Chassez le naturel, il revient au galop. Fondateur d’Aprile Productions, Vito Ferreri sait que l’on ne peut se détourner éternellement de ses penchants. « Je voulais être réalisateur de cinéma, mais je n’osais pas le dire à mes parents », confie celui qui est né de la rencontre d’un « papa sicilien » et d’une « maman franco-algérienne » installés dans la banlieue sud de la capitale. « Je suis issu de la culture “ritale”, un mot que je ne pouvais pas prononcer devant la plupart des membres de la famille. C’est dire à quel point », s’en amuse a posteriori Vito Ferreri, qui s’oriente plus prosaïquement vers la communication et le marketing.
La chance de sa vie
Passé par l’Iscom et Sup de Pub, le jeune homme va connaître la « chance de sa vie » en entrant chez Radio Nova à l’âge de 24 ans. Il n’en sortira que seize ans plus tard. « J’y ai fait des rencontres déterminantes comme celles de Jean-François Bizot et d’Édouard Baer », rembobine ce père qui a « élevé seul ses trois enfants ». Mais sa passion dévorante pour le 7e Art finit par le rattraper, malgré son évolution chez Nova qui le voit participer au lancement du département de production Nova Spot en 2005. « Le côté commercial commençait à me peser », reconnaît-il. À 40 ans, Vito Ferreri fait donc le grand saut en créant sa propre société, baptisée Aprile Productions, une « référence directe » au film de Nanni Moretti sorti en 1998.
Un ami qui lui veut du bien
Un « pari » dans lequel il se lance à corps perdu, avec le soutien d’Édouard Baer, qui n’hésite pas à apparaître à l’écran dans un film de lancement tout aussi loufoque que remarqué. « Je ne sais pas si j’aime la pub mais j’aime la création publicitaire », reprend Vito Ferreri, pour qui « les grands réalisateurs de cinéma ne sont pas forcément aussi doués dans la publicité et réciproquement. Ce sont deux exercices totalement différents », analyse cet admirateur de Paolo Sorrentino, qui ne cache pas qu’il n’y a « paradoxalement jamais eu autant de longs-métrages français malgré la difficulté grandissante pour les produire ». « C’est un bon producteur, qui plus est dans un contexte compliqué », souligne Dominique Farrugia, qui a collaboré avec Vito Ferreri sur un projet publicitaire Ogilvy/Ford mettant en scène Carla Bruni.
Un constat qu’il n’est pas le seul à faire. « La production est devenue une baston sans nom depuis quelques années, avec un décalage de plus en plus manifeste entre l’offre et la demande. Cela pose un problème vis-à-vis des jeunes réalisateurs », confirme Vito Ferreri. « Il est intelligent, il a des idées et n’hésite pas à mettre la main à la pâte. Son seul défaut, c’est qu’il a essayé de maigrir », sourit Dominique Farrugia. Un comble pour cet épicurien qui s’apprête à ouvrir un restaurant dans le 9ème arrondissement. Un établissement -forcément- spécialisé dans la « cuisine italienne ».
Parcours :
1971. Naissance à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine).
1995. Débuts chez Radio Nova, où il se lie notamment d’amitié avec Édouard Baer.
2005. Lance le département de production Nova Spot
2011. Création d’Aprile Productions.