En dix-huit mois, Canel Frichet, directrice générale de Winamax a hissé sa société en tête des acteurs du poker français.

Pas de place pour les bluffeurs! Quand Canel Frichet, jeune (33 ans) directrice générale de Winamax, fait passer des entretiens d'embauche, elle demande aux futures recrues de mettre cartes sur table. Ses questions pièges: «Citez-moi les différentes variantes du Poker?», «Quels sont les principaux tournois live prévus dans les prochains mois?» ou encore «Est-ce que vous lisez la presse spécialisée?»

C'est ainsi qu'elle a réussi à constituer son équipe d'une quarantaine de personnes, uniquement des passionnés de poker répartis entre le service client et le marketing, au siège de Winamax, rue de Grenelle, à Paris en plein quartier des ministères.

Le «general» (prononcez à l'allemande), voilà le surnom de Canel, quand elle était à la tête de sa propre entreprise, Aeon footwear, spécialisée dans les sports de glisse. «Parce qu'elle est directive, carrée, a une idée précise de là où elle veut aller et peut être obstinée», raconte Benoit Copin, ancien marketing manager chez Aeon footwear, aujourd'hui associé au sein de la société Soixante-dix-sept Production.

Ce que confirme Jimmy le Tissier, community manager de Winamax: «Elle est très combative, persuasive, sait imposer ses idées, si je devais la comparer à un entraîneur de football ce serait José Monrinho, celui du Real Madrid, car il a du caractère et en même temps n'hésite pas à défendre ses joueurs.»

Un an et demi après l'ouverture du marché des jeux en ligne, Canel Frichet a réussi à imposer sa société en tête des acteurs nationaux, au coude-à-coude avec l'américain Poker Star, grâce à une campagne audacieuse. Aujourd'hui la notoriété spontanée de Winamax est de 48% (Ipsos) alors qu'elle était de 3% il y a un an et demi.

Le week-end prochain, elle fera encore l'actualité, en organisant à la Grande Halle de la Villette, un tournoi qui réunira 2 000 joueurs autour de 200 tables. Le coup d'envoi d'un grand tour de France de 69 étapes. «Plus les opérations sont importantes, plus il faut répartir les responsabilités en amont, dit-elle. Quand le jour J d'un grand événement comme celui-là, je n'ai rien à faire c'est que le management a bien fonctionné.»

Si Canel Frichet enchaîne les environnements à haute teneur en testostérone - sports de glisse, poker - ce n'est pas un hasard: «Dans un univers viril, j'affirme mon caractère assez fort, assez indépendant», lance-t-elle.

Chez Winamax, sa mission consiste à donner le tempo: «Il y a de nouveaux projets en permanence dans l'incubateur, l'événementiel est devenu quotidien, cela tombe bien j'aime que les choses bougent tout le temps et aillent vite.»

Sa limite est peut être aussi là: «Je manque de patience, j'exige parfois des retours trop rapides de mes équipes, mais je suis imprégnée d'une culture d'entreprise qui prône l'hyperactivité.» Peu adapté à une société du CAC 40 selon Christophe Schaming, cofondateur de Winamax: «Après cette aventure dans le poker, je la verrais bien créer une nouvelle entreprise.»


Son parcours en bref

 

2001. Diplômée de l'Institut supérieur de commerce de Paris.
2001-2003. En charge du marketing et de la communication de Caramail.
2003. Elle crée son entreprise, Aeon footwear, spécialisée dans la conception et fabrication de chaussures de skate-board.
2007. Directrice générale de Winamax.

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