Patrice Papet, DRH du groupe, s'attaque au paritarisme avec les syndicats dans la gestion des carrières de l'audiovisuel public.

À France Télévisions, tout mouvement ou promotion de personnel au sein de l'entreprise est le résultat d'une concertation en commission paritaire: la direction avance ses noms, les syndicats les leurs. Patrice Papet, le DRH du groupe, aimerait réformer ce particularisme de l'audiovisuel public en mettant fin aux «automatismes» dans l'évolution des carrières. «Ce n'est pas le rôle des organisations syndicales de décider qui doit être augmenté, a-t-il confié le 6 janvier à quelques journalistes. Je suis prêt à les associer à l'analyse des situations anormales comme s'agissant des gens qui n'ont pas été augmentés depuis cinq ans [...] mais le paritarisme est source de rigidité et de clientélisme.»

Le DRH, qui parle de «système terriblement technocratique», propose donc de «réinvestir les coûts de ces automatismes dans les évolutions de carrières et les augmentations de salaires». Autrement dit, assurer une gestion par la direction des effectifs du groupe en tirant un trait sur les grilles de réévaluation salariale collective, décidée dans la concertation syndicale, au profit d'avancements au mérite. Selon Patrice Papet, la prime d'ancienneté – à laquelle il ne veut pas toucher – est redondante avec cette idée de progression «automatique». Il n'exclut pas «des mesures unilatérales» pour parvenir à ses fins.

Le projet de réforme, qui recontre l'hostilité du premier syndicat de l'entreprise, la CGT, s'articule sur un travail de refonte global du temps de travail, après la fin des accords de 35 heures liés à la mise en place de l'entreprise unique. Patrice Papet veut faire passer l'ensemble des 7 350 personnels techniques et administratifs (PTA) de France Télévisions, ainsi que les 2 950 journalistes, au forfait jours plutôt qu'au décompte par heure qui régit l'organisation du travail, notamment dans plusieurs stations régionales de France. «On voudrait trouver une formule qui puisse reconnaître des débordements horaires, précise-t-il, qui fonctionne par exception plutôt que de façon systématique.»

Un chantier d'autant plus crucial que France Télévisions est amené à faire évoluer ses métiers, dans le cadre de son contrat d'objectifs et de moyens 2011-2015. Les PTA peuvent être ainsi attirés par les perspectives d'évolution dans le numérique, plus chronophage: «Les frontières entre les tâches purement techniques et les fonctions éditoriales sont de plus en plus poreuses», souligne Patrice Papet. Les temps ne sont d'ailleurs plus aux recrutements extérieurs dans le numérique. Et il s'agit de faire passer de 18% à 15% la part d'emplois non permanents à la fin 2015. Ce qui passe par une inflexion de 5% des effectifs entre 2013 et 2015. Et par de nombreuses reconversions.

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