Volatilité, incertitude, complexité et ambiguité sont les caractéristiques de notre monde actuel. Pour les managers et les organisations, cela implique de faire évoluer ses pratiques.
Cette pandémie qui s’installe dans nos vies, l’Ukraine qui dérive vers une crise mondiale, un pays sociologiquement fracturé… Pas facile de fixer un cap et maintenir la motivation des équipes, dans ce monde VUCA, ce célèbre acronyme qui décrit notre monde…
D'abord, volatile, fait de changements rapides, peu contrôlables, par forcément durables. La difficulté : rester à jour. C'est par exemple le travail hybride présentiel/distanciel qui, en deux ans, est devenu presque la norme.
Ensuite, incertain, un quotidien difficile à cerner, un avenir impossible à prévoir. C'est le cas des réorganisations permanentes, un plan d’économies qui nous pend au nez.
Complexe, la relation de cause à effet est remplacée par l’interdépendance. Il y a trop d’éléments en mouvement pour comprendre et décider. C'est typiquement la gestion des interactions humaines dans l’entreprise.
Enfin, ambigu (ou ambivalent), une multitude d’infos, de points de vue, parfois contradictoires et en simultanés. Notre compréhension et surtout nos décisions deviennent difficiles. Par exemple, un lancement vécu comme un échec pour certains, une expérimentation utile pour d’autres.
Un monde inconfortable
Le monde VUCA est inconfortable. Les neuro-sciences l’expliquent bien : notre cerveau passe son temps à réduire l’incertitude, tour à tour en la rationnalisant, en la faisant entrer dans des schémas connus, ou bien en désignant des coupables faciles ou imaginaires.
Nous pouvons aussi essayer de nous adapter, ou changer notre environnement. Mais pour la plupart d’entre nous, l’inquiétude, le stress voire l’épuisement dominent. Sauf si nous avons la chance de connaitre l’Eloge de l’incertitude d’Edgar Morin, pour qui notre civilisation de la maitrise est un leurre : l’incertitude est indissociable de la condition humaine.
Savoir rebondir
Il est pourtant possible, pour les managers et les organisations, de faire face, voire de rebondir. D'abord, en essayant de cultiver l’authenticité. Adopter un mode de management sincère, accepter de remettre en question nos décisions, faciliter le feedback, tout en rn restant humble : chacun d’entre nous a des limites émotionnelles et cognitives.
Il convient ensuite de privilégier l’écoute, développer son intelligence émotionnelle ; reconnaître que le sentiment de perte de contrôle est souvent difficile. L’incertitude nous rend vulnérables, elle doit nous donner envie de nous appuyer sur les autres.
Développer l’esprit d’équipe, la solidarité, la collaboration, avec nos pairs mais aussi les parties prenantes et notre écosystème, affectés par ricochet, est aussi un point à travailler, tout comme le fait de soigner sa communication et celle de l’organisation. Faire des points précis, réguliers, ouverts, avoir une vision et des objectifs partagés, actualisés et dire ce qu’on sait et qu’on ne sait pas.
La période peut aussi être une opportunité d’émergence de leaders, qui peuvent transmettre leur énergie, et faciliter l’adhésion aux changements. Elle favorise aussi l’esprit d’entreprise, l’audace, sans oublier son corollaire : le droit à l’erreur (plus courant dans les livres de management que dans la vraie vie !).
Le maitre mot, vous l’aurez compris, c'est la flexibilité. Place au test and learn, à la débrouillardise, pourquoi pas la jugaad (l’art, en Inde, de trouver des solutions en bricolant). On peut aussi puiser dans le livre de référence de Frédérix Laloux, Reinventig Organizations.
Changer par petits pas
Cette période nous invite à changer. Mais comment ? Cette wish list, en forme d’ABC du développement personnel, peut faire sourire. Plutôt que vouloir tout mettre en oeuvre, commençons par des petits pas, et ce qui nous fait envie, nous semble pertinent. Et surtout possible, car changer ne va pas de soi : on ne devient pas calme, résilient ou collaboratif en lisant une chronique.
L’aide de ses pairs, voire d’un coaching peut être décisif. S’il ne faut retenir qu’une chose, ce serait : tenter d’aborder ce monde VUCA comme un stoicien. Epictète nous propose de concentrer nos efforts sur ce qui est de notre ressort – changer de comportement ou de regard – et lâcher sur ce que nous ne maitrisons pas : le contexte économique et concurrentiel, et souvent les autres.
L’issue, pourquoi pas le rebond, est de se changer soi, plutôt que s’épuiser à contrôler le monde.