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A la tête du fleuron digital de Publicis, Véronique Beaumont, la numéro deux de Duke Razorfish et de Digitas, met en œuvre ses talents de directrice de casting.

Un rapprochement, mais surtout pas un mariage. Pour Véronique Beaumont, la numéro deux (Chief Operating Officer) de Duke Razorfish et de Digitas, même si, depuis juillet, les deux entités partagent le même toit à Neuilly-sur-Seine et ont vocation à le faire des process, chacun gardera son nom, ses équipes et ses clients. «Nous avons la volonté de conserver deux agences séparées», explique cette manager à la double compétence ingénieur-marketing. Un atout dans le digital, où la technologie est la clé de voute, ce qui lui a permis de toucher très vite à des fonctions de management, puis de direction.

«Le cap le plus important pour moi a été l'accession à une direction générale. Là, je suis passée de l'encadrement d'équipe au management d'entreprise, avec une responsabilité qui engage toute la société, une diversité de sujets», explique la «grande Véro» (son surnom chez TBWA, où elle a travaillé quelques années), en référence à sa longue silhouette filiforme, pas loin du mètre quatre-vingts.

Autre point fort de cette femme dynamique, elle a vingt-cinq ans d'expérience de management des jeunes de 25 ans. Elle a donc pu observer leur évolution en un quart de siècle: «Les juniors d'aujourd'hui ont un autre rapport à leur entreprise. La préservation de leur vie privée et leur bien-être personnel sont très importants pour eux, constate-t-elle. Dans les années 1990, l'engagement des juniors allait de soi. En 2011, ils sont prêts à travailler, à s'investir, mais à condition d'en récolter les fruits individuellement et ils ne sentent pas forcément de devoirs vis-à-vis de l'entreprise.» Charge au manager d'inventer les solutions pour leur donner envie. Et selon Véronique Beaumont, «l'autorité passe par la démonstration, par l'exemple».

Melting-pot

La «COO» de Duke-Digitas a aussi une mission essentielle de directrice de casting. «Quand un constructeur comme Nissan nous confie la refonte de son site, à la fois pour refléter au mieux la marque et drainer des clients chez ses concessionnaires, cela implique de créer une équipe qui peut aller jusqu'à 50 personnes. En l'occurrence, nous avons monté une agence dans l'agence, baptisée Digital Nissan Agency.» Constituer les équipes est une science encore plus complexe dans le digital qu'ailleurs, car il faut rassembler des experts toujours plus nombreux: producteurs, flasheurs, développeurs, Creative Technologist… Un melting-pot dont elle raffole: «Il n'y a pas que des Celsa et Sciences Po, il y a des profils différents, un vrai mélange de cultures.» Une alchimie qui se maîtrise. Marie-Laure Brossier, cofondatrice de l'agence numérique Mood for Web, qui a travaillé aux côtés de Véronique Beaumont chez TBWA, estime qu'«elle sait bien identifier les thèmes sur lesquels ses collaborateurs vont s'épanouir» et que «contrairement à bon nombre de managers, elle ne jettera jamais un junior dans l'arène, dans le cadre d'un gros projet». Son problème: la gestion du temps. «Je sais qu'il y a des questionnements qui ne sortiront que si l'on s'accorde de l'espace pour y réfléchir, et je ne peux pas toujours», regrette-t-elle.

 

Son parcours en bref

 

1987-1988. Diplômée l'école d'ingénieurs EENSEEIHT, puis d'un 3ème cycle en marketing de l'institut supérieur de gestion.

 

1988-1996. Responsable marketing puis commerciale OEM et export de Sagem SAT.

 

1996-1999. Responsable du développement du pôle e-business de SEMA Group.

 

2000-2002. Directeur de clientèle chez TBWA interactive.

 

2002. Directrice associée de Business interactif, racheté en 2007 par Digitas (Publicis).

 

2007. Directeur du développement international de Digitas, puis directrice générale.

 

Depuis 2011. Chief operating officer de Duke Razorfish et de Digitas.

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