Du fait de la crise sanitaire, l’année 2020 aura été difficile sur le front de l’emploi, la chute des recrutements de cadres faisant office de marqueur particulièrement flagrant. Sans surprise, cette situation a rendu encore plus ardue l’insertion des primo-entrants dans la vie professionnelle. Cette mise à l’épreuve a cependant décuplé leur capacité d’imagination et d’initiative, comme le montrent ces témoignages, recueillis auprès d'anciens étudiants d'écoles de communication qui ont réussi leur insertion en entreprise.
« Ils recherchaient une personnalité »
Ophélie Baumeister (master web marketing à l'ECV Digital), cheffe de projet marketing de Touchpoint Media, à Nantes, depuis mars 2021.
« Mon projet initial était d’intégrer des start-up pour devenir chef de projet en web marketing. À chaque fois, j’ai compris que c’était mon manque d’expérience qui posait problème. Je me suis donc tournée vers des entreprises de plus grande taille. J’ai préparé les entretiens de façon à créer du lien entre les valeurs de l’entreprise et moi, à valoriser ce que je pouvais apporter. Les recruteurs voulaient connaître mon opinion sur le projet d’entreprise pour vérifier si j’avais fait des recherches, savoir comment je me situais par rapport aux valeurs de celle-ci. J’ai trouvé mon poste actuel à travers le réseau LinkedIn. J’ai eu deux entretiens, avec le directeur de l’agence et les responsables du pôle. J’avais déjà rencontré le directeur de l’agence lors de mon master. Il y a eu un "match" sur les compétences et la façon de penser. Ils recherchaient davantage une personnalité qu’un niveau d’expérience. Ils avaient déjà des experts, ils étaient prêts à me former. »
« Je lui ai proposé d’appeler mes anciens managers »
Chloé Barthe (master digital marketing & data analytics à l’EMLV), digital marketing manager à L'Odaïtès depuis février 2021.
« C’est durant mon stage chez L’Oréal, à la direction digitale internationale, que j’ai été contactée [sur LinkedIn] par la fondatrice d’une marque française de cosmétiques botaniques. Durant l’échange, il faut bien avoir l’historique d’une marque et ses valeurs en tête, surtout si l'on parle directement au fondateur. La genèse de la marque lui tient naturellement à cœur, c’est sa passion. J’ai valorisé mes six ans d’études et d’expérience professionnelle. Cela m’a aussi permis de mettre en avant mes capacités professionnelles et mon implication dans mes missions. Elle m’a posé la question des trois défauts et des trois qualités. J’ai été transparente, j’ai choisi d’assumer mes défauts, je suis très perfectionniste, mais il ne faut pas, bien sûr, que ce soit rédhibitoire. Je lui ai proposé d’appeler mes anciens managers, ce qu’elle a fait. Cela lui a permis d’avoir la confirmation de mes qualités et de mes défauts. C’était important d’avoir ces contacts du fait de mes prétentions salariales initiales. Durant l’entretien, il faut aussi avoir une idée de la stratégie et des actions que l’on mènerait si on était en poste. Cela légitime notre candidature et prouve qu’on a réfléchi à ce qu’on ferait si on était embauché. »
« Montrer les points communs »
Salomé Chidouh (master en communication publique de l’Iscom), chargée de communication à l’agence Parimage depuis décembre 2020.
« Grâce à la newsletter hebdomadaire de l'Iscom, j'ai repéré en novembre 2020 une annonce publiée par une ancienne élève dont l'agence recherchait une junior et traitait avec des clients publics. Durant le premier entretien, j'ai cherché à montrer tous les points communs qui pouvaient exister entre les missions du poste et mes expériences passées. Durant le deuxième entretien, un autre responsable m'a demandé de lui rappeler ce que je devrais faire si j'étais recrutée. Il voulait s'assurer que j'avais bien intégré les éléments que le président de l'agence avait présentés durant le premier entretien. Comme ils ont déjà une ancienne diplômée de l'Iscom dans leur agence, ils connaissent la qualité de la formation et c'est un point important. Mon expérience sur les sujets d'intérêt général a été positif, tout comme mon parcours en classe préparatoire. C'est un point qui a été évoqué dans tous les entretiens que j'ai pu passer parce que c'est un gage de la capacité à supporter une grande charge de travail. »
« Avoir une question en réserve »
Alexandre Tournier (master e-marketing de Sup de Web), account media performance à la régie publicitaire du Figaro depuis août 2020.
« Il faut préparer ses entretiens en se renseignant sur l'entreprise, son actualité, ses projets, cela montre au recruteur l'intérêt que l'on porte à son entreprise et à son environnement. Il faut apporter du concret au recruteur, lui donner des détails sur les missions qu'on a réalisées. Certains recruteurs dévalorisent l'expérience en alternance. Il faut affirmer que c'est une véritable expérience professionnelle. Il faut aussi préparer les questions "bateau", elles peuvent encore être posées, en particulier les "trois qualités et trois défauts". Lors de l'entretien qui a abouti à mon poste actuel, les recruteurs m'ont demandé si je connaissais leurs clients. J'étais un peu déstabilisé mais j'ai réussi à y répondre. À la fin des entretiens, si le recruteur demande si vous avez des questions, il faut en avoir en réserve. Il peut être utile de creuser certains aspects : "est-ce une création de poste ou un remplacement ? Comment est constituée l'équipe ? Quels sont vos grands projets ?" Cela permet de mieux savoir où l'on met les pieds et d'éviter éventuellement une situation compliquée. »
« Être actif et visible sur LinkedIn »
Sophie Gonçalves (master digital marketing & business de l’Efap), consultante SEO et social media à RnD depuis janvier 2021.
« À la suite d'une publication sur LinkedIn mentionnant ma recherche d'emploi fin 2020, c'est mon ancienne professeure d'espagnol qui m'a recontactée pour me signaler une opportunité pour un poste de consultante SEO et social media à l'agence RnD où elle travaillait. J'ai postulé et le premier entretien avec le directeur du pôle trafic a eu lieu mi-décembre. Il m'a présenté l'agence, ses pôles, ses clients, ses projets et ses objectifs. Il voulait savoir pourquoi je postulais et aussi connaître mes domaines d'expertise, mes expériences passées, mes formations. Il m'a demandé pourquoi je m'intéressais plus particulièrement aux réseaux sociaux et au SEO plutôt qu'à d'autres domaines. Ils cherchaient une junior qu'ils souhaitaient former. L'avis de mon ancienne professeure d'espagnol a aussi joué en ma faveur. Il faut vraiment construire son réseau, l'entretenir et l'enrichir. Il faut aussi être présent sur LinkedIn, être actif et visible, poster régulièrement du contenu axé sur ses domaines d'expertise. »
« Il faut sauvegarder les offres »
Louise Bigot (master marketing et communication de l’Iseg), cheffe de projet chez Elvis depuis mars 2021.
« Dans mes recherches, j’ai trouvé l’annonce parfaite sur LinkedIn. Elle correspondait à l’entreprise que je cherchais – une agence indépendante lyonnaise - et elle proposait un poste de cheffe de projet. Durant le premier entretien, j’ai mis en avant mon expérience de gestion de projets durant mon stage en alternance dans une entreprise de chimie spécialisée dans les peintures et les traitements des revêtements en bois. J’ai aussi beaucoup mis l’accent sur le magazine 7mag, que j’ai créé avec quatre amis, pour montrer que c’était une activité qui renforçait mes capacités de gestion de projet, de management, de gestion administrative et financière. Je crois que cela a montré à la fois mon autonomie, mon organisation et ma créativité. Le plus important, c’est de bien se présenter et de montrer sa valeur, ses capacités et sa singularité. Il faut aussi sauvegarder les offres et pas seulement les consulter en ligne parce qu’elles peuvent être retirées. Il faut aussi établir un historique précis de ses recherches et de leur avancement pour ne pas être pris au dépourvu en cas d’appel non programmé. »
« Ni paniquer, ni se dévaloriser »
Alexis Cairon (master communication et média à Audencia SciencesCom), chargé de communication à la Réunion des musées nationaux depuis juin 2020.
« Dans les entretiens, il faut prouver qu'on a pris des responsabilités dans ses expériences précédentes et montrer sa capacité d'adaptation. Il faut être naturel et expliquer pourquoi on veut vraiment travailler dans ce secteur en particulier, dans mon cas les musées. La motivation, c'est une part de notre identité. Moi, les musées me fascinent, je trouve que ce sont des lieux inspirants et pleins d'imaginaire. Durant les entretiens pour mon poste actuel, passés début 2020 au moment du confinement, je me suis basé sur les conseils appris à Audencia SciencesCom tout au long de mon cursus. Je savais qu'il fallait insister sur les raisons pour lesquelles je voulais travailler dans le secteur muséal. J'ai montré que j'avais acquis les compétences nécessaires au pilotage de projets de communication à travers mes expériences. J'ai aussi été plus spontané et authentique, moins en recherche de la bonne réponse. Globalement, il ne faut ni paniquer ni se dévaloriser, et garder confiance en soi.