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L'entreprise a lancé début 2011 une université interne pour son encadrement, baptisée Orange Campus. Le moyen de développer une nouvelle culture managériale.

Et si l'arme anti-Free d'Orange était son management? «La qualité de notre riposte à l'arrivée de Free va dépendre de notre capacité à mobiliser nos managers», juge en tout cas Bruno Mettling, le directeur des ressources humaines d'Orange, qui sait que l'arrivée du nouvel opérateur mobile peut susciter des craintes en interne.

Il s'exprimait mi-décembre 2011, lors d'une conférence de presse organisée sur le site principal d'Orange Campus, à Montrouge (Hauts-de-Seine), pour fêter le 10 000e manager (soit la moitié des cadres de l'entreprise) ayant participé à un stage de formation.

L'idée de créer Orange Campus, sorte de fabrique à managers nouvelle génération, remonte à la mi-2010, et s'inscrit dans le cadre du nouveau contrat social d'entreprise. Cela a abouti à la constitution d'un réseau de trois sites internationaux: Montrouge donc, Serock en Pologne et Madrid en Espagne, et quatre autres dans les régions françaises: Bordeaux, Marseille, Nancy et Rennes. «Après la crise que l'entreprise a traversée ces dernières années, il a fallu commencer par prendre des mesures d'urgence, poursuit Bruno Mettling. Maintenant, nous engageons un travail de transformation en profondeur, qui passe par le renouveau managérial et la remobilisation de l'encadrement.» Avec une antienne: «Bâtir une performance durable, sans social, c'est non.»

Décloisonnement

Bien sûr, une nouvelle culture managériale ne se décrète pas. Pour recoller les morceaux, le DRH d'Orange mélange lors de ces stages les cadres de tous niveaux de responsabilité: chefs d'équipe, encadrement de managers et cadres supérieurs (leaders et exécutifs). Un décloisonnement censé renforcer le sentiment d'appartenance à l'aventure commune.

Un indice du succès de ce programme: la plupart du temps, le choix de venir en formation, est le fait des managers eux-mêmes, qui s'inscrivent directement en ligne. Depuis son ouverture en janvier, le site de Montrouge affiche un temps de remplissage de 70%. «A certaines périodes, nous sommes obligés de refuser du monde», indique Marie-Bernard Delom, directrice d'Orange Campus, qui se targue de n'offrir que des programmes 100% faits maison.

Les trois cursus plébiscités par les chefs d'équipes allaient dans le sens du mieux travailler ensemble: «Développer chacun de ses collaborateurs», «Mieux communiquer», «Ecouter et animer». Du côté des cadres supérieurs, il était constaté une forte demande pour la formation «Débat contradictoire». Là encore, une rupture avec la culture du management aveugle et de la pensée unique en vogue auparavant chez Orange.

Selon le directeur des ressources humaines de l'opérateur, si les critères évaluant la qualité du management, dans le baromètre interne, sont en progression, c'est en partie grâce à la montée en puissance d'Orange Campus.

Parmi les stagiaires présents ce jour de mi-décembre, il y avait Bruno Caarels, manager d'un plateau téléphonique à Evreux, venu assister à une formation à la diversité dans le management, qui estime aujourd'hui «être plus autonome, avoir plus de latitude et pratiquer moins de reporting.» S'il est en formation, c'est, dit-il, pour parvenir à se rapprocher davantage de ses conseillers: «Je suis amené à diriger des gens aux profils très divers, qui peuvent être fonctionnaires ou non-fonctionnaires, de jeunes à préretraités, et avec des contrats de travail différents.» Un melting-pot propre à l'opérateur et qui ne facilite pas les tâches de l'encadrement. Encore un défi que devra aider à relever Orange Campus.

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