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Le mode de management du PDG d’Allociné et ancien clown, Grégoire Lassalle, n’a rien d’académique, mais est terriblement efficace.

«Quand je recrute je pose deux questions : “Vous aimez l'OM ?” et “Où habitez-vous ?”».Les candidats sortent du bureau de Grégoire Lassalle, le PDG d'Allociné, déboussolés.En fait, la plupart du temps, les compétences ont déjà été validées par ses managers, et lui ne vérifie que le «feeling», en leur serrant la main, en croisant leur regard... Jauger les émotions humaines, un jeu d'enfant pour cet ancien clown, devenu chef d'entreprise «grâce à son intuition». «Le jour de l'embauche, je leur dis de me tutoyer et de m'appeler Greg», poursuit le dirigeant de 56 ans. «Gregou» pour les intimes, du nom de son personnage dans Merci qui, série humoristique qui rebondit sur l'actualité cinéma, et était diffusée sur le site Allociné.

Grégoire Lasalle revendique le fait de n'avoir aucune des compétences de son comité exécutif. «Il ne brille pas en finances, droit ou même informatique, explique Stéphane Sorin, ex-responsable CRM d'Allociné. Mais il a un don naturel pour le management.» Le personnage occupe d'ailleurs beaucoup de place dans l'entreprise. «Il a peur quand sa cote d'amour risque de baisser», ajoute Frédéric Krebs, directeur général France de la société. Un management paternaliste mis à l'épreuve à mesure que la société grandit: elle compte cent salariés maintenant. D'ailleurs, son comité exécutif vient de lui suggérer de recruter un DRH. Un crève-cœur pour Grégoire Lassalle. «Je l'ai très mal pris, car je suis là, j'essaie d'être juste, de distribuer des primes», confie-t-il.

Sa plus belle réussite de chef d'équipe est collective bien sûr: «La fierté d'avoir revendu l'entreprise très cher en 2007; ainsi chacun des douze autres salariés-actionnaires qui avaient repris la société avec moi, a pu s'acheter un appartement.» Des «grognards» qui ont cru en lui alors que Allociné était au bord du dépôt de bilan chez Vivendi, et qui sont toujours à ses côtés aujourd'hui dans une société qui a généré 30 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2011, pour plusieurs millions d'euros de résultat net. Le fondateur préfère le titre de chef d'entreprise à celui de patron, et revendique un ratio de 1 à 12 entre le plus petit et le plus gros salaire. Son mode de management, la confiance et l'autonomie qui vont avec, colle bien aux plutôt jeunes (32 ans de moyenne d'âge) salariés-passionnés d'Allociné. «La combinaison jeunesse et Web donne des jeunes un peu “enfants gâtés”. Je suis, par exemple, surpris de ne recevoir que quatre ou cinq mails de remerciement quand je leur offre un mois de salaire», dit-il.
Alors, bien sûr, sa façon se révèle moins académique, «il laisse plus de place à l'affect, aux rapports humains, avec des petits mots : “bravo”, “c'est bien”… », enchaîne Alexandra Ouzilleau, directrice internationale de l'entreprise. Le PDG est aussi joueur: il adore faire des paris avec ses collaborateurs sur l'évolution de l'audience du site, du chiffre d'affaires... A la clé, une bonne bouteille ou un repas. Un vrai spectacle.

 

Son parcours en bref :
1973. Bac, école du cirque, avant de devenir clown pendant sept ans.
1981. Enchaînement de petits boulots (maître-nageur, chef de village, doubleur...).
1990. Directeur marketing et de la programmation chez Pathé.
1997. Responsable salle, puis marketing d'Allociné.
2003. Directeur général à la suite du rachat à Vivendi, avec douze anciens salariés.

2007. PDG d'Allociné après la reprise de la société par le fonds Tiger Global.

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