«36-17 Cadremploi ce sont des milliers d'offres d'emploi, mises à jour quotidiennement et disponibles 24h/24. (3,48 francs par minute)». Ce slogan publicitaire accompagnait les spots de Cadremploi à la fin des années 1990, un peu avant que Le Figaro ne reprenne ce service télématique. En 1998, quand le groupe de presse s'en empare, il confie le développement de cette start-up du Minitel à Thibaut Gemignani, l'un de ses chefs de groupe. «Nous n'étions que quatre personnes, et notre mission était de transformer ce 36-17 en site Internet leader sur l'emploi des cadres», se rappelle-t-il. Un terrain miné à l'époque car en concurrence frontale avec le cahier d'offres d'emploi du Figaro, à la fois institution et véritable manne.
Aujourd'hui Figaro Classifieds, la structure qui comprend Cadremploi, Keljob, Kelformation et Explorimmo, compte 400 salariés et réalise 70 millions d'euros de chiffre d'affaires. Le manager, qui vient de fêter ses 40 ans, a grandi avec son bébé. «Pour son anniversaire, on lui a interprété le tube de Cookie Dingler Etre une femme libérée, transformé en Etre un PDG plus âgé, c'est pas si facile...», chantonne, en souriant, sa DRH, Sylvie Chauvin.
Avec des effectifs multipliés par cent, le mode de management aussi a mûri : «Quand nous étions une équipe de quatre personnes, j'étais plus dans le contrôle.» A 400, impossible de garder un œil sur tout le monde, d'autant qu'en une décennie les salariés sont devenus beaucoup plus nomades. Le patron a dû apprendre à lâcher prise et se comporte davantage en chef de bande, avec une garde rapprochée entièrement acquise à sa cause. Avec ces proches-là, Thibaut Gemignani manie volontiers la provocation: par exemple quand il prend en photo les bureaux vides des responsables Internet et marketing, à 9 heures du matin, puis leur envoie l'image avec comme message: «Mais vous êtes où les gars?»
«Cela n'a pas amusé tout le monde. Ils étaient en déplacement l'un à Strasbourg, l'autre à Nantes..., sourit-il. En 1998, j'aurais pu faire la même chose, mais cela n'aurait pas été pour rire.» En face, la riposte s'organise: ses collaborateurs l'ont surnommé Bree Van de Kamp, personnage de la série américaine Desperate Housewives, qui se caractérise par sa maniaquerie et son extrême souci du détail. Ainsi, le portrait de l'actrice Marcia Cross trône désormais dans son bureau «très-très» bien rangé.
«Rien ne dépasse, aucune feuille ne traîne, il est capable de vous ressortir en deux minutes un e-mail qui date d'il y a cinq ans», décrit Sophie Ak, la directrice marketing de l'entreprise. Cette organisation au millimètre permet à Thibaut Gemignani de conserver la maîtrise de tous les dossiers en cours. D'autant qu'il connaît son entreprise et son groupe jusque dans ses moindres recoins. Cela peut devenir une limite, selon Jean-François Busnel, ex-directeur administratif et financier de l'entreprise, aujourd'hui chez Groupe M: «Il y a fait toute sa carrière, a traversé une fusion et n'a jamais pris le risque de sortir de cet environnement. A un moment il va falloir qu'il se mette en danger.» En épluchant les annonces classées du Figaro?
Parcours en bref :
1972. Naissance à Paris.
1995. Diplômé de Sup de Co Rennes.
1996. Chef de Publicité, puis chef de groupe au Figaro Economie.
1998. Directeur général de Cadremploi.
2006. Directeur général d'Adenclassifieds (fusion de Cadremploi, Keljob, Kelformation et Explorimmo). Puis OPA amicale du groupe Figaro sur la société en 2010.
2011. Directeur général de Figaro Classifieds.
