«Quand je fais passer un entretien d'embauche, je commence par donner une partition aux candidats et je leur demande de me la chantonner», explique Maurice Pham, chef des services musicaux à la Sacem. Il teste aussi leur niveau en sténographie musicale: «Je vois s'ils sont capables d'identifier les notes en une seule fois quand ils écoutent un morceau.»
Intégrer le saint des saints de la Sacem, cela se mérite! Car les 23 personnes de ce département et leur dictionnaire musical recensant 700 000 thèmes différents sont un peu les «experts» de l'entreprise. On fait par exemple appel à eux pour identifier des œuvres.
Mais cette passion de la musique anime la plupart des 1 400 salariés de cette grande maison, qu'ils travaillent à la perception des droits d'auteur ou en relation avec les sociétaires. D'où une culture d'entreprise marquée et une fierté d'appartenance très forte (87% selon une enquête récente).
Fidélisation
La spécificité de l'activité a aussi des conséquences sur la politique RH: «Nos métiers n'existent pas ailleurs. Parfois, il faut former un salarié pendant plusieurs années avant qu'il ne soit vraiment performant, indique Louis-Jérôme Texier, le DRH. Nous misons donc sur la fidélisation, et tout notre encadrement est issu de la promotion interne.»
Ce qui explique le très faible taux de rotation du personnel (hors départs à la retraite): 1,5%. Encore aujourd'hui, on peut faire toute sa carrière dans la société: «Il y a des familles entières qui travaillent à la Sacem», reconnaît Christophe Lepri, délégué syndical CFDT. Avec un système de primes à l'ancienneté qui encourage à rester. «Mais si l'entreprise a longtemps été assez paternaliste, les avantages ont tendance à fondre», constate-t-il. D'où l'appel à la grève pour le 22 mars prochain.
La Sacem en bref
819 millions d'euros de perception en 2010 (+7,5%).
1 400 salariés en CDI.
45 187 euros de salaire brut annuel moyen (hors intéressement).
42 ans de moyenne d'âge.
1,5% de taux de turn-over.
