[Tribune] Comme dans d’autres secteurs, la souplesse des conditions de travail et la recherche de sens sont au cœur des processus de recrutement dans le domaine des affaires publiques.
Il existe une forme de paradoxe à observer la conjoncture économique actuelle. D’un côté, la France est frappée par une inflation record (6,1% en juillet). De l’autre, les démissions n’ont jamais été aussi nombreuses. La Dares (1) comptabilise plus de 620 0000 démissions et ruptures conventionnelles au 3e trimestre 2021, et 520 000 entre fin 2021 et début 2022.
Cette « grande démission » touche des secteurs aussi divers que l’industrie, le BTP, la santé, l’hôtellerie et la restauration… Les démissionnaires évoquent majoritairement les conditions de travail et l’évolution des salaires comme facteurs motivant leur décision. À l’inverse, l’économiste Olivier Favereau estimait récemment que les salariés participant aux développements stratégiques des entreprises semblaient moins enclins au départ.
Les professionnels des affaires publiques, dans l’exercice de leurs fonctions, sont par définition engagés dans la conduite stratégique de ces orientations. Ils n’échappent pas à la règle ; on observe chez eux une nécessité de concilier leurs choix de carrière avec leurs aspirations personnelles. Loin de l’image parfois véhiculée d’un lobbyiste dépourvu de vie de famille, sans valeurs, nos nouveaux talents, non moins intéressés à l’évolution de leur carrière, ont d’autres attentes, qui représentent un nouveau défi pour les recruteurs et les organisations.
Avec la démocratisation du télétravail depuis le début de la pandémie, de nombreux candidats à des postes en affaires publiques sur des problématiques nationales souhaitent maintenir cet équilibre quand la France connaît encore une forte concentration de ses institutions à Paris. Au-delà de ça, c’est la capacité à constituer un réseau tout en embrassant les codes de ce milieu professionnel qui semblent plus difficiles à mettre en œuvre à distance.
Il ne faut pas s’en alarmer pour autant. Le covid a montré combien il était possible de basculer vers des méthodes à distance qui offrent des moyens de l’échange efficace et sécurisé, adoptés par l’ensemble du secteur – gouvernement et Parlement inclus. On note aussi une plus forte professionnalisation du secteur, où la connaissance des rouages et des techniques prévaut de plus en plus sur la connaissance des personnes, qui ont de toute façon vocation à changer lors de remaniements fréquents.
Les valeurs, déterminants majeurs
Quelques aspirations complémentaires viennent profondément modifier les règles de recrutement de ces professionnels. Lorsqu’on évoque en entretien les raisons qui pousseraient le candidat à rejoindre la structure, les possibilités d’évolution de carrière côtoient la quête de sens dans l’exercice de son métier. Aussi, si les responsabilités et la variété des dossiers sur lesquels le futur recruté sera amené à travailler sont des moteurs lorsqu’il s’agit de répondre à une annonce, les valeurs auxquelles est assimilée l’organisation seront des déterminants majeurs à l’envoi d’une candidature. C’est encore plus probant pour les professionnels des affaires publiques, qui deviennent de fait les porte-parole des politiques et engagements RSE menés au sein de leur entreprise.
Les critères de choix des candidats portent avant tout sur l’image associée à sa structure, sur sa notoriété en interne, mais également à l’extérieur. Une logique bien comprise des recruteurs, qui cherchent à rendre attractives les conditions d’accès à l’emploi tout en modifiant les symboles associés aux noms des entreprises. Ces engagements, au-delà l’aspect purement business, semblent pérennes pour la société. Ils montrent combien le candidat est acteur du changement d’un marché de l’emploi qui s’organise non plus autour de la seule sélection des profils, mais également autour du choix de rejoindre une structure qui les valorise et réponde à leurs aspirations.
(1) Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques.