étude
Réduction des budgets, resserrement des équipes, fonction remise en cause... L’Association française de communication interne (AFCI) livre, en exclusivité pour Stratégies, les résultats de son baromètre 2012.

L'invitée de marque dans l'enquête sur la fonction communication interne, menée par l'Association française de communication interne (AFCI), en partenariat avec le cabinet Inergie, c'est la crise! La majorité des tendances identifiées par l'étude, réalisée en janvier et février, sont clairement induites par la dégradation de la conjoncture. Cela se retrouve ainsi dans le premier objectif assigné à la communication interne: 78% de ces professionnels répondent «accompagner le changement de l'entreprise» (fortement en hausse). Puis «expliquer la société et ses orientations stratégiques», ou encore «donner du sens à l'action de chacun». En pleine tempête, le rôle numéro un de la communication interne s'apparente à un phare: éclairer les salariés sur le cap choisi par leur groupe. «Aujourd'hui, on ne parle même plus de conduite du changement, c'est devenu quelque chose de glissant et de permanent», explique Guillaume Aper, président de l'AFCI. Du coup, certaines missions cruciales sont reléguées en fin de liste: favoriser l'innovation, écouter le corps social...
«Bon nombre de nos adhérents nous confient qu'ils consacrent trop de temps à la production de contenus et pas suffisamment à conseiller le management et entendre les salariés», ajoute Guillaume Aper.
Autre mauvaise nouvelle: la taille des équipes de communicants tend à se réduire. Dans plus d'un cas sur deux, elles ne sont composées que de deux à quatre personnes. Et 25% de ces services seulement comprennent plus de cinq salariés et ce, bien sûr, dans les grands groupes de plus de 2000 salariés. «Par rapport à la précédente édition de l'enquête en 2009, la tendance est clairement au resserrement», confirme Catherine Broyez, directrice des études, Inergie Opinion.
Côté budget aussi, c'est plutôt la diète. A la question: «Quel est l'impact de la crise?», 41% des communicants internes répondent: «Une réduction globale des budgets» et ils sont également nombreux à parler de «diminution partielle des dotations». Le coup de froid sur l'économie a eu aussi une autre conséquence sur le travail des communicants: interrogés sur les freins à l'exercice de leur activité, ils citent largement en tête le manque de transversalité et le cloisonnement. En effet, dans ce climat glacial, salariés et managers ont naturellement tendance à se replier sur eux-mêmes et à ne s'investir que sur les tâches qui améliorent immédiatement les résultats de l'entreprise. Participer aux grands projets de communication interne n'est pas prioritaire.

Dans cette radioscopie très complète de leur fonction, les porte-parole identifient également de nouvelles attentes fortes de la part des salariés: plus de cohérence entre le discours et la réalité du terrain, plus de transparence...

 

Renforcer le lien entre les salariés et l'entreprise

Et ils pointent également une mutation profonde de leur métier: la porosité de plus en plus grande entre communication interne et externe. Selon 53% des sondés, la communication devient un métier global au service des différentes cibles et les frontières de l'entreprise s'estompent. Une confusion des rôles et des missions que récuse le président de l'AFCI: «Il faut des professionnels affectés à 100% à l'interne; vous pouvez être un excellent communicant externe et être mauvais vis-à-vis des collaborateurs. Les techniques d'interaction n'ont rien à voir, les sujets traités non plus: notre mission est davantage sociale et consiste à renforcer le lien entre le salarié et la société. En 2009, certains groupes avaient associé leurs employés à la conception de leurs plans d'économies.»
S'il y a une chose qui ne change pas, selon cette enquête, dont la première édition date de 1987, c'est d'abord l'omniprésence des femmes (75% des répondants). Ensuite, l'hétérogénéité des profils et des parcours se retrouvent dans des formations initiales diverses. Plus de la moitié des communicants internes sont issus d'univers très différents (écoles de commerce, sciences humaines, journalisme, autres cursus universitaires, etc.).
La fonction est aussi plutôt une activité de seconde partie de carrière, à laquelle on accède, dans un cas sur deux, après avoir exercé une activité différente dans son entreprise. D'ailleurs, la moitié des répondants a plus de 40 ans. Logique, car dans ce métier, la connaissance des rouages, ou des us et coutumes de la société, compte plus que les techniques de prise de parole. Pas inutile pour traverser une tempête sans trop de dommages...


(encadré)

 

Salaires : la plèbe et le patriciat
Chez les responsables de la communication interne, il y a, comme à Rome, la plèbe et le patriciat. Alors que 40% des professionnels du secteur gagnent moins de 45 000 euros par an, il sont 17% à toucher plus de 76 000 euros (13% en 2009), avec une nette surreprésentation des hommes (près de quatre fois plus que les femmes). Entre les deux, 26% sont rémunérés entre 46 000 et 65 000 euros et 8% entre 66000 et 75000 euros. Les gros salaires se retrouvent surtout dans les grands groupes.

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