Le MIPTV, deuxième plus grande rencontre mondiale des professionnels de la télévision, revient ce lundi 4 avril au Palais des festivals à Cannes en format plus court et plus dense, nourri de débats sur l'avenir de la télévision face au numérique.
Après deux ans rythmés par la pandémie de Covid-19, « il y a un vrai besoin pour l'industrie internationale de se donner rendez-vous aujourd'hui parce qu'elle a rebondi et que la consommation de contenus n'a jamais été aussi forte », assure à l'AFP Lucy Smith, directrice du MIPTV, dont la 59e édition doit durer trois jours.
Rien de tel « qu'un rendez-vous international pour prendre la température et comprendre les tendances du marché », garantit la patronne de l'événement, également aux manettes du Mipcom, pendant automnal du MIPTV et plus important marché international de l'audiovisuel.
Comme tout le secteur événementiel, les deux marchés professionnels ont souffert des répercussions sanitaires liées au Covid-19: le MIPTV avait été ainsi annulé en 2020 et s'était tenu en ligne en avril 2021.
Le Mipcom avait eu lieu en octobre 2021, après une édition 2020 en ligne, mais avec une fréquentation largement en-deçà des années précédentes, en l'absence de nombreux participants américains et asiatiques. Il avait accueilli 4.500 personnes contre 13.500 en 2019.
Cette année, le MIPTV, qui disposera aussi d'un site en ligne, attend à Cannes quelque 5.000 participants, dont 1.200 acheteurs, venus de 80 pays. Pour les organisateurs, le groupe RX (ex-Reed Exhibitions), ces chiffres demeurent satisfaisants sachant que certains territoires, comme la Chine, ne voyagent toujours pas.
Conséquence du conflit en Ukraine, la Russie, renommée dans le secteur de l'animation jeunesse, sera absente du salon. En revanche, près de 80 professionnels ukrainiens sont attendus, notamment sur un pavillon, mis à disposition par les organisateurs. Ces derniers ont également offert l'accès au marché en ligne à plus de 200 autres personnes.
Rendez-vous « plus efficace »
« C'est très important que les Ukrainiens puissent continuer à promouvoir leurs contenus et à être entendus », soutient Mme Smith, indiquant que quatre sociétés ukrainiennes seront au coeur d'une conférence lundi après-midi.
Pour son grand retour physique, le MIPTV, qui prévoyait déjà en 2020 de faire peau neuve, va donner à voir les changements entrepris pour coller aux attentes de ses participants en quête d'un « rendez-vous plus efficace, avec un meilleur retour sur investissements et une durée un peu plus concentrée », d'après sa dirigeante.
Les deux journées consacrées aux présentations de projets de documentaires et de formats de jeux sont désormais intégrées aux trois journées du salon durant lesquelles distributeurs, producteurs, acheteurs et commanditaires mondiaux de programmes en tous genres réseautent.
Rencontres thématiques, ateliers individuels, mentorat, séances en petits groupes: de multiples formats de rencontres sont prévus pour faciliter les affaires, notamment avec les participants du salon Esports BAR, dédié aux sports électroniques, également organisé par RX et qui se déroulera en même temps que le MIPTV.
De fait, les enjeux numériques seront au coeur de plusieurs conférences cette année entre métavers, NFT, blockchain et sports électroniques, autant d'univers numériques posant des défis à la télévision, confrontée à une érosion de son audience, séduite par les multiples offres de streaming vidéo.
« On se doit d'être sur ces sujets d'avenir et montrer à nos clients, qui sont souvent très concentrés sur leur activité de tous les jours, ce qui se passe un peu plus loin », estime Lucy Smith.
Pour cette spécialiste de l'audiovisuel, le secteur « a dû se mettre en pause au début de la pandémie (de Covid) mais a su rebondir et s'adapter ».
« L'enjeu aujourd'hui est d'arriver à produire suffisamment de contenus de qualité pour remplir les besoins des plateformes, des chaînes, et donc de trouver suffisamment de studios, réalisateurs ou showrunners » pour répondre à la demande.