Medias
Pour que les plateaux de télévision ne soient plus réservés aux hommes, un annuaire identifie une centaine de femmes spécialistes dans leur domaine.

Avec son projet de chaîne TNT, Elle TV, le magazine Elle était encore sous le feux de l'actualité, la semaine dernière, en raison de la sortie du Guide des expertes. Réalisé avec Epoke Conseil et les éditions Anne Carrière, cet annuaire entend lutter contre la sous-exposition des élites femmes dans la prise de parole médiatique. Il recense plus d'une centaine de spécialistes: nucléaire, immigration, marché du travail, éducation… Avec les parcours, les domaines de compétences et, bien sûr, les coordonnées. Il s'agit, en somme, d'apporter sur un plateau aux rédactions, les contacts de ces spécialistes de haut vol pour tenter d'établir l'égalité de sexes dans la presse, les journaux audiovisuels ou les émissions de débat. Selon un rapport de la Commission sur l'image des femmes dans les médias publié en décembre 2011, 18% de femmes sont intervenues en tant qu'expertes dans les médias entre le 15 septembre et le 15 novembre 2011, contre 82% d'hommes.

Et le rapport précise que lorsque des spécialistes s'expriment à la télévision, elles ont un temps de parole sept fois moins important que leurs homologues masculins. «Je suis d'ailleurs frappée de constater la même chose lors des journées de débats organisées par les quotidien Libération ou Le Monde», indique Marie-Françoise Colombani, journaliste à Elle. Une discrimination qui n'est pas uniquement due à une volonté délibérée d'écarter les femmes, mais qui peut aussi avoir une explication plus pragmatique: les hommes se font davantage «mousser», et sont donc plus rapidement identifiables. Or, la recherche d'expert dans les médias se fait toujours dans l'urgence.

Annuaire plus élargi en septembre

Maintenant que ce premier annuaire existe, plus d'excuses pour n'interroger que des hommes. Il ne recense dans un premier temps qu'une grande majorité de Franciliennes, et ne présente sciemment pas de photos des expertes: «Nous n'avions pas envie qu'elles soient choisies d'après leur physique, ce qui arrive souvent sur les plateaux de télévision.» En revanche, la centaine de professionnelles retenues appartiennent toutes à un organisme officiel, gage de sérieux.

En septembre prochain, les éditions Anne Carrière devraient publier un annuaire plus élargi que le premier, identifiant des femmes dans la France entière. L'initiative rappelle celle de l'association Efficience, qui avait lancé, il y a plus d'un an le Gotha noir de France (Jacques-Marie Laffont Editeur, 29,90 euros), pour mettre en avant des parcours d'excellence. Il aura fallu attendre 2012 pour que le concept de Who's Who devienne une arme antidiscrimination…

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