recrutement
Les opérations spéciales de recrutement et les programmes courts pour trouver des jobs se multiplient à l'antenne. Enquête sur cet engouement.

Journée RTL emploi, Semaine pour l'emploi sur TF1, J'ai testé un job qui recrute sur M6... La lutte contre le chômage occupe une place de choix dans les grilles de rentrée des médias audiovisuels. Le petit dernier, J'ai testé un job qui recrute, que M6 vient de lancer, en partenariat avec Pole emploi, sera diffusé jusqu'en novembre, à 20h35. Pendant une minute, un animateur expérimente un métier, en situation: 17 d'entre eux se sont pris au jeu. Alex Goude, présentateur de l'émission Incroyable Talent, explique par exemple avec un casque de chantier vissé sur la tête qu'il est resté «quatre heures au sommet d'un immeuble pour tourner alors [qu'il a] le vertige».

 

Si M6 a fait le choix d'un partenariat commercial avec Pole Emploi pour traiter du chômage,  dans les autres médias, ce sont en général les rédactions qui sont à la manœuvre: «À RTL nous avons créé cette journée emploi mensuelle en mars 2009, en plein cœur de la crise économique et financière», se rappelle Jacques Esnous, directeur de l'information de la station de la rue Bayard. Ce programme en est à sa 31e édition, avec un thème différent à chaque fois: l'emploi des seniors, les intérimaires... «Et permet de mettre en relation entreprises et chercheurs d'emploi, en proposant en moyenne 10 000 à 15 000 offres.» Un dispositif toutefois critiqué par Pole Emploi: «Nous ne nous associons jamais aux téléthons de recueil d'offres d'emploi, quand un média annonce plus de 15 000 postes à pourvoir, c'est impossible qu'il s'agisse d'offres solides», pointe Lysiane Soubeyrand, directrice de la communication de l'organisme.


Rien à voir avec le partenariat noué par Pole Emploi avec TF1. «Avant d'être diffusée, chaque offre est validée par un conseiller de l'organisme en amont et il y a un suivi après, détaille Jean-Pierre Pernaut, présentateur du 13h de TF1, à l'origine du projet de La Semaine pour l'emploi il y a deux ans. Du coup, nous pouvons dire qu'il y a eu précisément 10 642 signatures de contrats depuis le début, dont les deux tiers en CDI. »


Si tous ces médias accordent une place de choix à la lutte contre le chômage, ce n'est pas par philanthropie. Depuis deux ans, l'emploi est devenu la première préoccupation des Français. Difficile, donc, de ne pas lui consacrer du temps d'antenne. «Ça tranche avec 2005-2006, à l'époque quand on cherchait à nouer des partenariats cela n'intéressait personne», se rappelle la directrice de la communication de Pole Emploi.


L'autre explication tient à l'engouement médiatique pour ces opérations spéciales, c'est que cette thématique permet de doper l'audience des sites Web: «À chaque semaine pour l'emploi, il y a des pics de fréquentation sur les sites de LCI et TF1», reconnaît Jean-Pierre Pernaut. En moyenne, la fréquentation du site de la radio de la rue Bayard augmente, elle, de 20% à 25% lors des Journées RTL Emploi, ce qui représente 50 000 à 100 000 visites en plus par rapport à un jour normal.


Si les demandes de partenariats se bousculent au portillon de Pole Emploi, pas question pour autant d'accepter n'importe quoi: «Une société de production nous a proposé la "ferme des chômeurs", cela consistait à installer des chômeurs dans un bassin d'emploi et à les suivre pendant deux mois dans leurs recherches. Bien sûr nous n'avons pas donné suite!», confie la dircom de l'institution. Après La Ferme célébrités, la ferme des déshérités?

 

ENCADRE

 

La révolution permanente des PA

En dix ans, les médias ont vu leurs cahiers d'offres d'emploi fondre avec le développement des sites spécialisés (Cadremploi, Monster, etc.) et de leur moteur de recherche intelligent. Aujourd'hui, ces «job boards», parfois intégrés à des groupes de presse, doivent eux-mêmes résister à de nouvelles menaces. «Les réseaux sociaux tels Linked In et Viadeo, et à moindre échelle, Facebook constituent des concurrents redoutables, pointe une récente étude de Xerfi-Precepta. Linked In réalise d'ores et déjà plus de 40% de ses revenus grâce à des services de mise en relation et de datamining destinés aux "offreurs" d'emploi.» Et Le Bon Coin, avec un modèle gratuit, est aussi en embuscade.

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