Tribune
Le séisme du Covid-19 n’est pas différent des grands chocs qu’ont eu à traverser les générations qui nous ont précédés. Dans nos quotidiens, au sein de nos entreprises, c’est une nouvelle dynamique plus égalitaire et plus solidaire qui émerge pour construire l’après-crise, avec l’engagement des salariés comme principe.

Après deux mois de confinement, de bureaux déserts et d’échanges virtuels entre collègues, plusieurs évidences jusqu’alors méconnues apparaissent clairement aux yeux des acteurs du monde de l’entreprise. Tout d’abord, malgré la distance et quelques bugs de connexion, nous ne nous sommes jamais sentis aussi proches et unis les uns aux autres. On réalise désormais pleinement que, derrière la contrainte apparente du métro-boulot-dodo, le travail est un lieu de socialisation indispensable qui enrichit nos vies.

Ce lien a sans doute toujours existé, mais il est aujourd’hui devenu nettement perceptible de tous, comme en atteste la vague de gestes de solidarité, de civisme et d’entraide incroyables dont on a été témoin ces dernières semaines, qu’il s’agisse de réductions de salaires consenties pour sauvegarder l’emploi ou d’adaptations des chaines de production, notamment à destination du personnel soignant.

Ce renforcement des liens a également engendré une véritable horizontalité au sein de l’entreprise. Au fil des semaines, les liens hiérarchiques ont eu tendance à perdre de leur importance, sans remettre en cause l’efficacité opérationnelle de chacun, bien au contraire. Cette nouvelle organisation, basée sur le respect et la responsabilisation individuelle, est appelée à devenir la norme dans les années à venir.

Des blessures à soigner

Mais cette nouvelle réalité ne doit pas en occulter une autre, beaucoup plus douloureuse. La crise du Covid-19 est un traumatisme générationnel qui nous impacte tous, mais qui peut avoir des conséquences dévastatrices pour certains. Cette détresse psychologique grandissante doit être prise en compte au sein de l’entreprise comme une catharsis pour, tous ensemble, sortir de l’ornière et envisager sereinement, et avec optimisme, le monde d’après. Là encore, le contexte du travail et de l’entreprise a un rôle fondamental à jouer.

L’échange et la parole entre collègues auront évidemment une place centrale pour nous reconstruire individuellement et collectivement, en partageant les souvenirs bons et mauvais de cette période comme aucune autre. L’entreprise doit faciliter et encourager ces interactions, pour libérer la parole et permettre de jouer le rôle de soupape pour des employés qui viennent de passer un long huis-clos dans leur environnement familial. Comme on a pu le voir dans un récent sondage Opinionway sur la crise du coronavirus et le monde du travail, les Français ont très largement une vision positive de la réponse de leur entreprise aux challenges inédits imposés par la situation sanitaire. Ils sont 76% à estimer que leur entreprise a bien géré la crise et leur a offert un accompagnement adéquat (83% ont une évaluation positive de leur expérience de télétravail), et ils sont 77% à avoir confiance dans les mesures sanitaires prises pour préparer le déconfinement.

Il faut maintenant que les entreprises, les chefs d’entreprises et les dirigeants de tous niveaux, transforment l’essai pour faire de la crise la rampe de lancement d’un monde du travail plus épanouissant et plus adapté aux réalités d’un monde qui change. C’est un enjeu fort, crucial, pour les semaines et les mois à venir. Chacun doit tirer les enseignements de la crise et les acquis sociaux et sociétaux de cette période hors-norme, pour renforcer encore la cohésion globale de l’entreprise et l’adhésion des équipes à un projet fédérateur.

Engagement collectif

Encore une fois, s’il est une leçon à retenir de la crise du Covid-19, c’est bien celle de l’importance redécouverte de la cohésion d’équipe et du sens du collectif. C’est ensemble, bien qu’éloignés, que nous avons réussi à gérer les angoisses des premiers jours. C’est ensemble, encore et toujours, que nous sommes parvenus en quelques semaines à réinventer notre manière de travailler et d’interagir avec une efficacité et une fluidité que nous ne soupçonnions pas possible.

La prochaine étape, pour construire durablement sur ce formidable élan, doit nécessairement passer par un engagement accru et de tous les instants de l’ensemble des salariés. L’entreprise est un corps social. Nous l’avions peut-être partiellement oublié, mais le coronavirus nous l’a rappelé de manière spectaculaire. Et pour qu’un corps social vive bien, toutes ses composantes doivent être actives et intégrées. L’ère du taylorisme, qui a longtemps été la norme, y compris dans le secteur tertiaire, est bel est bien révolue.

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