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La directrice de la communication de l’UPMC (université Pierre et Marie Curie), l'ex-fac de Jussieu, doit révolutionner l’image d’un mastodonte accueillant quelque 31 000 étudiants.

Oublié «Jussieu», adieu Paris VI… Depuis qu'elle est arrivée à la tête de la communication de l'université Pierre et Marie Curie (UPMC), il y a quatre ans, Véronique Raoult a enterré deux marques, transformées en UPMC. Un poids lourd de la formation des scientifiques, dont les médecins, avec quelque 31 000 étudiants qui produisent chaque année 10% des thèses françaises en science. «En 2007, il n'y avait pas de prise de conscience de l'importance d'être doté d'une marque universitaire forte, précise-t-elle. Nous savions que le changement était indispensable et qu'il fallait effacer Jussieu, connoté négativement, puis faire passer Paris VI au second plan. Et même si l'on a lancé la nouvelle identité graphique à ce moment-là, il a fallu trois ans pour faire totalement disparaître les anciennes signatures.»
Dans le même temps, Véronique Raoult a aussi poussé les murs de son service, passé de sept à treize personnes. En dépassant sa fonction de relations presse et de production de documents, la structure est devenue un département communication complet, intégrant de nouvelles compétences, par exemple un animateur de communauté. Un service qui a encore vocation à grandir. Son budget est aujourd'hui de 450 000 euros, contre 200 000 euros en 2006.

Donner envie

Mais la principale mission de Véronique Raoult relève de l'évangélisation: «Au sein de l'université, l'idée que la communication coûte cher, qu'elle est un gadget, voire qu'elle ne sert à rien du tout, reste encore largement répandue, analyse-t-elle. Alors, je mets en place des indicateurs, je présente des bilans pour prouver le contraire.» Une bonne parole qu'il faut porter auprès de tous les décideurs internes. Or, à la fac, ils sont nombreux: représentants de la direction de l'université, des enseignants, des personnels, des étudiants. «Nous ne sommes pas dans une organisation pyramidale, le nombre d'interlocuteurs rend les prises de décisions plus longues et compliquées, avec parfois des revirements inattendus», souligne-t-elle.

Récemment lors d'une présentation, l'un d'entre eux lui a ainsi fait cette remarque: «Ce que vous faites, c'est trop professionnel, on a l'impression que ça a couté trop cher.» Il n'y a en effet pas de place pour le «bling-bling» dans la communication universitaire. Problème, il faut parfois passer outre la modestie des enseignants pour faire évoluer les représentations. Quitte à bousculer. «Notre mission n'est pas juste de changer de logo, mais d'avoir des histoires à raconter, de donner envie, explique Véronique Raoult. Aujourd'hui, par exemple, on fait le choix de mettre en avant des images sexy, comme un étudiant en train de développer de nouvelles applications Iphone, plutôt qu'un chercheur, avec un tube à essai, dans un laboratoire.»

Une révolution lente, mais qui produit ses premiers effets. «Il y a encore un an, certains décideurs de l'université ironisaient sur le thème: “Alors, tu t'amuses encore sur Facebook.” Aujourd'hui, l'UPMC y dispose de 150 groupes d'étudiants et c'est devenu notre unique canal d'information. Et il n'y a plus d'affichages sur le campus.»

 

 

Son parcours en bref
1988. Diplômée de l'Efap.
1993. Développement des secteurs «éducation» et «environnement» de L'Agence verte.
1996. Directrice de la communication de l'université de Cergy-Pontoise.
1997. DESS Hypermedia à Paris VIII.
2007. Directrice de la communication de l'université Pierre et Marie Curie (UPMC).

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