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L’anglais représente au moins 90% de l’enseignement des langues en entreprise, comme l'a montré le récent salon Expolangues 2011 de Paris. Le «globish», dénominateur commun de la mondialisation?

«Chez nous, tout le monde parle anglais, affirme Jean-Philippe Lecocq, directeur associé de Profile PR, une agence de relations presse créée en 2000 qui emploie vingt-huit personnes. Certains ont même vécu aux États-Unis ou en Angleterre.» Pour mettre toute l'équipe à l'aise avec la langue, il a fait venir un professeur sur place. L'idée: converser à bâtons rompus et préparer les réunions avec les clients de différents pays. «Ce n'était pas une formation scolaire du tout, plutôt des discussions sur la culture, la vie pratique, où des projets choisis par chacun. Ça décoince bien des situations. Pour moi, la prise de parole en anglais n'est enfin plus un problème.» Savoir s'exprimer en anglais est aujourd'hui une question de survie pour les entreprises. «Nous n'avons jamais été retoqués parce qu'on ne parlait pas la langue originelle du client. En revanche, dès qu'il y a une réunion, tout le monde se cale sur l'anglais.»

 

À l'heure où même le Kremlin somme les serviteurs de l'État russe de savoir parler la langue de Shakespeare d'ici à 2020, le «globish» est le minimum requis dans les entreprises. Sorte d'esperanto transcontinental, il sert à communiquer dans les affaires. «Dans le monde, il y a plus de gens qui parlent anglais comme seconde langue que ceux qui le parlent comme langue maternelle», souligne Andrew Wickham de Linguaid, formateur et auteur d'une étude sur le marché de la formation professionnelle linguistique (1). «Quand j'ai fondé mon entreprise en 1989, l'anglais ne représentait que 50% de mon chiffre d'affaires.» Aujourd'hui, au moins 90% des budgets formation en langue sont consacrés à l'anglais.

 

Jeux de rôle pour besoins précis


Portée par la colonisation britannique, puis par la puissance économique des États-Unis et aujourd'hui par le développement exponentiel des échanges commerciaux et humains, la langue anglaise a imposé son modèle, tout en s'affranchissant de ses cultures d'origine. «Les profs d'anglais tiquent quand on dit "globish" ou anglais international, or c'est bien de cela dont les gens ont besoin», maintient-il. En effet, les salariés travaillent de plus en plus sur des projets mondiaux, et sont en relation avec des collègues ou des partenaires indiens, brésiliens, chinois, etc. Exit l'anglais diplomatique et complexe, mal compris dans les réunions internationales: «le globish» est un outil de communication pratique et centré sur le métier.

 

Grammaire et maîtrise formelle de la langue sont écartées au profit de la compétence en communication: rédaction des e-mails, appels téléphoniques, participation à des réunions... À partir d'une base générale, les formateurs affirment que 30 heures suffisent à former un débutant, avec des jeux de rôle ou des exercices pratiques.

 

Pour Elisabeth Dworkin, responsable des formations dites transerves d'Air France (langues, management, communication, etc.), l'anglais est une condition sine qua non à l'embauche. Les remises à niveau en interne représentent là aussi entre 80 et 85% des formations. Le reste: l'espagnol, deuxième langue internationale, puis à égalité l'italien, l'allemand, le néérlandais «pour les formules de politesse vis-à-vis des collègues de KLM». Le russe, le chinois et le brésilien sont aussi enseignés au personnel navigant des zones concernées: les passagers aiment qu'on leur serve leur café dans leur langue. Le Campus Air France forme ainsi 9 000 employés par an, ce qui représente 140 000 heures de formation et 12% du budget formation de la compagnie aérienne.

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