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La cofondatrice de l'agence Atjust, depuis peu vice-présidente de W&Cie, préfère le management par gros temps.

La première fois que Dominique Julien tient vraiment la barre, elle a 34 ans et vient à peine d'être nommée à la tête de l'agence de publicité Le Nouvel Eldorado. Elle réalise l'importance des voies d'eau en constatant que cinq gros clients sont en train de déguerpir… Après s'être attachée à remobiliser ses troupes sur le pont, elle relance tous les clients un par un. «Le PDG du Printemps, principal budget de l'agence, m'a poliment expliqué que la compétition était bien avancée et que nous étions hors jeu. J'y suis allée au culot, je lui ai dit: "Ce n'est pas possible, j'ai fait démissionner quatre personnes pour qu'elles s'occupent de vous. Nous venons demain dans votre bureau vous présenter notre projet."» Et ça a marché. Même chose pour Clarins et Roche-Bobois…

«Dans ce genre de situation, l'urgence fédère les équipes», explique l'ex-présidente du Nouvel Eldorado, qui a par la suite créé sa boutique, Atjust, laquelle vient de fusionner avec W&Cie, dont elle est aujourd'hui vice-présidente. Une configuration qu'elle maîtrise: «Entre 21 et 34 ans, j'avais surtout fait du management de projet en agence. J'avais appris sur des temps courts à mobiliser des énergies, à chercher des bonnes ressources, raconte-t-elle. Comme j'étais tout le temps en compétition, j'ai appris à ne jamais douter, à faire passer mes états d'âme derrière.»

Femme de caractère

Du coup, au Nouvel Eldorado, elle a continué à fonctionner en mode commando, avec les défauts du genre: «J'étais jeune, je voulais tout faire moi-même. Je ne faisais pas suffisamment confiance à mes collaborateurs directs, je tranchais trop vite et je ne les écoutais pas suffisamment.» Faute avouée à demi pardonnée? Ses collaborateurs ont en tout cas retenu qu'elle est «exigeante, soucieuse du détail, assez directive, avec un style de management très structuré et structurant, comportant des échéances précises», détaille une ancienne collaboratrice, qui l'a côtoyée pendant sept ans au Nouvel Eldorado. Selon Christine Haccoun, responsable de production chez W Atjust, «Dominique Julien n'est pas du genre à rester dans sa tour d'ivoire. Elle a besoin d'opérationnel, de prise directe avec l'information. Comme c'est une femme de caractère, cela peut impressionner les gens.»

«DJ», son surnom à l'agence, n'hésite pas non plus à hausser le ton: il lui arrive régulièrement de piquer des gueulantes. Mais cette fille de sportive – sa mère a décroché le record du monde du 100 m dos – apprécie la compétition: «Je n'hésite pas à recruter des profils plus forts que moi». Si Dominique Julien devait être associée à un sport, ce serait plutôt à la course à la voile, en raison de sa propension à préférer les océans houleux aux mers trop calmes. En 2007, au début de la crise financière, n'a-t-elle pas choisi de repartir de zéro, en lançant une nouvelle agence, Atjust?

«C'est une femme courageuse, combative», poursuit Christine Haccoun. Mais qui vit mal l'aventure quand celle-ci vire à la galère sur mer d'huile, comme en 2009: «Cela a été difficile pour elle de nous demander des sacrifices», se souvient Angélique Vedovati, planneuse stratégique chez W Atjust. Les dirigeants et les revenus supérieurs à 4 000 euros mensuels ont ainsi vu leur salaire baisser temporairement de 15% à 25%. Cela a permis de remettre l'entreprise à flot en attendant que le vent regonfle les voiles…

 

 

Son parcours en bref

1982. Maîtrise de gestion, option marketing, à Dauphine.

1988. Directrice de clientèle chez CLM BDDO.

1991. Directrice générale de BDDP.

1995. Présidente du Nouvel Eldorado.

2007. Création, avec Thomas Stern, d'Atjust.

2011. Vice-présidente de W & Cie, après la fusion avec Atjust.

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