Nous avons tous lu, partout sur LinkedIn, sur Twitter, par SMS, cette recherche avide de nouveaux talents et plus particulièrement de ressources opérationnelles dans les métiers des PR. Le phénomène n’a jamais été aussi marquant.
Quand une agence ou un annonceur cherchait un talent jusqu’à présent, on s’appelait au sein d’un réseau pour se repasser un bon profil, un CV intéressant que l’on n’avait pu intégrer faute d’un bon timing. De bonne grâce, on rendait service à un client ou à un partenaire en faisant une efficace mise en relation. Mais ça, c’était avant !
Aujourd’hui, la reprise économique se traduit par une raréfaction des ressources, surprenante, brutale. Comment expliquer le phénomène alors que les budgets accordés aux PR sont stables en moyenne ? Un regain économique booste un petit mercato, mais pas de cette ampleur. L’explication tient davantage à une sous-valorisation du métier de consultant PR et un traitement salarial qui décroche totalement avec la réalité des exigences des agences (et de leurs clients).
Une revalorisation du métier et des profils opérationnels est donc urgente. Il en est de la responsabilité des agences mais aussi de celles des annonceurs dans la rétribution des agences et dans leur mode de collaboration.
BAC+5 = 2300 euros brut
Le SCRP (Syndicat du conseil en relations publics) a communiqué son étude sur les salaires. Un consultant PR débute à 2300 euros par mois. Et pour ce tarif-là, il convient au candidat d’afficher des qualités de premier plan : études supérieures en communication, minimum BAC+5, capacité éditoriale forte, pratiques digitales, capacité de compréhension technique et de synthèse, sens aigu du relationnel, maitrise de l’anglais, curiosité, goût pour les médias… Pour mériter ce salaire, le consultant devra collaborer pour cinq ou six clients au cours de longues journées intenses. Pas évident dans ce contexte de trouver des profils qui aient envie d’embrasser le sacerdoce des PR !
On peut noter trois accélérations qui expliqueraient cette raréfaction des ressources. D'abord, la période de confinements à répétition a donné davantage de temps aux jeunes diplômés et aux jeunes professionnels de se poser les bonnes questions sur leur métier, leur équilibre de vie, leurs projets. On retrouve pareil phénomène dans un grand nombre de branches où l’engagement attendu est fort et les salaires bien maigres. Les jeunes profils sont ambitieux pour leur vie personnelle et on ne peut pas leur reprocher.
Deuxième facteur, le métier des PR se complexifie. Il est à la fois plus technique, plus stratégique, plus live, plus connecté aux enjeux sociétaux, plus digital. Il demande des compétences métiers fortes et un bon mix de soft skills. Il est plus passionnant que jamais certes, mais plus exigeant et engageant.
Enfin, les annonceurs et leurs services achat opèrent une forte pression sur les honoraires des agences, c’est-à-dire sur les salaires des collaborateurs. Cette pression se traduit par une négociation très dure des tarifs horaires, en particulier sur les profils opérationnels. Elle se traduit aussi par une définition floue des scopes d’intervention qui favorise l’over-servicing ou par une négociation forfaitaire des prestations qui ouvre à bien des abus. C’est enfin des processus de consultation plus lourds et plus fréquents qui pèsent sur la rentabilité des agences de manière globale.
Recréons de l’appétit pour ce métier
Une revalorisation du métier et des profils opérationnels est donc urgente. Il en est de la responsabilité des agences mais aussi des annonceurs. Une augmentation de 20% des salaires opérationnels, c’est pour bien des agences plus de la moitié de la marge à laquelle elles renonceraient. Mais cela ne peut être une mesure unilatérale et isolée.
En dehors de cette mesure, c’est un système qu’il convient de revoir en commençant par 5 points clés : la professionnalisation des pratiques commerciales des agences (temps passés / prestations), la formation continue et permanente des jeunes talents et des évolutions rapides dans les organisations, l'encadrement des processus de consultation qu’il s’agisse de leur fréquence ou de leurs modalités, la valorisation des métiers PR au sein des annonceurs, dans les directions des achats, les directions marketing, les directions générales, et enfin l'exemplarité des hauts profils dans la pratique du métier et sa promotion.
C’est parce que nous soignons ceux qui s’occupent de nos clients qu’ils peuvent les accompagner au mieux. C'est un processus de symétrie des attentions simple à comprendre pour créer des relations saines, fructueuses et équilibrées. Mais il dépend de toute la chaîne de l’entreprise et de son écosystème pour que nous soyons en mesure de le faire. On s’y met ?