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Emmanuelle Delapierre, présidente du directoire de Télérama, croit aux vertus de l’enthousiasme dans une rédaction. Mais elle doit aussi délivrer à l’actionnaire les résultats attendus…

Difficile de trouver des détracteurs d'Emmanuelle Delapierre. Véronique Brocard, ancienne présidente de l'Association des personnels de Télérama, la décrit comme une femme «humaine et à l'écoute»: «Ce n'est pas une parachutée mais quelqu'un de Télérama qui se consacre à Télérama où elle a des ambitions à plein temps», dit-elle.

Si sa nomination comme présidente du directoire a été approuvée à 60% en mars dernier par un vote en interne, ce n'est bien sûr pas un hasard. Emmanuelle Delapierre a beau n'avoir que 35 ans et être inexpérimentée en tant que patronne de presse, elle a déjà une longue carrière derrière elle... à Télérama.

Entrée en stage au contrôle de gestion en 2001 après une première expérience à Novartis en Italie, elle est nommé directrice de la gestion en 2006 par Bruno Patino avant de se voir confier le secrétariat général de l'hebdo par Philippe Thureau-Dangin.

«Plus vous la mettez en autonomie, plus elle est solide, explique Bruno Patino, aujourd'hui à France Télévisions. Elle est sûre et fiable, sait faire preuve de fraîcheur et d'humour et se faire respecter sans testostérone. C'est une personne humaine formidable!»

Sa nomination à la tête du directoire pour terminer le mandat de son prédécesseur, aux côtés de Fabienne Pascaud, vice-présidente et directrice de la rédaction, a de quoi laisser des souvenirs: Emmanuelle Delapierre vient alors de rentrer de congés maternité. Elle a aujourd'hui deux garçons, de quinze mois et quatre ans, et se lève tôt pour commencer à travailler avant d'emmener le plus grand à l'école.

Si elle garde une grande simplicité d'approche, c'est aussi qu'elle a un secret: «C'est une de mes forces, je sais dire non car j'explique», lâche-t-elle. La dirigeante peut ainsi tout aussi bien mettre un avertissement pour des retards à la rédaction que son veto à des dépenses qui alourdiraient la masse salariale. Elle responsabilise en confiant aux chefs de service la gestion d'un budget ou en laissant aux reporters le soin de présenter le devis de leur grand reportage avant de partir.

La rédaction lui fait confiance pour trouver les mots face aux propriétaires du groupe Le Monde (Niel-Bergé-Pigasse), dont Télérama est une filiale à 100%. «On a voté pour elle car on a pensé qu'elle pourrait défendre nos intérêts, souligne Véronique Brocard, je l'ai vu dire non à l'actionnaire majoritaire.»

Télérama vit en effet dans la crainte d'être «dépouillé» par Le Monde. Un sentiment qui n'a pu que s'amplifier quand les trois nouveaux actionnaires ont décidé de multiplier par trois le taux de rentabilité en portant la marge à 8% dès la fin 2011. «C'est quasiment mission accomplie, explique la présidente», qui précise que Le Monde a renoncé pour cela à sa redevance (1,3 million d'euros) et que le taux de la régie publicitaire a baissé (de 23,5 à près de 19%). Il lui faut maintenant réussir la nouvelle formule de l'hebdo en mars, pour amener «plus d'enthousiasme», et surtout la relance du site Internet.

Emmanuelle Delapierre compte pour cela sur sa philosophie personnelle qu'elle applique en responsable RH formé sur le tas: «Les journalistes sont vus comme un centre de coûts mais quand on arrive à fédérer les équipes et qu'on les motive, ça donne des résultats. La notion de plaisir à travailler est très importante car elle se ressent dans le journal.» Tout juste reconnaît-elle du bout des lèvres qu'elle est parfois «peut-être moins optimiste» qu'elle ne le laisse paraître.

 

Son parcours en bref

1976. Naissance
2001. Entre à Télérama, après une maîtrise de sciences économiques et un master en contrôle de gestion.
2006. Directrice de la gestion de Télérama.
2008. Secrétaire générale de Télérama.
2011. Nommée en mars présidente du directoire de Télérama.

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