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Directrice des activités «digitales» de Condé Nast, elle a gardé cet esprit ouvert qui lui permet de jouer sur tous les registres… Une souplesse acquise dans les kibboutz.

Voix et talons hauts perchés, elle règne, à 37 ans, sur une vingtaine de personnes qui transforment les mensuels Vogue, Glamour et GQ en médias quotidiens. Et revendique 2,5 millions de visiteurs uniques (VU) en mai. «On n'est plus seulement dans le Web, il faut ajouter aux 550 000 VU de Vogue, 650 000 personnes sur Twitter et 240 000 sur Facebook.»


À ses yeux, qu'elle a noirs et lumineux, les magazines imprimés sont des maisons de haute-couture, dont elle accroît le rayonnement via les sites, les applis et les réseaux. «On y recrute 20% de nos abonnements, mais c'est surtout intéressant parce qu'on démultiplie le magnétisme des marques.» Il n'y a pas que les révolutions que l'on peut suivre sur Twitter, mais aussi les soirées ou les défilés et, fin juin, la Fashion Week bat son plein. Jennifer, 25 ans, rédactrice de mode, jongle alors d'un show à l'autre sans compter son temps pour Sarah. «C'est plus un coach qu'un boss, confie-t-elle, elle est rapide et stimulante, sait mettre ses collaborateurs en avant, et s'implique personnellement.»


Le sens de la communauté

Elles sont ainsi une douzaine de journalistes, capables de passer de GQ (540 000 VU) à Glamour (1,1 million VU) ou Architectural Digest. Avec trois graphistes, plus quatre commerciaux pilotés par Louis Orlianges, l'éditeur de Condé Nast Digital. «Sarah réfléchit aussi vite qu'elle est vive dans l'exécution, comme c'est souvent le cas chez les femmes, dit-il, et elle a gardé un véritable esprit start-up.» Qu'elle a plus acquis en Israël qu'à HEC, après huit mois dans un kibboutz. «Servir des petits déjeuners à 2 000 personnes, c'est très Web comme expérience, assure-t-elle. Il faut avoir le sens de la communauté. Un manager, c'est quelqu'un qui s'adapte en permanence à la nouveauté.»


Après un détour par le Columbia College de Chicago où elle s'initie au journalisme, elle se lance dans le CD-Rom à la fin des années 90 et prend «goût aux contenus qui ne sont pas linéarisés». Mais son titre de gloire, c'est d'avoir été «la deuxième salariée d'Auféminin.com», engagée par Anne-Sophie Pastel qui la met en garde: «Surtout pas de journalistes, je veux des gens débrouillards.» Ou comment transformer le bavardage entre copines en lingots d'or. «Auféminin est devenu un média de l'intime, parce que ce n'était pas une marque intimidante, à la différence de Elle», confie celle qui finit par rejoindre Elle.fr.


«Des gens formidables, mais journalistes et photographes freinaient des quatre fers à l'idée de voir leur contenu en ligne, avec des délais sans fin entre la décision et l'action, et j'ai appris que dans une grande entreprise française... il y a souvent des intérêts divergents.»
Lorsqu'elle rencontre Marc Simoncini, l'enthousiasme est encore au rendez-vous...  Elle déchante à nouveau. «Meetic est devenu un site de rencontres sans contenu, et je suis partie avec mon équipe.» Le petit monde de la Toile se mobilise, et Le Figaro ainsi que Marie Claire lui tendent les bras. Mais elle choisit Grazia: «Un nouveau titre, c'est plus excitant.»


Chassée par CT Partners, elle fonce chez Condé Nast l'été dernier, «le plus beau groupe de magazines du monde», même si elle a parfois l'impression d'y être «une forçat du Web». Un sentiment que cette mère de trois enfants canalise en pratiquant la monopalme en piscine, ou en courant au Jardin des plantes, à Paris.

 

Son parcours en bref

 

1996. Maîtrise de lettres, licence d'histoire.
1997. Diplômée d'HEC.
1997-1999. Editrice chez Multimedia Press.
1999-2005. Responsable éditoriale d'Aufeminin.com.
2005-2007. Editrice du pôle féminin de Lagardère.
2007-2009. Directrice du pôle éditorial de Meetic.
2009-2010. Directrice éditoriale de Mondadori Digital.
Juillet 2010. Directrice des activités digitales de Condé Nast.

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