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Véronique Lable, directrice de l’école des Gobelins, mène tambour battant sa petite entreprise de formation à l’image, et ses 120 permanents.

Pour interviewer Véronique Lable, il faut commencer par la kidnapper! Se mettre aux aguets pendant un bon quart d'heure aux abords du couloir principal de l'école des Gobelins, spécialisée dans les métiers de l'image, et, dès que l'on entend son pas pressé, lui barrer la route pour interrompre sa course et l'obliger à s'engouffrer dans son bureau. Puis surtout fermer à double tour. Car le temps de la directrice des Gobelins est précieux. Surtout en octobre-novembre, période de rentrée dans la plupart de ses formations et donc pour ses 700 élèves (dont 410 en apprentissage) et ses 120 permanents (dont 45 professeurs), sans compter 400 vacataires.

Également sur l'agenda de la directrice, la réunion du «comité de prospective», qui rassemble une quarantaine d'entreprises et permet de faire évoluer ses formations. Le sujet de ce prochain rendez-vous: «Nouvelles technologies, usages et compétences». Le but de ces réunions: faire en sorte que l'école, qui a quarante ans, soit toujours dans la course. Si l'établissement s'est lancé à l'origine sur la photo en 1965, il a ensuite créé une formation au cinéma d'animation en 1974, puis au multimédia (1992) et depuis cette année aux jeux vidéo.

«Notre champ d'intervention est tellement large que nous n'avons pas de concurrent qui couvrirait la totalité de notre spectre», se targue Véronique Lable. En revanche, sur chacun de ces segments, les Gobelins doivent faire face à de sérieux challengers. C'est le cas dans le domaine du Web, par exemple, de l'École européenne des métiers de l'Internet (EEMI) qui vient de débarquer sur ce créneau (lire page xx). Pour mener sa contre-offensive, la directrice a lancé un grand chantier: la remise à plat de tout le catalogue multimédia. «Notre offre commençait à manquer de lisibilité», admet-elle.

L'école des Gobelins, présente sur deux sites – dans le treizième arrondissement parisien et à Noisy-le-Grand – et qui appartient à la chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP), a su se faire un nom dans l'univers des créatifs en agences de publicité, par exemple. Dans le domaine de l'animation, elle a obtenu ses lettres de noblesse en 2008, quand six de ses étudiants ont été en course pour un oscar, grâce à leur film d'animation Oktapodi, qui relatait l'histoire d'un poulpe. Un coup de pub incroyable pour l'école! En 2008, il y a 800 candidats au concours, contre 600 en 2007. Et toujours 25 élus in fine.

Pour être à la pointe, les programmes sont adaptés presque en temps réel: «Dans le cadre d'un projet d'études, des élèves ont ainsi voulu recourir à la réalité augmentée, nous avons dû appeler, au pied levé, une entreprise spécialisée pour les accompagner», relate l'hyperactive directrice. Celle-ci n'hésite pas à bousculer ses troupes: ainsi elle a mis en place depuis l'an dernier un groupe de réflexion sur l'évaluation des enseignements. Une initiative accueillie très froidement par les professeurs. «Nous fonctionnons comme une “business unit”, avec un budget, du personnel, des clients (les étudiants) et une promesse de qualité de formation et de placement en entreprise.» Si le taux d'insertion moyen se situe à 85%, dans le multimédia ou l'animation, il est de 100%.

 

Encadré

 

Son parcours en bref

 

1977. Maîtrise de droit privé, puis préparation à la «fonction personnel».

 

1990-2004. Responsable du département juridique, puis emploi de la CCIP. Puis adjointe au directeur délégué de l'enseignement, en charge du développement des ressources propres de la mission formation.

 

2004-2007. Directeur adjoint, puis déléguée de l'école de commerce Advancia (70 collaborateurs).

 

Depuis 2008. Directrice de Gobelins et de l'École supérieure des
industries du vêtement.

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