourrait les renvoyer dans leurs vingt-deux (c’est la période) et leur ressortir les chiffres de diffusion de nos précédents ouvrages… Mais restons calmes… Ne cherchons pas à expliquer la qualité d’Ecce Dico mais tentons plutôt de partager ce qui nous a poussé à nous lancer dans un abécédaire amoureux et illustré de la vie en agence*.
Une passion d’abord. Celle qui nous anime depuis que nous nous sommes rencontrés chez BDDP. Passion pour la créativité mise au service des entreprises et des marques. Cette passion nous a nourris plus qu’elle nous a dévoré. Elle nous a permis d’accomplir un rêve : Entreprendre*, créer notre boîte, foncer dans le tas* sans trop réfléchir, toujours avec bienveillance* en espérant que quelques clients* soient sensibles à l’offre d’une agence à forte exigence créative dédiée aux marques avec, placés sur un pied d’égalité, les métiers de la communication, du branding* et de l’architecture. Vingt-cinq ans plus tard, embarqués dans la belle aventure d’Havas, les petits cochons ne nous ont pas mangé. Après avoir accueilli près de 4000 collaboratrices et collaborateurs, le rêve est devenu réalité. Quelle chance ! Quelle richesse !
Mais c’est en voyant le métier attaqué, critiqué, dévalorisé, que nous nous sommes dit qu’il fallait entrer en résistance, et tenter d’inverser la spirale. L’économie a plus que jamais besoin des agences, ces structures fragiles peuplées d’irréductibles indociles. Être en agence* aujourd’hui, c’est refuser la logique implacable des tableurs Excel* et de l’esprit de sérieux, quand le processus l’emporte sur l’idée, quand la défiance étouffe la confiance et l’égo* l’altérité, quand enfin, la mondialisation impose ses standards de créativité standardisés.
L’agence* mérite d’être vécue et défendue parce qu’avec les ateliers d’artistes, les écoles d’art, le théâtre* et la musique, ce sont les derniers endroits où expérience et intuition* sont cultivées à l’air libre. Ecce Dico est destiné à tous les fous volants qui restent, et qui veulent continuer de rêver sur leurs drôles de machines. Avec toutes nos consœurs et confrères, membres de l’AACC et de l’ADC, nous administrons la preuve qu’il est encore possible de vivre de cet art-là. Celui de la création d’imaginaire* à forte valeur ajoutée.
Bien sûr il y a la face cachée : les sujets graves de harcèlement, le travail non rémunéré, la tension sur les prix, les charges de travail, l’âpreté des consultations, etc. Nous n’en n’ignorons rien. Mais au regard des faces nord si abondamment documentées qu’elles minent et découragent, nous avons voulu partager nos convictions en arpentant la face sud et joyeuse de nos métiers.
Les jeunes* ont aujourd’hui une page blanche* pour écrire les saisons suivantes de cette aventure. C’est grisant. Ils jettent aux orties leurs mentors* qui ont fait leur temps et leurs mantras «so 20e siècle». Avec courage et passion, ils réenchantent leur futur en prenant au sérieux les attentes exprimées par des publics segmentés à l’infini. Pub*, design, activation… peu importe : la communication est dans notre nature. Elle mérite le meilleur. Ils rêvent, la tête dans le Cloud et les pieds sur terre, à des récits responsables*, attentifs, contribuant à une certaine idée du bien commun. Peu importe la musique qu’ils ont dans la tête, ils sont là où naît l’inspiration*, où s’aiguise la curiosité*. Ils gardent intacte leur capacité d’émerveillement*. WOW* ! Vaste programme !
Ecce Dico, n’en déplaise à nos enfants, n’aura pas le prix Goncourt et ne fera pas la une du vingt heures, mais s’il peut donner aux étudiants et aux jeunes* professionnels, qu’ils soient en agence* ou chez l’annonceur, l’envie de rejoindre l’un des plus beaux métiers du monde, nous aurons fait livre utile*.
* Quelques-unes des définitions parmi la centaine de l’abécédaire.