Magali Berdah a longtemps exercé comme courtière indépendante en mutuelles. Mais la loi ANI, qui oblige les entreprises à proposer une complémentaire santé à leurs salariés, la prive de 90% de ses clients. La jeune femme, qui ne «supporte pas l'échec», s’obstine… Et tombe très bas: dettes, mauvaises rencontres, etc. Jusqu’au jour où tout bascule. Elle accompagne une amie candidate de téléréalité à un rendez-vous dans un hôtel susceptible de lui offrir une chambre moyennant une promotion sur ses réseaux sociaux. L’ancienne courtière s’aperçoit que de nombreuses marques font ainsi appel à des influenceurs en échange de cadeau, sans jamais les rémunérer. «J’étais sidérée de découvrir ce système. L’hôtel allait gagner de l’argent, il était normal que l’influenceuse aussi.» Elle décide de prendre la candidate sous son aile et de négocier tous ses contrats. Elle lance son agence en 2016, baptisée Shauna Events, du prénom de l’ainée de ses trois filles.
Entre admiration et dénigrement
«Avant, les grandes agences méprisaient les petites marques et la téléréalité. J’ai accueilli tous ceux dont personne ne voulait.» L’agence compte aujourd’hui plus de 200 influenceurs en exclusivité pour 49 salariés. Ce business créé de toutes pièces provoque tour à tour admiration et dénigrement. «Je suis régulièrement exposée à la haine et au cyber-harcèlement. Pourtant, Shauna Events répond à un vrai besoin des marques, des influenceurs et du public», se défend Magali Berdah. Ces deux dernières années, quelque 200 agences positionnées sur l’influence ont émergé en France. «La santé du secteur est au beau fixe: il évolue, il est vivant, il est actif économiquement.» Spécialisée au départ dans la téléréalité, Shauna Events a fait des petits avec ses filiales Victoria Talents (micro-influence), Kikandou (booking d’influenceurs), Atypic Talents (personnalités «différentes»), Sublime Talents (chroniqueurs, blogueurs…) et Kazak Sport (sportifs).
Un deuxième livre en juillet
Afin de structurer sa société, l’entrepreneuse à vendu des parts à Banijay, producteur de contenus pour la télévision, qui lui permettra de développer l’agence à l’international. «J’ai tenu plus de deux ans toute seule, mais aujourd’hui, j’ai besoin de m’entourer de professionnels.» Une manière également de dégager du temps pour ses deux autres passions: la télé et la littérature. Chroniqueuse dans l’émission Touche pas à mon poste, Magali Berdah «adore débattre», mais surtout «défendre les influenceurs issus de la téléréalité, trop souvent calomniés». En ce mois de juillet, elle publie son deuxième livre «Comment devenir influenceur?». À ceux qui lui reprochent de trop se mettre en avant, elle répond: «Au contraire, participer à une émission de télé m’aide à comprendre les personnalités que j’accompagne. Et ce n’est pas un frein au business car cela m’ouvre de nombreuses connexions.»