relations publiques
Le management de Jeanne Bordeau, la présidente de l’Institut de la qualité de l’expression, est avant tout très fusionnel. Et colle bien aux créatifs qu’elle dirige.

Un pont entre deux rives. Quand Jeanne Bordeau, fondatrice de l'Institut de la qualité de l'expression, lance un audit linguistique, elle peut faire intervenir en entreprise des philosophes, des sociologues, des scénaristes, des conteurs, des linguistes… Deux mondes qui s'ignorent. «Ces universitaires et créatifs ont parfois du mal à comprendre la notion de client, explique-t-elle. Surtout à l'étape délicate de la synthèse, quand nous avons rédigé un rapport de 1 200 pages et que notre interlocuteur nous demande de lui remettre un document de 30 pages pour la présentation devant le comité de direction la semaine suivante.»

Si son équipe fixe ne comprend que six salariés, son institut fait travailler et rémunère en tout une vingtaine de personnes par mois. Du coup Jeanne Bordeau se considère avant tout comme un chef de meute, n'en déplaise à Prosper, le cavalier king charles, chocolat et blanc, qui partage son spacieux bureau de l'avenue d'Iéna, avec vue plongeante sur la tour Eiffel.
La matière première qui a fait la réussite de son père, c'était les rillettes (Bordeau Chesnel). Pour elle, ce sont les mots. Elle analyse la sémantique des entreprises, en décryptant ses documents, en interrogeant ses salariés, en étudiant les discours de ses dirigeants, et crée même à ses heures perdues des tableaux de mots. Au point de baptiser son entreprise, un peu pompeusement, «bureau de style en langage» ou «atelier de haute culture». Même si elle assume bien cette singularité: pour décrocher des clients, pas question de répondre à des appels d'offres, elle mise uniquement sur le bouche-à-oreille. Pas non plus de présentation via Powerpoint, trop standardisée. Ses missions principales consistent à inciter les sociétés à communiquer moins, pour insister davantage sur les messages essentiels, et à adopter une parole plus authentique, moins «Bisounours».

Foisonnement d'idées

Son management est bien celui d'un chef de meute: toujours au milieu de la troupe, elle veille sur ses équipiers, donne le cap et resserre les rangs. «Une relation très familiale, très fusionnelle, où se mélangent allègrement professionnel et personnel, ce qui d'ailleurs est un peu déstabilisant au départ», admet Damien Flynn, un des jeunes loups de l'institut, chargé de lobbying depuis deux ans. Et sur chaque mission, avec les consultants extérieurs, elle mène un gros travail de coordination. «Sa méthode est bien adaptée au management des créatifs, avec de l'écoute, du dialogue et de l'intuition, indique Olivier Desarthe,conseiller en «storytelling». Elle combine les approches des uns et des autres pour concevoir des solutions originales mais concrètes. Sa seule limite: son foisonnement d'idées, un peu difficile à suivre.»

Enfin, pour affirmer son statut de femme de plume jusqu'aux bout des lobes, Jeanne Bordeau arbore fièrement une paire de boucles d'oreilles en plumes violettes et mauves. Et ce n'est pas juste une posture. «Elle est très pointilleuse sur tous les écrits qui sortent d'ici, et peut corriger un e-mail jusqu'à quatre à cinq fois», poursuit Damien Flynn. Ici, pas de place pour les coquilles et le langage SMS dans les courriers électroniques…


Son parcours en bref:

 

1973-1976. Études littéraires aux États-Unis, à UCLA.
1980-1984. Critique littéraire au Figaro.
1984-1988. Lobbyiste au sein du groupe d'influence libéral Printemps 86, puis à Bruxelles.
1989. Directrice du développement d'Événement Média 1991, groupe d'édition européen. Création de l'agence de communication Talents et Compagnie.
2004. Talents et Compagnie devient l'Institut de la qualité de l'expression.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.